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Grande-Bretagne : une affiche de prévention sur le viol fait polémique

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

La police du comté de Sussex a cru bien faire en lançant une campagne de prévention contre le viol. Elle a pourtant été très mal accueillie par le grand public et les féministes. L’affiche est considérée comme sexiste et culpabilisante pour les victimes.

« Lequel de tes amis est le plus vulnérable lors d’une nuit de sortie ? », demande l’affiche montrant deux jolies jeunes filles en train de faire un selfie. « Celle que tu laisses derrière toi », affirme la police du Sussex, ajoutant que de nombreuses agressions sexuelles pourraient être évitées.

Les militants féministes ont affirmé que cette campagne renforçait le message selon lequel ce sont les victimes qui sont à blâmer en cas d’agression sexuelle et non les agresseurs. La twittosphère s’est également élevée contre cette affiche et a appelé les personnes qui les voyaient à les arracher, rapporte la BBC.

Selon la militante pour les droits des femmes, Celia Wilson, les campagnes devraient plutôt se focaliser sur le comportement des agresseurs. « Nous vivons encore dans un monde où les femmes s’entendent dire qu’elles ne peuvent pas rentrer seules à la maison, mais que les hommes en ont tout à fait le droit », a-t-elle commenté à la BBC.

Katie Russell, la porte-parole de « Rape Crisis » (victime de viol) a déclaré à The Independant que s’il est judicieux pour les jeunes de rester ensemble lors de sorties nocturnes et de ne laisser personne derrière soi, « il n’est pas déraisonnable que la police donne ce conseil ». Toutefois, selon elle, « ceux qui ont le réel pouvoir de prévenir les agressions sexuelles en grand nombre ne sont pas les amis ou les passants, mais ceux qui ont la responsabilité de ces terribles crimes, c’est-à-dire les auteurs », a-t-elle explicité.

Dans une Carte Blanche, la féministe Glosswitch se demande quant à elle « pourquoi ce sont toujours les victimes qui doivent changer leur comportement et non les violeurs ». De plus, selon les statistiques nationales britanniques de 2011/12 qu’elle rapporte, ce sont les hommes qui ont le plus à craindre d’être agressés en rue plutôt que les femmes. En effet, les femmes seraient plus menacées au sein de leur propre foyer. Ironiquement, elle suggère donc « aux hommes de rester chez eux et aux femmes d’aller s’éclater ».

De son côté, la police du Sussex a présenté ses excuses et affirmé que la campagne visait à encourager les amis à rester ensemble et ne cherchait pas à blâmer les victimes. La campagne a cependant été écourtée.

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