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La Grèce choquée par le suicide d’un retraité devant le parlement

Il ne voulait pas laisser de dettes à ses enfants. Un homme de 77 ans a mis fin à ses jours sur la place syntagma à Athènes. Ce drame, symbole de la crise, suscite une vive émotion dans le pays.

Des violentes manifestations se sont déroulées dans la nuit de mercredi à jeudi sur la place Syntagma, dans le centre d’Athènes. Une dizaine de personnes ont été interpellées mais aucun blessé n’est à déplorer, indiquent les autorités grecques.

En pleine heure de pointe, mercredi, un homme de 77 ans s’est tiré une balle dans la tête au coeur d’Athènes, sur la place Syntagma, esplanade centrale de la capitale grecque et lieu de ralliement des manifestants anti-austérité depuis deux ans. Le retraité a mis fin a ces jours face au parlement, devenu pour beaucoup de Grecs le symbole de dirigeants politiques aveugles aux souffrances du peuple.

La crise économique, dans laquelle est plongée la Grèce depuis 2009, a conduit les responsables politiques à mener des réformes drastiques pour diminuer la dette du pays et obtenir des aides européennes. En 2012, le pays fait face à sa cinquième année de récession. Les salaires ont chuté, et les retraites ont été tronquées. Quant au taux de chômage, il a bondi et atteint actuellement selon l’institut Eurostat 21% de la population.

Les motivations de l’acte désepéré du septuagénaire restent encore inconnues. La police a ouvert une enquête. Mais, selon les médias grecs, des passants interloqués auraient entendu l’homme crier : « Je ne veux pas laisser de dettes à mes enfants « .

L’événement met en relief un mal qui mine la Grèce depuis le début de la crise : le taux de mort par suicide a explosé. D’après le ministère de la Santé, le nombre de suicides auraient augmenté de 40% entre les cinq premiers mois de 2010 et de 2011.

L’ ONG  » Klimaka » a , depuis 2007, mis en place, en partenariat avec le ministère de la Santé, une ligne téléphonique d’urgence pour personnes dépressives et suicidaires. Au 1018, les coups de fils reçus ont été multipliés par quatre depuis sa création.

Les histoires d’hommes et de femmes au bord du gouffre font couler beaucoup d’encre ces temps-ci dans les journaux grecs. Déjà, en septembre 2011, un quinquagénaire endetté s’était immolé devant une banque à Thessalonique, deuxième ville du pays. Plus récemment, mi-février, une femme avait menacé de se jeter du haut de l’organisme grec du logement social, dans le centre d’Athènes. Employée dans cet établissement, voué à fermer en raison de restrictions budgétaires, elle avait finalement renoncé à mettre fin à ses jours.

La Grèce affichait jusqu’à récemment un taux de suicide beaucoup plus bas que les autres pays européens: en 2009, le taux de mort par suicide était de 3 sur 100 000 habitants, moins du tiers de la moyenne européenne selon l’institut Eurostat.

Marina Rafenberg, L’Express et Belga

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