Le président français Macron va s'exprimer à 20h sur la guerre en Ukraine © belga

McKinsey: quelle est cette affaire qui met à mal Macron?

Stagiaire Le Vif

à J-10 du premier tour de l’élection présidentielle française, le Sénat a dévoilé un rapport sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques, qui a mis en lumière l’intervention accrue de l’américain McKinsey pendant la crise sanitaire, qui ne payerait, en plus, pas ses impôts. Une affaire qui pose question sur la gestion de l’argent public par le Gouvernement, et qui ternit la candidature d’Emmanuel Macron.

C’est un scandale qui fait trembler l’élection présidentielle. En janvier 2022, le Sénat a lancé une commission d’enquête sur le rôle des cabinets de conseil privés dans la sphère politique. Le principe d’un cabinet de conseil est de vendre des conseils à un Etat ou une entreprise. Initialement, la commission avait pour but de comprendre leurs rôles dans la crise sanitaire, en particulier l’intervention du cabinet privé américain McKinsey dans la campagne vaccinale. Le recours aux cabinets de conseil pose question, étant donné que des administrations existent pour accompagner les ministères.

Le rapport final, publié en mars 2022, est sans appel: leur influence durant la crise sanitaire n’était « que la partie émergée de l’iceberg ». Le sénat parle d’un phénomène tentaculaire. Les cabinets privés interviennent dans de nombreux domaines, c’est devenu un réflexe, comme le précise le rapport. Les dépenses pour ces conseillers sont estimées à plus d’un milliard en 2021, ce qui représente plus du double de ce qui avait été dépensé en 2018.

Pourquoi le cabinet McKinsey est-il particulièrement visé?

Le cabinet de conseil privé américain McKinsey a eu un rôle particulièrement important dans la campagne vaccinale et a été payé plus de 12 millions d’euros. Mais, en plus de se voir attribuer beaucoup de missions par le gouvernement pour une rémunération conséquente, le cabinet ne payerait plus ses impôts depuis 10 ans. Son chiffre d’affaires atteint pourtant 329 millions d’euros en 2020 en France. Cerise sur le gâteau, Karim Tadjeddine, directeur associé du cabinet McKinsey, déclarait en janvier 2022 sous serment, devant la commission d’enquête: « Je le dis très nettement : nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts ». Le Sénat poursuit maintenant le directeur pour faux témoignage. Pour la commission d’enquête, il s’agit là d’un « exemple caricatural de l’optimisation fiscale ».

Un coup dur pour Macron, une aubaine pour les autres candidats

Le président-candidat tente tant bien que mal d’éteindre le feu, mais sur les réseaux sociaux, le hashtag #McKinseyMacronGate prend déjà de l’ampleur. L’affaire pose plusieurs questions: pourquoi les cabinets de conseil privés ont-ils pris autant de place sous son quinquennat? Pourquoi avoir dépensé autant d’argent? D’autant plus que l’étiquette de « président des riches » colle déjà à la peau de Macron. « On a l’impression qu’il y a des combines, mais c’est faux. Que quiconque a la preuve qu’il y a manipulation mette le contrat en cause au pénal », a-t-il défendu le 27 mars sur France 3. Mercredi soir, les ministres de la Fonction Publique et des Comptes publics ont donné une conférence de presse afin d’apaiser les tensions. Les deux ministres ont assumé le recours aux cabinets de conseil privés mais ont assurés que le rapport faisait état de fausses allégations. Ils ont également dénoncé la récupération politique de l’affaire. Le scandale fait en effet l’aubaine des candidats à l’élection présidentielle. Yannick Jadot a déjà fait la promesse de ne plus recourir à ces cabinets, tandis que Eric Zemmour exprime son inquiétude quant aux informations confidentielles du gouvernement données aux américains.

Sarah Duchêne

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