
Israël annonce imposer un « siège complet » à la bande de Gaza
Le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant a annoncé l’imposition d’un « siège complet » à la bande de Gaza, au troisième jour de l’offensive déclenchée contre Israël à partir de ce territoire palestinien par le mouvement islamiste Hamas.
Israël et la bande de Gaza sont en guerre après le déclenchement d’une offensive militaire surprise et spectaculaire du Hamas, qui a tiré des milliers de roquettes, infiltré des combattants en territoire israélien et capturé des Israéliens. Il s’agit de l’escalade la plus meurtrière dans le conflit israélo-palestinien depuis des décennies.
L’armée israélienne a annoncé avoir frappé « plus de 500 cibles » dans la nuit sur la bande de Gaza pour tenter de reprendre le contrôle face aux combattants du Hamas, au troisième jour d’affrontements qui ont fait plus de 1.100 morts dans les deux camps. L’armée israélienne a désormais le « contrôle total » des localités du sud d’Israël attaquées depuis le déclenchement de l’offensive du Hamas palestinien à partir de Gaza, a déclaré un porte-parole militaire, au troisième jour des combats. « Nous avons le contrôle total des communautés », a déclaré le général Daniel Hagari, porte-parole de l’armée, lors d’un point de presse télévisé, ajoutant néanmoins: « il pourrait y avoir encore des terroristes dans la zone ».
« Nous imposons un siège complet à Gaza », a déclaré M. Gallant dans une vidéo communiquée par ses services. « Pas d’électricité, pas d’eau, pas de gaz », a-t-il ajouté. Quelque 2,3 millions de Palestiniens vivent dans la bande de Gaza, un territoire densément peuplé et éprouvé par la pauvreté, sous blocus israélien depuis 2007.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a mis en garde contre une guerre « longue et difficile ». « L’ennemi est encore sur le terrain » en Israël, « nous renforçons nos forces surtout près de Gaza et nettoyons la zone », a déclaré dimanche soir le porte-parole de l’armée israélienne, promettant de traquer « les terroristes partout où ils seront ».
Jusqu’à 250 personnes massacrées dans une rave party
Jusqu’à 250 personnes ont été massacrées en Israël dans une rave party près de la frontière avec Gaza, au premier jour de l’offensive lancée par le Hamas à partir de ce territoire palestinien, selon un bénévole ayant participé à la collecte des corps.
« Dans la zone où a eu lieu la rave party, et (pour) la rave party elle-même, mon estimation, fondée sur le nombre de camions, chaque camion transportant 50 corps, et il y avait quatre ou cinq camions, je dirais environ 200-250 corps », a déclaré à l’AFP Moti Bukjin, porte-parole de Zaka, organisation spécialisée dans les premiers secours et la collecte et l’identification des corps conformément à la loi juive.
Une aide de l’Iran?
Selon de hauts responsables du Hamas et du Hezbollah, tous deux soutenus par l’Iran, des responsables iraniens de la sécurité ont aidé à planifier l’attaque surprise du Hamas contre Israël. Ils ont également donné leur feu vert à l’attaque lors d’une réunion à Beyrouth, rapporte le Wall Street Journal.
Selon des membres du Hamas et du Hezbollah, des officiers du corps des gardiens de la révolution iranienne travaillent avec le Hamas depuis le mois d’août pour préparer les offensives sur terre, en mer et dans l’espace aérien israélien. Les détails de l’opération auraient ainsi été mis au point lors d’une série de réunions dans la capitale libanaise, Beyrouth, selon ces mêmes sources. Dans une interview accordée à CNN, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré que les États-Unis « n’ont pas encore la preuve que l’Iran a mené ou est à l’origine de cette attaque en particulier, mais il existe certainement une relation de longue date« .
L’Iran a de son côté nié toute implication. « Les accusations liées au rôle de l’Iran » dans l’offensive du Hamas contre Israël « sont fondées sur des motifs politiques », a déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne, affirmant que Téhéran n’intervenait pas « dans les prises de décisions d’autres nations, y compris la Palestine ». « La résistance de la nation palestinienne a la capacité, la force et la volonté nécessaires pour se défendre, défendre sa nation et tenter de récupérer ses droits perdus », a affirmé Nasser Kanani au cours d’une conférence de presse à Téhéran.
