Les îles Fidji © iStock

Fidji et les pays les plus vulnérables au coeur de la COP23 à Bonn

Près de 200 pays se retrouveront à Bonn (Allemagne) à partir de ce lundi, et jusqu’au 17 novembre, pour la 23e conférence des Nations unies sur le Climat qui se tiendra sous présidence des Iles Fidji, une première pour un Etat insulaire.

Près de 200 pays se retrouveront à Bonn (Allemagne) à partir de ce lundi, et jusqu’au 17 novembre, pour la 23e conférence des Nations unies sur le Climat qui se tiendra sous présidence des Iles Fidji, une première pour un Etat insulaire. Cette COP23, qui doit poursuivre le travail de mise en oeuvre de l’accord de Paris, s’inscrit dans un contexte de retrait des Etats-Unis mais aussi d’urgence climatique, illustrée par un nouveau record de concentration de CO2 dans l’atmosphère.

Après la France en 2015 (COP21) et le Maroc l’an dernier (COP22), c’est au tour des Fidji d’occuper la présidence de la grand-messe climatique mondiale. Pour des raisons pratiques, toutefois, la COP23 se déroulera non pas dans le Pacifique sud mais à Bonn, siège du secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC). Une « pré-COP » a néanmoins eu lieu à Fidji mi-octobre. Ce sera la première fois qu’une telle conférence climatique est présidée par un petit Etat insulaire. On s’attend dès lors à ce que cette conférence climatique jette un coup de projecteur, peut-être plus encore que les précédentes, sur les situations dramatiques vécues dans les pays du sud, à l’avant-scène des dérèglements climatiques. Les Iles Fidji elles-mêmes ont été frappées de plein fouet en 2016 par le cyclone Winston, qui a fait des dizaines de mort, entraîné le déplacement de plus de 55.000 personnes et provoqué des pertes et dégâts estimés à un cinquième du PIB de ce petit Etat du Pacifique sud. « Il s’agit d’une COP importante pour la justice climatique, car les préoccupations des plus vulnérables ne pourront pas être laissées de côté », estime Véronique Rigot, chargée de plaidoyer « Environnement et Développement » au CNCD-11.11.11. « La présidence fidjienne est une opportunité pour les populations les plus vulnérables de s’imposer dans l’agenda des négociations.

La COP de Marrakech avait permis aux pays africains de le faire », confirme de son côté le député écolo Jean-Marc Nollet, fin observateur des négociations climatiques. Les Fidji ont déjà avancé leurs priorités, parmi lesquelles le financement de l’adaptation aux changements climatiques et une politique ambitieuse, avec l’objectif, soutenu par la Belgique, mais que d’aucuns jugent déjà devenu irréaliste, d’une limitation du réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle. Les négociations de la COP23 devront également avancer dans le règlement de l’accord de Paris, qui doit assurer sa mise en oeuvre et que les Etats ont convenu, à Marrakech, de mener à bien pour décembre 2018 au plus tard. La présidence fidjienne poursuivra aussi les discussions sur le « dialogue facilitateur », prévu en 2018 et qui permettra de confronter les engagements pris par les Etats à l’objectif principal de l’accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement mondial nettement en dessous de 2°C et si possible à 1,5°C. On sait déjà que ces engagements sont largement insuffisants et ne représentent, pour l’heure, qu’un tiers des réductions d’émissions nécessaires. Un écart « catastrophique », selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (Pnue).

En tant qu’Etat insulaire, les Fidji entendent en outre mettre un coup de projecteur sur les océans, souvent grands oubliés des négociations sur le climat. Pour réussir sa présidence, Fidji compte faire souffler sur les négociations « l’esprit Bula » d’inclusivité, de convivialité et de solidarité, a annoncé son Premier ministre, Frank Bainimarama. Et ce, grâce au concept de « talanoa », défini comme un processus de dialogue inclusif, participatif et transparent permettant de construire de l’empathie et conduisant à des prises de décision en faveur du bien commun. La COP23 va se dérouler dans un contexte d’urgence climatique toujours plus aiguë. La saison des ouragans a été particulièrement dévastatrice cet été dans les Caraïbes et les inondations de mousson, en Asie du sud-est, ont fait plus de 2.000 victimes et des millions de déplacées. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), la concentration de CO2 dans l’atmosphère a atteint un record en 2016. Il faut remonter à entre trois et cinq millions d’années pour retrouver une telle concentration de CO2 dans l’atmosphère terrestre, selon l’OMM. Or, à cette époque, la température était de 2 à 3°C plus élevée et le niveau des mers supérieur de 10 à 20 mètres par rapport aux niveaux actuels, estime-t-on. Enfin, la COP23 intervient quelques mois après l’annonce, par Donald Trump, de sa volonté de faire sortir les Etats-Unis du « mauvais Accord de Paris ». Une sortie effective du deuxième plus gros pollueur mondial ne pourrait toutefois pas intervenir avant quatre ans. L’Accord de Paris, entré en vigueur le 4 novembre 2016, stipule en effet qu’une partie ne peut notifier son retrait qu’à partir d’un délai de trois ans après son entrée en vigueur. Et une fois la dénonciation notifiée, un délai d’un an est encore nécessaire pour que le retrait soit effectif, ce qui repousse un éventuel retrait des Etats-Unis au plus tôt le 4 novembre 2020… soit au lendemain de la prochaine élection présidentielle américaine. Quoi qu’il en soit, l’attitude des négociateurs américains à Bonn sera scrutée de près. (

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