Emmanuel Macron © AFP

Le conflit ukrainien rebat les cartes de la campagne présidentielle en France

Le Vif

La guerre en Ukraine rebat les cartes de la campagne présidentielle en France: Emmanuel Macron multiplie lundi les rendez-vous diplomatiques et l’annonce de sa candidature reste en suspens, tandis que son Premier ministre reçoit des candidats contraints de se positionner, non sans quelques contorsions.

Le président sortant est pris en tenaille entre la gestion de la guerre russo-ukrainienne et la date limite, vendredi, pour les dépôts officiels de candidatures. Le choix du moment et de la forme de la déclaration de candidature d’Emmanuel Macron, largement favori dans les sondages, a viré au casse-tête, même si le conflit en Ukraine, qui écrase la campagne, pourrait se transformer en un atout dans une période d’extrême instabilité, au risque d’escamoter le débat démocratique.

Alors que le chef de l’État devait initialement tenir sa première réunion publique de candidat samedi à Marseille, son équipe de campagne a indiqué lundi qu’il n’y avait, « à ce stade, pas de meeting prévu ce week-end ». Selon une source interne au parti présidentiel, « la discussion sur une possible annulation avait démarré dès la fin de semaine dernière », dans la mesure où « personne n’imagine une expression de ferveur samedi en raison du contexte international ».

Après avoir présidé un Conseil de défense dans la matinée, le chef de l’Etat a échangé lundi pendant 1H30 avec Vladimir Poutine, en lui demandant l’arrêt des frappes contre les civils et la sécurisation des axes routiers en Ukraine, des points sur lesquels le président russe « a confirmé sa volonté de s’engager », selon le palais présidentiel. De son côté, le Kremlin a affirmé que M. Poutine avait exigé la reconnaissance de la Crimée comme territoire russe, la « dénazification » du gouvernement ukrainien et un « statut neutre » de Kiev, comme préalable à la fin de la guerre. Cet entretien était le deuxième entre les deux dirigeants depuis le début, jeudi, de l’invasion de l’Ukraine.

M. Macron, dont le pays assure depuis janvier la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, accueillera ensuite à l’Elysée le chancelier allemand Olaf Scholz et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour un dîner de travail avec les représentants des industriels européens. Signe que le Covid n’est plus sa priorité, M. Macron a fait modifier lundi sa photo de profil sur les réseaux sociaux, où il apparaît désormais sans masque chirurgical après 17 mois masqué.

– Les candidats à Matignon –

De son côté, le Premier ministre Jean Castex a organisé dans l’après-midi une « réunion d’information » à destination des principaux candidats à la présidentielle autour du conflit en Ukraine et des sanctions infligées à la Russie. Tous les candidats concernés ont accepté, sauf Nathalie Arthaud (extrême gauche). En déplacement à La Réunion, le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon doit, selon son entourage, être reçu à Matignon à son retour. Certains candidats comme l’écologiste Yannick Jadot ont estimé qu’il aurait été « de bon ton » d’être reçu par le président et non le Premier ministre.

La guerre en Ukraine oblige aussi les candidats à chambouler leurs programmes et à se positionner sur le conflit et ses conséquences. Le candidat d’extrême droite Eric Zemmour, qui a condamné Moscou mais dont les positions prorusses font débat, a estimé lundi sur la radio RTL que l’arrivée de réfugiés ukrainiens risquait de « déstabiliser la France ». Il a dit « préférer qu’ils soient en Pologne », un pays qu’il faut donc « aider » à faire face.

La candidate conservatrice Valérie Pécresse a pour sa part lancé des piques à ses adversaires d’extrême droite –M. Zemmour et Marine Le Pen, finaliste de la présidentielle de 2017– estimant « que tous ceux qui prônent une admiration ou ont une fascination pour Vladimir Poutine sont discrédités aujourd’hui pour présider la France« . A gauche, la socialiste Anne Hidalgo ou M. Jadot s’en sont pris ces derniers jours à M. Mélenchon, accusé lui aussi de sympathies pour Moscou avant la guerre. Ce weekend, M. Mélenchon a admis avoir « commis une erreur ».

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