Le 29 décembre 1975, Leo Tindermans publiait son «rapport sur l’Union européenne». Le Premier ministre jetait les bases d’une Europe, et prévoyait ses premiers défis.
Il y a 50 ans, le 29 décembre 1975, le Premier ministre belge Leo Tindemans, missionné par les dirigeants des neuf pays qui constituaient alors la Communauté économique européenne (CEE), publiait son « rapport sur l’Union européenne », poussant un projet alors essentiellement économique vers une union plus politique.
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« L’Union européenne (ne sera) pas la phase finale de l’unification européenne, mais une phase extrêmement importante que nous devons avoir le courage de réaliser maintenant ». C’est en ces termes que ce fédéraliste convaincu ponctuait une déclaration télévisée résumant les grandes lignes de son rapport, dont il avait été chargé lors du sommet européen de Paris, un an plus tôt.
D’une union économique à une union politique
Pour le rédiger, le chef du gouvernement belge s’était rendu dans les capitales de la CEE, interrogeant leurs dirigeants, les syndicats, le patronat et des organisations de la société civile. En cette période de crise économique et sociale, « l’édifice européen, à moitié achevé, vacille », constatait-il. Et les populations s’interrogeaient sur la volonté des dirigeants politiques d' »achever la construction européenne ». Pour y répondre, le « rapport Tindemans » ne proposait pas une Constitution pour l’Europe, mais bien des objectifs à atteindre et des « mesures concrètes ». En bref, une « mutation qualitative » d’une communauté économique en une union politique.
Le chrétien-démocrate y insiste sur l’importance d’une union monétaire – qui conduira à l’euro – et sur la concrétisation d’une politique étrangère et de sécurité commune, « pour que l’Europe ait une voix dans le concert des Nations ». Il propose à cet égard une obligation juridique des États membres de parvenir à une position commune, éventuellement par le recours au vote à la majorité, resté lettre morte. Il préconise la création d’une agence européenne d’armements, tout en entérinant que les États-Unis sont « à la fois nos alliés, nos partenaires et parfois nos concurrents« .
«Europe des citoyens» et «Europe des technocrates»
Le rapport propose aussi de renforcer les pouvoirs législatifs d’un Parlement européen qui s’apprêtait à être élu au suffrage direct, notamment avec un droit d’initiative dont il n’est toujours pas doté. Il préconise une « Europe des citoyens » et de leurs droits, partant du constat que « l’Europe ne peut pas être simplement celle des technocrates ou purement économique », et encourage les États à favoriser les échanges d’étudiants.
Au final, le rapport Tindemans est vu comme un texte structurant pour les idées et l’agenda de l’intégration européenne. Plusieurs de ses propositions ont été reprises plus tard, souvent sous d’autres formes, tandis que d’autres restaient bloquées par le manque de volonté politique des États.