© REUTERS/Tokyo Electric Power Co./Handout

Japon : que se passe-t-il à Fukushima ?

Les fuites radioactives restent le lot quotidien de l’opérateur de la centrale de Fukushima. Endommagée le 11 mars dernier, cette dernière pose toujours problème.

Si l’accident de cette centrale nucléaire japonaise, le 11 mars dernier, ne fait plus autant de bruit qu’il y a deux mois, il préoccupe toujours le Japon. La preuve en est que les autorités ne pensent pas reprendre le contrôle des réacteurs nucléaires avant janvier prochain. Pour arriver à cet objectif, l’opérateur de la centrale, Tepco, doit surmonter plusieurs obstacles immédiats.

L’urgence : pomper l’eau contaminée

Ce mercredi, à l’occasion de l’annonce d’un nouveau plan de contrôle, Tepco a rappelé l’urgence de pomper l’eau injectée dans les réacteurs pour les refroidir. Celle-ci est contaminée et a filtré dans les fissures provoquées par le séisme. Le 12 mai, l’opérateur a révélé une nouvelle fuite au niveau de la cuve du réacteur 1. Le niveau d’eau a chuté au-dessous de la base des barres de combustible. Toutefois, la température de la cuve semble indiquer que le combustible est encore recouvert d’eau, selon Tepco.

La visite d’ouvriers dans le réacteur 1, le 5 mai dernier a par ailleurs révélé que le combustible avait fondu, causant des fissures dans la cuve, même si l’opérateur a spécifié que les niveaux de radioactivité sont restés « stables et faibles ». L’information n’a été révélée que ce mercredi, alors qu’elle serait intervenue quelques heures après le tremblement de terre. Le même jour, c’est le réacteur 3 qui a été touché par une nouvelle fuite radioactive. Des ouvriers ont également pénétré ce mercredi dans le bâtiment du réacteur n°2.

Les stratégies de Tepco sont-elles payantes?

Déverser, pomper, puis rejeter l’eau contaminée est devenu obsolète en raison des nombreuses fuites non colmatées. De la même façon, le nouveau plan de Tepco, qui prévoit désormais de refroidir les réacteurs 1, 2, et 3, en y faisant circuler une eau récupérée, décontaminée puis réinjectée, ne pourrait pas endiguer ces fuites. Par ailleurs, « il faudrait un à deux mois, au mieux, pour installer ce système, puis plusieurs mois de fonctionnement pour évacuer toute la chaleur résiduelle, produite par la désintégration radioactive de produits de fission », note Sylvestre Huet, du journal Libération.

A terme, selon l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN), l’objectif de l’exploitant serait de mettre en place un refroidissement en circuit fermé – celui en place actuellement étant ouvert. Face à l’impuissance des autorités japonaises et de Tepco, le blog Economique et Social du site Marianne2.fr penche donc pour la solution du sarcophage, comme à Tchernobyl.

La radioactivité dans l’océan reste préoccupante…

Les fuites d’eau radioactives ont entrainé une pollution de l’océan, au large de la centrale. Des échantillons d’eau de mer prélevés le 29 avril par Tepco ont révélé des niveaux de radioactivité préoccupants, de 100 à 1 000 fois plus élevés que la normale (iode et césium radioactifs), note Sciences et Avenir. Le césium radioactif pourrait rester au fond des océans pendant des décennies, voire des siècles, selon Ike Teuling, experte en radiation chez Greenpeace, interrogée par la revue scientifique.

Ces mesures en mer concernent une étendue de 30 km autour de la centrale. Pourtant, affirme Ike Teuling, « on bloque nos recherches. C’est […] étrange que [Tepco] dévoile des données sur des prélèvements réalisés dans la zone des 20 kilomètres alors qu’on demande à y accéder depuis plusieurs jours ». Ces mesures pourraient aussi être dues à l’évacuation dans l’océan – autorisée par le gouvernement- de 11 500 tonnes d’eau accumulées dans les réacteurs 5 et 6, même si Tepco certifie que cette eau est faiblement radioactive.

Au-delà des 30 km, selon le ministère des Sciences japonais et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), de nouvelles mesures montrent « une baisse générale des niveaux de concentration en particules radioactives ».

Pour éclairer un peu plus la situation, Greenpeace devrait rendre public des résultats lundi prochain, et l’AIEA compte envoyer au Japon une mission d’enquête.

…et Tepco doit encore éviter un nouveau risque d’explosion

Si les secours ont souligné ce mercredi que le risque d’une nouvelle explosion a diminué, Tepco pompe toujours l’hydrogène présent dans l’enceinte du réacteur 1 et y injecte de l’azote. Cette même opération, répétée sur les réacteurs 2 et 3, pourrait néanmoins « générer de nouveaux rejets atmosphériques », estime l’Institut français de radioprotection nucléaire (IRSN), interrogé par le journal France Soir. L’Institut note que des panaches de vapeur de faible ampleur « se poursuivent vraisemblablement ».

Début avril, Tepco avait annoncé que cette opération ne devait durer que dix jours. Les experts présents dans la centrale craignaient que la quantité d’hydrogène continue d’augmenter jusqu’à provoquer une explosion par contact avec l’oxygène dans l’air.

Par Pauline Tissot, L’Express.fr

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