Les « gilets jaunes » dans la rue pour leur 20ème samedi

Le Vif

Les « gilets jaunes », indifférents au débat national qui joue les prolongations, rempilent samedi pour leur vingtième journée de mobilisation en dépit des interdictions de manifester face à la crainte de nouveaux heurts.

Les « gilets jaunes », indifférents au débat national qui joue les prolongations, retournent dans la rue samedi pour leur vingtième journée de mobilisation en dépit des interdictions de manifester face à la crainte de nouveaux heurts.

D’un côté l’occupation de la rue, de l’autre la rencontre des élus: les « gilets jaunes » et Emmanuel Macron observent un strict respect de leurs agendas respectifs, sans qu’un dialogue ne semble pouvoir s’établir depuis le lancement du grand débat en janvier pour résoudre cette crise sociale inédite.

La Fédération bancaire française a appelé samedi à ce que cessent les violences qui ont visé des centaines d’agences depuis le début du mouvement.

Échaudée par les saccages sur les Champs-Elysées lors de l’acte 18, la préfecture de police de Paris (PP) a de nouveau interdit samedi les manifestations sur la célèbre avenue, ainsi que dans un périmètre incluant l’Elysée et l’Assemblée nationale.

Deux manifestations et quatre rassemblements ont été déclarés, a indiqué la PP dans un communiqué, sans préciser les lieux. Elle craint néanmoins « des déambulations erratiques » ou des « cortèges sauvages » lors de leurs dispersions.

A la mi-journée, environ 300 manifestants étaient rassemblés devant la gare de l’Est à Paris. « On vient pour les mêmes raisons que le 17 novembre (le premier jour de mobilisation, NDLR). On n’a rien eu », a dit à l’AFP Nadine, 51 ans, qui travaille dans les services à la personne à Drancy (Seine-Saint-Denis).

« C’est toujours le même objectif: la justice sociale, et le RIC (référendum d’initiative citoyenne), surtout quand il y a des choix économiques à faire », a renchéri Jean-Édouard, 43 ans, venu de Seine et Marne.

– Carte électorale déchirée –

« Emmanuel Macron, oh quelle gueule de con, on vient te chercher chez toi », chantaient des dizaines de « gilets jaunes ». Plusieurs ont collé leur carte électorale déchirée sur leur gilet. Les manifestants devaient partir à 13H00 pour rallier la place du Trocadéro.

Cet acte 20 devrait connaître une nouvelle hausse du nombre de manifestants en région, selon une source policière. Face au lourd dispositif policier déployé à Paris, les autorités craignent une délocalisation des heurts dans les villes de province.

Vingt-sept arrêtés d’interdiction établis par les préfectures ont été recensés, a précisé cette source policière. La nouvelle contravention de 135 euros, à laquelle s’exposent ceux qui braveront l’interdit, reste en vigueur après le rejet vendredi par le Conseil d’Etat du recours de la Ligue des droits de l’homme.

– « Diversion » –

A Bordeaux, où le centre est comme depuis plusieurs semaines interdit aux « gilets jaunes », le nouveau maire Nicolas Florian a décrété une journée « ville-morte » en se disant « très inquiet de ce qui pourrait se passer ». La préfecture a évoqué la présence annoncée de « centaines de casseurs ».

A Avignon, la préfecture du Vaucluse, qui craint la présence de « groupes activistes violents », a interdit tout rassemblement ou manifestation de 9H00 à minuit, « intra-muros » et sur plusieurs axes périphériques. Des « gilets jaunes » se sont cependant donné rendez-vous au « Palais des Papes », arguant qu' »il n’est pas interdit de se promener ».

A Saint-Etienne, Toulouse, Epinal et Rouen, les préfectures ont également interdit les manifestations pour prévenir violences et pillages. Des défilés ont également été annoncés à Marseille, Rennes, Caen, Rouen, Montbéliard (Doubs), Strasbourg.

Une manifestation devrait également avoir lieu à Nice, où, la semaine dernière, une porte-parole d’Attac a été blessée dans une charge des forces de l’ordre. Le procureur a déclaré vendredi que la chute de Geneviève Legay, 73 ans, avait été provoquée par un policier, qui a rectifié son témoignage après avoir affirmé avoir poussé un homme.

Pendant ce temps, Emmanuel Macron poursuit ses rencontres avec les maires dans le cadre du grand débat, censé pourtant être achevé depuis une semaine. Après la Bretagne mercredi, Emmanuel Macron doit clore jeudi en Corse son tour des régions.

Samedi dernier, pour l’acte 19, 40.500 personnes ont manifesté en France, dont 5.000 à Paris, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, contestés par les « gilets jaunes » dont le propre comptage a recensé 127.212 manifestants dans tout le pays.

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