Les paratisans de Bernie Sanders manifestent à Philadelphie © REUTERS

La Convention Démocrate commence dans une crise

Rudi Rotthier
Rudi Rotthier Journaliste Knack.be

A la veille de la Convention Démocrate à Philadelphie, la présidente du parti Démocrate, Debbie Wasserman-Schultz, a annoncé sa démission. Elle est considérée comme responsable du fait que le parti a soutenu la candidature d’Hillary Clinton et n’a pas organisé les pré-élections de manière impartiale.

Avant le démarrage de la Convention Républicaine à Cleveland, la semaine dernière, on prévoyait des manifestations massives contre Trump et on craignait que la Convention se termine dans le chaos. Les manifestations de masse ont été évitées et le chaos est resté limité à un discours de Ted Cruz , le rival de Trump et au plagiat de Melania Trump.

Les attentes, a priori, étaient que les Républicains s’en sortiraient de manière plus troublée que les Démocrates.

Dimanche, il est apparu qu’il en serait autrement.

Dans un drame shakespearien, une pression s’est exercée pendant plusieurs heures sur la présidente du parti Debbie Wasserman Schultz pour qu’elle démissionne. Tant l’ancien candidat à la présidence Bernie Sanders, qui exige son départ depuis bien longtemps, que le camp d’Hillary Clinton et du président Obama, ont trouvé qu’il valait mieux qu’elle quitte son poste après qu’il soit ressorti, suite à la divulgation d’e-mails, que le parti a soutenu la candidature d’Hillary Clinton et n’a pas organisé les pré-élections de manière impartiale.

‘Juif athée?’

Selon ces mails divulgués, des collaborateurs à la direction du parti ont essayé de trouver le moyen de lancer des rumeurs comme quoi la campagne de Sanders était en crise et dans le chaos. Ils ont envisagé d’attirer l’attention, ouvertement ou insidieusement, sur l’athéisme supposé de Sanders, ce qui lui aurait coûté des voix dans les Etats du sud.

WikiLeaks a publié une partie des échanges d’e-mails de la direction du parti.

Debbie Wasserman Schultz, présidente démissionnaire du parti Démocrate
Debbie Wasserman Schultz, présidente démissionnaire du parti Démocrate© REUTERS

Il a d’abord été suggéré que Debbie Wasserman Schultz, qui en tant que présidente est politiquement responsable du comportement de ses proches collaborateurs, allait se faire remplacer pendant la Convention, et qu’elle annulerait son discours planifié. Plus tard, elle a elle-même communiqué qu’elle présidera bien la Convention, qu’elle fera un discours lors de l’ouverture lundi, mais qu’après la Convention, elle donnera sa démission.

‘D’autres révélations réclameront encore des excuses’

Le rôle de la présidente est important, aux yeux des partisans de Sanders, qui lui reprochent notamment d’avoir essayé de museler Sanders en programmant les débats télévisés le plus mal possible, à des moments avec le minimum de spectateurs possibles. Le premier débat s’était tenu un samedi soir, en même temps qu’un tournoi de football américain très suivi sur une autre chaîne.

L’animosité va si loin que le camp Sanders va essayer d’empêcher la réélection de Wasserman Schultz à la Chambre des Représentants – il y a une pré-élection en août et Sanders soutient l’adversaire de celle-ci.

La présidente sera temporairement remplacée par Donna Brazile, l’ancienne directrice de campagne d’Al Gore, et qui, bien qu’elle ait soutenu Clinton, n’était pas contre Sanders, qui l’a considérée comme équitable. Elle a déjà dit que les mails qui seront encore révélés pourraient donner un motif à plus d’excuses.

Avec les remerciements d’Hillary

Les partisans de Sanders n’ont pas été plus indulgents après qu’Hillary Clinton ait diffusé une communication dans laquelle elle faisait l’éloge de la présidente démissionnaire, et annonçait qu’elle emploiera Wasserman Schultz pour des meetings et des shows télévisés (Wasserman Schultz agira en tant que porte-parole de Clinton). Cela ressemble à un échange de bons procédés, disait un porte-parole de Sanders : Wasserman Schultz a aidé Hillary, et maintenant Hillary aide la présidente discréditée.

Une collaboratrice importante d’Hillary Clinton a essayé de relier la fuite des e-mails à Donald Trump. Les Russes ont hacké les mails des Démocrates, a prétendu Robby Mook, le directeur de campagne d’Hillary Clinton sur CNN, et ils utilisent le matériel divulgué pour clairement soutenir Donald Trump. Il n’a pas été clair concernant les preuves de cette affirmation.

Ville en ébullition

A la veille de la Convention, Philadelphie est confrontée a une vague de chaleur, mais également à une vague Sanders. Dimanche, le centre-ville était envahi par des milliers de supporters de Bernie Sanders, qui se préparaient à de nombreuses manifestations. La première manifestation s’est déjà déroulée dimanche et a attiré quelques milliers de personnes – beaucoup plus que la plus importante manifestation anti-Trump à Cleveland.

Le but est, selon les manifestants, de montrer à Sanders que son mouvement n’est pas mort, de faire clairement savoir aux délégations de Sanders qu’elles doivent se faire entendre pendant la Convention, et de faire passer le message à Hillary Clinton qu’elle ne doit pas faire la classique poussée vers la droite. La désignation de son candidat à la vice présidence Tim Kaine indique, selon certains partisans de Sanders, que cette poussée vers la droite est en cours: les pré-élections se règlent sur le flanc gauche, les élections présidentielles se règlent au centre. Les partisans de Sanders ont un problème avec ce mouvement vers le centre.

Ils planifient encore plusieurs manifestations, notamment ce lundi. Selon The New York Times, 35.000 à 50.000 supporters de Sanders sont attendus au cours de la Convention. Une partie de ces personnes sont membres du parti, une autre partie se disent, comme Sanders lui-même jusqu’il y a peu, indépendantes, une troisième partie est hostile au parti. Dimanche, les exigences classiques de Sanders ont été réaffirmées: un salaire minimum de 15 dollars, un enseignement supérieur gratuit, des meilleurs soins de santé, etc.

Michael Bloomberg soutient Clinton

Il y a aussi eu une bonne nouvelle pour la presque nominée. Michael Bloomberg, l’ancien maire républicain de New York et un homme encore plus riche que Trump, soutient Hillary et parlera à la Convention. Il a brièvement envisagé sa propre campagne présidentielle, et il a surtout été consterné par la candidature de Donald Trump (et dans une moindre mesure par celle de Bernie Sanders). Bloomberg est un Républicain progressiste et il est notamment un défenseur de réglementations plus strictes à propos des armes.

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