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La Russie confirme utiliser des bombes thermobariques: quelles sont ces armes tant redoutées?

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Si l’usage de ce dispositif n’est pas illégal en soi, il est néanmoins interdit de l’utiliser contre des cibles militaires situées à proximité de civils. Et pour cause : la violence de la déflagration en fait une arme dévastatrice bien plus puissante et violente que la plupart des autres armes conventionnelles.

On le redoutait depuis une semaine, mais ce mercredi 9 mars, le ministre de la Défense russe le confirme à travers un tweet de son homologue britannique: dans le cadre du conflit en Ukraine, l’armée russe a bel et bien déployé le système d’arme TOS-1A, un lance-roquettes qui utilise des projectiles thermobariques. Un usage qui irait à l’encontre des Conventions de Genève, et plus précisément de la Convention sur certaines armes classiques (CCAC), si l’on en croit le texte d’origine.

Cet accord, dont la Russie est signataire, interdit/limite en effet « l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination »« . Ce qui est le cas de l’arme thermobarique, une bombe à vide vue comme « le Père de toutes les bombes » en raison de sa puissance (la bombe américain « à effet de souffle massif », abrégée en le sigle MOAB utilise déjà le surnom « Mère de toutes les bombes »). Il s’agirait en effet de l’arme conventionnelle (c’est-à-dire non nucléaire) la plus ravageuse au monde.

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Qu’est-ce qu’une bombe thermobarique?

Ces armes pulvérisent des combustibles et des charges explosives près du sol qui s’enflamment au contact de l’oxygène environnant, provoquant alors une réaction post-détonation violente. Une énorme « boule de feu » se crée en l’espace d’une microseconde, suivie d’une onde de choc cumulée à une dépression. D’où le terme « thermobarique », combinaison des termes grecs « thermos », qui signifie chaleur et « baros », pression.

En d’autres termes, cela va aspirer l’oxygène – y compris celui des poumons des êtres vivants se trouvant à proximité, ce qui les fait suffoquer – et le relâcher, créant ainsi un souffle particulièrement chaud (les températures peuvent atteindre 3000 degrés). Cette bombe serait ainsi beaucoup plus puissante et durerait plus longtemps que les explosifs ordinaires, augmentant encore son impact destructeur.

Pourquoi est-elle tant redoutée?

Si on la redoute tant, c’est surtout à cause de ses effets particulièrement destructeurs. Cette bombe est en effet considérée comme l’arme la plus dangereuse, après la bombe nucléaire. Et pour cause : rien ne semble pouvoir protéger les cibles de telles armes. La puissance du souffle et l’effet incendiaire pénètrent même les bunkers et autres lieux souterrains, privant leurs occupants d’oxygène.

« Les personnes proches du point d’ignition sont atomisées. Celles se trouvant en périphérie sont susceptibles de subir de nombreuses blessures internes, et donc invisibles, notamment des éclatements des tympans, des écrasements des organes de l’oreille interne, de graves commotions cérébrales, des ruptures des poumons et des organes internes, voire la cécité« , indiquait notamment la Defence Intelligence Agency dans un rapport. « Le mécanisme de mise à mort [par explosion] contre des cibles vivantes est unique et douloureux. (…) Ce qui tue, c’est l’onde de pression et, plus important encore, la raréfaction [dépression] qui s’ensuit et qui rompt les poumons. (…) Si le combustible déflagre mais ne détonne pas, les victimes seront gravement brûlées et inhaleront probablement aussi le combustible en combustion« , selon l’étude.

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La spécialité de la Russie?

Cette arme est aujourd’hui considérée comme l’une des spécialités de la Russie. C’est d’ailleurs cet État qui avait fait exploser le 11 septembre 2007 la bombe à vide la plus puissante jamais réalisée, lors d’un test filmé et diffusé à la télévision russe. Utilisant les nanotechnologies et contenant sept tonnes d’explosif, on dit que cette arme avait la puissance de 44 tonnes de TNT.

En un seul tir, la bombe russe peut ainsi souffler une zone dans un rayon de 300 mètres. Raison pour laquelle on interdit son usage dans des zones urbaines. Interdiction qui ne semble pourtant pas arrêter Moscou…

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