Vue depuis un C-130 Hercules de la défense australienne, au-dessus de l'île Kangourou. © PETER PARKS / AFP

La pluie, enfin, sur les incendies en Australie

Le Vif

La pluie, enfin, est tombée jeudi sur certaines des régions australiennes en proie depuis des mois à de dramatiques feu de forêts, et davantage de précipitations sont attendues, ce qui devrait aider les pompiers engagés dans un combat titanesque.

Ces incendies, sans précédent dans leur ampleur et leur durée, ont d’ores et déjà fait 28 morts, alors que les scientifiques évaluent à plus d’un milliard le nombre d’animaux tués.

Aggravée par le réchauffement climatique, cette crise saisonnière des feux de forêts a été nourrie par un temps particulièrement chaud ces derniers mois sur l’immense île-continent, et la quasi absence de précipitations conséquentes. Et l’impatience ne cessait de grandir ces derniers temps au sein de la population.

« De bonnes chutes » de pluie ont eu lieu jeudi matin dans l’Etat de Nouvelle-Galles-du-Sud (sud-est de l’Australie), où sont localisés les brasiers les plus importants, a indiqué le bureau local de météorologie.

« C’est un soulagement pour les pompiers travaillant en Nouvelle-Galles-du-Sud », a déclaré le service rural de lutte contre les incendies de Nouvelle-Galles-du-Sud dans un commentaire posté sur un réseau social avec une vidéo montrant la pluie s’abattant sur une forêt en feu.

« Cette pluie n’éteindra pas tous les feux, mais elle va aider à les contenir. »

Avant les premières gouttes, on dénombrait encore une trentaine de feux échappant à tout contrôle dans cet Etat qui a Sydney pour capitale.

« Cadeaux »

Dans l’Etat voisin du Victoria, la fumée des incendies a considérablement perturbé les qualifications de l’Open d’Australie qui débute la semaine prochaine à Melbourne.

Des orages mercredi soir ont cependant contribué à dissiper ces fumées.

« Les orages ont amélioré la qualité de l’air dans la majeure partie de l’Etat », a annoncé l’Agence pour la protection de l’environnement de l’Etat de Victoria (EPA).

Les services de météo prévoient d’autres précipitations vendredi. Si elles se confirment, il s’agirait de la période de temps pluvieux la plus longue depuis le début de la saison des incendies en septembre.

Ces pluies seront « nos cadeaux de Noël, d’anniversaire, de fiançailles, d’anniversaire, de mariage, de remise de diplômes réunis. On croise les doigts », avait déclaré plus tôt dans la semaine le service rural de lutte contre les incendies de Nouvelle-Galles-du-Sud.

Depuis septembre, plus de 2.000 habitations ont été détruites et une zone de 100.000 kilomètres carrés -plus grande que la superficie de la Corée du Sud ou le Portugal- est partie en fumée.

L’Australie connaît chaque année des incendies. Mais la saison des feux a été cette fois beaucoup plus précoce et intense.

Forêts et zones agricoles étaient déjà particulièrement sèches du fait d’une sécheresse prolongée, ce qui a créé les conditions parfaites pour la propagation des flammes.

L’année 2019 a été en Australie la plus chaude et la plus sèche depuis le début des relevés. La journée du 18 décembre a été la plus chaude jamais constatée, avec une moyenne nationale des températures maximales mesurée à 41,9°C.

Les scientifiques prédisent de longue date qu’en raison du réchauffement climatique, la récurrence de ces événements météorologiques extrêmes ne fera qu’augmenter.

D’après les données dont dispose l’Organisation météorologique mondiale (OMM), 2019 a été la deuxième année la plus chaude dans le monde, après 2016.

« Ce qui se passe n’est pas un incroyable hasard lié à un phénomène météorologique quelconque: nous savons que les tendances à long terme sont déterminées par les niveaux croissants de gaz à effet de serre dans l’atmosphère », a déclaré mercredi Gavin Schmidt du centre spatial Goddard de la Nasa.

Mission secrète pour sauver des arbres préhistoriques

Une mission secrète a permis de sauver de l’un des incendies qui ravagent l’Australie le dernier site naturel au monde de pins de Wollemi, un arbre préhistorique découvert en 1994, ont révélé mercredi des responsables.

Moins de 200 de ces arbres protégés existent encore à l’état naturel, cachés dans une gorge dans les Blue Moutains, une zone située au nord-ouest de Sydney et classée au patrimoine mondial de l’humanité.

La région a été touchée par l’un des incendies géants qui frappent l’Australie depuis plusieurs mois.

« Une mission de protection environnementale sans précédent » a alors été menée pour sauver ces arbres, a déclaré dans un communiqué Matt Kean, ministre de l’Environnement de Nouvelle-Galles-du-Sud, un Etat du sud-est de l’Australie.

Les précieux pins, une espèce vieille de plus de 200 millions d’années, étaient considérés comme une espèce disparue jusqu’à ce que le site soit découvert en 1994 en Nouvelle-Galles-du-Sud dans le parc naturel de Wollemi, d’où leur appellation.

La localisation des pins, parfois surnommés « arbres dinosaures », a été un secret bien gardé pour les protéger de toute contamination qui pourrait être apportée par des visiteurs.

A la fin de 2019, alors que les flammes approchaient la zone protégée, les pompiers australiens ont mis en oeuvre des avions bombardiers d’eau pour larguer du produit retardant en un anneau protecteur autour des pins.

Et des pompiers spécialisés ont été hélitreuillés dans la gorge où se cachent les arbres et y ont installé un système d’irrigation pour leur fournir de l’humidité, ont expliqué des responsables.

Depuis leur découverte en 1994, des pins de Wollemi ont été répartis dans des jardins botaniques à travers le monde pour préserver l’espèce. Mais la gorge qui vient d’être sauvée du feu est le seul site où ces arbres se trouvent encore à l’état naturel.

Et ce site est soigneusement protégé. « Des visites illégales restent une menace pour la survie des pins de Wollemi à l’état sauvage en raison des risques de piétinement des nouvelles pousses et d’introduction de maladies qui pourraient dévaster la population restante », a déclaré Matt Kean.

Depuis octobre, les incendies de forêt australiens ont fait 28 morts, détruit plus de 2.000 habitations et brûlé 10 millions d’hectares, une superficie supérieure à celle de la Corée du Sud ou du Portugal.

Près d’un milliard d’animaux pourraient avoir péri dans ces incendies et de nombreuses espèces sont à présent menacées d’extinction, selon des organisations environnementales.

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