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Merkel: « le projet de paix européen de nouveau remis en question »

Le Vif

La chancelière allemande Angela Merkel a estimé dimanche que le « projet européen de paix » né après 1945 était menacé par la montée du nationalisme et du populisme, dont s’est inquiété à la même tribune le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

« Nous voyons bien que la coopération internationale, un équilibre pacifique entre les intérêts des uns et des autres, et même le projet européen de paix sont de nouveau remis en question », a déclaré Mme Merkel à l’ouverture du premier Forum sur la Paix, organisé après la commémoration du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale en présence de plus de 70 chefs d’Etat et de gouvernement.

« La paix que nous avons aujourd’hui, qui nous paraît parfois par trop évidente, cette paix est loin d’être une évidence et il faut que nous nous battions pour elle », a-t-elle souligné, mettant en garde contre « un nationalisme à oeillères » et s’inquiétant « qu’on recommence à agir comme si l’on pouvait purement et simplement ignorer nos relations et nos engagements réciproques ».

« Est-ce que c’est une raison pour dire: sans les Nations Unies on ferait mieux? », a interrogé Mme Merkel, évoquant les critiques à l’encontre de l’organisation internationale. « Je le dis clairement: non! On peut vite détruire des institutions, mais il est incroyablement difficile de les reconstruire », a-t-elle affirmé, sous les applaudissements.

« Dans la plupart des cas on ne peut pas résoudre sur le niveau national ce que nous pose un défi ou ce que nous met en danger, mais seulement ensemble. Et pour cela il faut revendiquer cette convergence », a poursuivi Mme Merkel.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a de son côté mis en garde contre un « engrenage » géopolitique semblable à celui qui mena à la Première Guerre mondiale et à celui des années 1930.

« Bien des éléments aujourd’hui me semblent emprunter et au début du XXe siècle, et aux années 30, laissant craindre un engrenage invisible », a-t-il déclaré.

Antonio Guterres a cité la crise financière de 2008 dont « la facture a été réglée dans les votes de l’année 2016 des deux côtés de l’Atlantique », dans une allusion notamment à l’élection de Donald Trump et à la montée du nationalisme en Europe.

Il a déploré une « polarisation de la vie politique et de la société elle-même, qui érode dangereusement les droits et libertés fondamentales, les principes démocratiques et l’Etat de droit ».

« Les systèmes politiques et les Constitutions sont mis à l’épreuve des préjugés identitaires, du terrorisme, et de la corruption de l’information », a-t-il relevé.

« L’affaiblissement de l’esprit de compromis propre aux démocraties, et l’indifférence à l’égard des règles collectives sont les poisons du multilatéralisme », a-t-il également souligné.

Antonio Guterres a insisté sur la nécessité pour les pays de faire face ensemble aux défis climatique – « l’horloge tourne » a-t-il insisté -, des migrations – « un phénomène durable » – et technologique.

« La combinaison de ces trois défis survient à un moment de grande anxiété et de désordre géopolitique, qui accroît les risques de confrontation », a-t-il martelé.

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