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Le jeu des 7 erreurs du Brexit

Le Royaume-Uni offre depuis des mois le spectacle inhabituel d’un pays en pleine confusion, incapable de savoir ce qu’il veut pour le Brexit, un sujet pourtant d’importance historique et existentielle, qui va de report en report.

Voici la succession d’erreurs de calcul qui a mené à l’impasse actuelle:

– David Cameron

L’ex-Premier ministre conservateur, partisan d’un maintien dans l’UE, pense régler une bonne fois pour toute la division de son parti sur ce thème avec un référendum qu’il propose imprudemment alors qu’il est en coalition avec les Libéraux démocrates, sûr que ces europhiles s’y opposeront. Or ils sont rayés de la carte aux élections suivantes et Cameron reste seul maître à bord, obligé de remplir sa promesse en organisant cette consultation risquée, le 23 juin 2016.

– Le Parti travailliste

Le principal parti d’opposition, censé être europhile, élit en septembre 2015 un eurosceptique à sa tête en la personne de Jeremy Corbyn, le candidat que personne n’attendait puisqu’il représente l’aile très à gauche du Labour. Du coup, Corbyn fait mollement campagne pour le maintien dans l’UE, et le Brexit est voté.

– Theresa May

La Première ministre décide de déclencher rapidement après son arrivée au pouvoir l’article 50, qui prévoit un délai de deux ans pour mener à bien la sortie de l’UE, bien court pour mener une opération aussi complexe. Qui plus est, elle tient à fixer dans la loi une date précise, le 29 mars 2019. Cette sous-estimation de la difficulté aboutit à deux demandes de report à ce jour.

– Theresa May

La dirigeante commet l’erreur de convoquer en juin 2017 des élections anticipées censées la renforcer pour faire passer son projet de Brexit. Mais elle perd sa majorité absolue, doit adoucir sa version du Brexit et, surtout, s’allier au petit parti unioniste nord-irlandais DUP dont les positions intraitables sur l’Union avec la Grande-Bretagne, question existentielle pour eux, vont finir par faire capoter son accord de Brexit, rejeté trois fois au Parlement.

– Theresa May

Elle fixe dès le départ des lignes rouges aux discussions avec l’UE — sortie de l’union douanière et du marché unique — et bute rapidement sur un gros obstacle: le sort de la frontière en Irlande entre la République au sud, membre de l’UE, et le nord province britannique. Le manque de concertation sur un sujet aussi important avec l’opposition travailliste contribuera également grandement au blocage.

– Les Brexiters

La frange franchement europhobe du Parti conservateur tient tellement à un Brexit sans concession qui verrait le pays cingler vers le grand large et déployer ses ailes dans le commerce international, débarrassé des chaînes de l’UE, qu’elle vote systématiquement contre l’accord de retrait conclu par leur cheffe avec l’UE. Au point que le Brexit qu’ils désirent si fort doit être reporté et risque à présent d’être considérablement adouci.

– Les députés

Veulent reprendre le contrôle du Brexit et tiennent une série de votes censés déterminer une position majoritaire sur ses modalités. Mais ils ne réussissent pas à se mettre d’accord après deux séances passées à répondre à une série de possibles scénarios représentant toutes les nuances du Brexit.

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