Un accord sur une proposition de résolution relative au conflit à Gaza a été trouvé. Cette résolution aborde notamment un sujet de friction: la reconnaissance de l’Etat de Palestine.
Les groupes politiques de la majorité à la Chambre ont abouti, mardi soir, à un accord sur une proposition de résolution relative au conflit israélo-palestinien et à la situation dans la bande de Gaza. Le texte devrait être pris en considération jeudi par l’assemblée. La résolution vise « la situation humanitaire et sécuritaire à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, ainsi que les perspectives de relance du processus de paix », selon un communiqué commun.
« Face à l’urgence sur le terrain, au blocage de l’aide humanitaire, à la souffrance des populations civiles et aux violations répétées du droit international humanitaire, il est essentiel que la Belgique parle d’une seule voix et contribue activement à une réponse diplomatique crédible », souligne le communiqué signé par des députés de la N-VA, du MR, des Engagés, de Vooruit et du CD&V. « Le texte réaffirme la nécessité de respecter strictement le droit international humanitaire, condamne les violences de toutes les parties, appelle à la libération immédiate des otages encore détenus, et insiste sur un accès immédiat et sans entrave à l’aide humanitaire pour la population gazaouie », précise le communiqué.
Reconnaissance de la Palestine
La résolution évoque également la reconnaissance de la Palestine, sujet de friction ces dernières semaines au sein de la coalition: Vooruit, le CD&V et les Engagés ont estimé que celle-ci ne pouvait plus attendre, alors que la N-VA et, plus encore, le MR se montraient très réticents. « La proposition de résolution soutient une approche équilibrée, en ligne avec l’accord de gouvernement, fondée sur la solution à deux États, la sécurité pour tous et la reconnaissance mutuelle », poursuit le communiqué.
Elle aborde à ce titre la conférence internationale du mois de juin que co-présideront la France et l’Arabie saoudite, et qui doit déboucher sur la reconnaissance réciproque d’Israël par certains États et de la Palestine par d’autres. Le texte « appelle le gouvernement belge à soutenir l’initiative de la conférence internationale portée par la France et l’Arabie Saoudite, en vue d’un chemin vers la paix et d’une reconnaissance coordonnée de l’État de Palestine. »
Cette initiative française est considérée comme le « momentum diplomatique par excellence pour reconnaître l’État de Palestine ». Ceci en concertation avec un nombre significatif d’États partageant les mêmes vues et dès lors que la Palestine sera sous la gouvernance d’une Autorité palestinienne démocratiquement élue et rejetant le terrorisme.
Si le texte évoque la reconnaissance de la Palestine, celle-ci ne devrait toutefois pas avoir lieu à court terme, indiquait une source dans la majorité qui évoque des « conditions ». Un terme toutefois rejeté par une autre source, qui parle d' »efforts qui doivent être menés en parallèle »: libération de tous les otages, démantèlement du Hamas, gouvernement démocratiquement élu de la Palestine et délimitation claire des frontières… Autant d’éléments qui ne seront pas établis dans un avenir proche.
Exécuter les décisions de la Cour pénale internationale
La question d’un génocide qui serait commis par Israël dans la bande de Gaza n’est pas abordée en tant que telle, mais il est question d’un soutien à l’initiative prise par le ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot, d’intervenir par écrit dans la procédure devant la Cour internationale de justice de La Haye. La résolution demande aussi au gouvernement de soutenir la Cour pénale internationale et d’exécuter ses décisions, comme les mandats d’arrêt. Le mandat visant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a suscité des controverses il y a peu, après des déclarations du Premier ministre, Bart De Wever, selon lesquelles la Belgique pourrait ne pas l’appliquer.
En ce qui concerne les sanctions contre Israël, la majorité se tourne vers l’Union européenne. L’Europe est appelée à prendre des sanctions plus sévères contre les colons de Cisjordanie et à « réévaluer de manière critique » la coopération avec Israël sur la base d’un examen formel de l’accord d’association entre l’UE et ce pays. La politique de différenciation des produits issus des colonies est aussi abordée, mais il n’est pas question d’interdiction, contrairement aux premières informations recueillies.
Cet accord clôt des tractations de plusieurs semaines. Il y a 15 jours, faute de consensus, la majorité avait pratiqué la politique de la chaise vide en commission des Relations extérieures et provoqué le report des travaux, faute de quorum. À l’ordre du jour étaient inscrits plusieurs textes de l’opposition relatifs à la reconnaissance de la Palestine, des sanctions contre Israël ou encore un embargo contre ce pays.
Mardi matin, la situation semblait bloquée devant l’intransigeance du MR et de son président. Mais, en milieu d’après-midi, les groupes de l’Arizona se sont réunis une nouvelle fois et ont finalement trouvé un accord.