Conseil de sécurité de l’ONU: plusieurs pays condamnent le Hamas
Plusieurs membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont condamné l’offensive surprise du mouvement islamiste palestinien Hamas sur Israël, même si les Etats-Unis ont regretté l’absence d’unanimité lors de cette réunion d’urgence à huis clos. Juste avant la session, les Etats-Unis avaient appelé tous les membres du Conseil à condamner fermement « les actes terroristes odieux » du Hamas « contre le peuple israélien et son gouvernement ». « Une bonne partie des pays ont condamné les attaques du Hamas. Mais évidemment, pas tous », a regretté l’ambassadeur américain adjoint Robert Woods devant la presse à l’issue de la réunion. « Vous pouvez certainement identifier l’un d’entre eux sans que je dise quoi que ce soit », a-t-il ajouté, dans une allusion claire à la Russie dont les relations avec l’Occident se sont largement détériorées depuis l’invasion russe de l’Ukraine.
Selon des diplomates, aucun Etat n’a mis sur la table de proposition de déclaration commune, alors que le Conseil est régulièrement divisé sur le dossier israélo-palestinien et que certains membres espèrent un texte allant au-delà d’une condamnation du Hamas uniquement. « Mon message a été en faveur de la fin immédiate des combats, d’un cessez-le-feu et de négociations significatives », a déclaré l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia, évoquant une situation étant le résultat en partie de « problèmes non résolus ». Son homologue chinois Zhang Jun a lui condamné « toutes les attaques contre les civils », tout en insistant sur la nécessité d’un retour à un processus de paix pour parvenir à une solution à deux Etats. « Il est anormal que le Conseil de sécurité ne dise rien », a-t-il lancé en sortant de la réunion.
Israël a officiellement déclaré la guerre au Hamas après l’offensive inédite lancée la veille par le mouvement islamiste palestinien à partir de la bande de Gaza, dont le bilan s’élève à plus d’un millier de morts au total. Israël a « une seule et unique demande » pour le Conseil de sécurité de l’ONU, avait dit avant la réunion l’ambassadeur israélien Gilad Erdan: « les crimes de guerre du Hamas doivent être condamnés sans équivoque, ces atrocités inimaginables doivent être condamnées ». « Israël doit recevoir un soutien inébranlable pour se défendre », a-t-il poursuivi. « De façon regrettable, pour certains médias et responsables politiques, l’Histoire ne commence que quand des Israéliens sont tués », avait répondu l’ambassadeur palestinien Riyad Mansour, qui représente l’Autorité palestinienne et non le Hamas. « Nous n’accepterons jamais une rhétorique qui dénigre notre humanité et renie nos droits, une rhétorique qui ignore l’occupation de notre terre et l’oppression de notre peuple », a-t-il affirmé, la voix serrée. « Le moment n’est pas venu de laisser Israël persister dans ses terribles choix. Le temps est venu de dire à Israël de changer de trajectoire, et qu’il y a un chemin vers la paix dans lequel ni les Palestiniens ni les Israéliens ne sont tués ».
Pour la Belgique, la priorité est « l’arrêt des violences et la protection des civils »
La ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib se rend à la réunion ministérielle entre l’Union européenne et le Conseil de coopération des États arabes du Golfe à Oman (Muscat). Les tensions actuelles au Moyen-Orient seront au cœur des débats. Pour la Belgique, la priorité immédiate est « l’arrêt des violences, la protection des populations civiles et le respect du droit international »
« Les attaques lancées par le Hamas suivent des mois de tensions et de recrudescence de la violence, en particulier en Cisjordanie. Elles sont inacceptables, et mettent en péril la sécurité de la région, des populations israéliennes et palestiniennes et de nos ressortissants sur place. La Belgique les condamne sans équivoque. Israël est en droit de se défendre, de protéger les civils, dans le respect du droit international. Tout doit être fait pour mettre fin à la violence le plus vite possible afin que le dialogue puisse reprendre », a déclaré la ministre.
« La Belgique abordera lors du Conseil qui rassemblera les 27 et les pays du Golfe, la situation en Israël et à Gaza ainsi que dans les territoires palestiniens. La Belgique appelle à un arrêt d’urgence des violentes attaques envers des civils commises par le Hamas. Avec nos partenaires du Golfe, nous analyserons les différentes pistes pour un retour au dialogue et à la relance du processus de paix. Les pays de la région ont un rôle important à jouer dans ce processus. C’est la raison de ma présence à Muscat. Nous devons à tout prix éviter une escalade régionale et œuvrer à la paix, ensemble » , poursuit-t-elle.