France's President Emmanuel Macron (L) and France's Minister of Armed Forces Sebastien Lecornu leave following the annual Bastille Day military parade on the Champs-Elysees Avenue in Paris on July 14, 2025. (Photo by Ludovic MARIN / AFP) (Photo by LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images)

Emmanuel Macron «prendra ses responsabilités» en cas d’échec «d’ultimes négociations» de Lecornu

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

En remettant sa démission lundi matin, Sébastien Lecornu est devenu le Premier ministre français le plus éphémère de la Ve République. Une dissolution de l’Assemblée nationale apparaît de plus en plus plausible. Mais Emmanuel Macron a décidé de confier à Lecornu une mission de la dernière chance «de mener, d’ici mercredi soir, d’ultimes négociations afin de définir une plateforme d’action et de stabilité pour le pays.»

Vingt-sept jours et puis s’en va. Sébastien Lecornu a présenté sa démission, lundi matin, emportant avec lui le trophée du mandat le plus court de la Ve République. Le Premier ministre français démissionnaire avait déposé ses valises à Matignon le 9 septembre dernier. Sa démission a été acceptée par Emmanuel Macron, mais ce dernier offre une dernière chance à Lecornu et lui demande de «mener d’ultimes négociations sur une plateforme d’action.» En cas d’échec, le président français a annoncé qu’il «prendra ses responsabilités.» La menace d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale est sous-entendue.

Le départ de Lecornu, précipité par des pressions tous azimuts, s’apparente à une «demi-surprise» aux yeux de Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS et au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). «S’il n’avait pas démissionné aujourd’hui, il l’aurait fait dans une semaine, tranche le politologue. Il savait très bien qu’il n’aurait jamais de majorité à l’Assemblée nationale. Au fond, l’essence même de son programme était bancal, incapable de satisfaire l’aile gauche ni l’aile droite de l’hémicycle. Il n’avait donc aucune chance de résister très longtemps à l’Assemblée. D’autant que la composition du gouvernement s’avérait à peu près identique à celle de son prédécesseur, François Bayrou.»

Bien qu’inévitable, son départ plonge la France dans une situation d’instabilité «inédite.» «On n’a jamais connu ça sous la Ve République, estime Luc Rouban, alors que c’est un régime qui a pourtant été construit pour la stabilité.» Face à cette crise institutionnelle majeure, couplée à une profonde crise budgétaire, le président Emmanuel Macron se retrouve aujourd’hui particulièrement démuni. Trois options s’offrent au président de la République.

1. La nomination d’un nouveau Premier ministre

Emmanuel Macron pourrait désigner un nouveau locataire à Matignon. Mais face à une Assemblée nationale si fragmentée, la démarche s’apparenterait à l’envoi d’un nouveau martyr au casse-pipe. «Le Premier ministre serait confronté aux mêmes difficultés que Lecornu, à savoir notamment l’impossibilité de construire un compromis fiscal et budgétaire», analyse Luc Rouban. La droite et la gauche ont adopté des visions «irréconciliables» pour sortir du gouffre financier, rappelle le politologue. «La droite privilégie une réduction drastique des dépenses, s’opposant à tout nouvel impôt, alors que la gauche plaide pour le maintien du niveau de dépenses actuel en augmentant les impôts.»

Si cette piste reste «envisageable» pour Macron, elle risquerait toutefois de susciter la colère des Français. «On assisterait à quelque chose d’assez grave, à savoir une forme de divorce complet entre la population et la vie politique, alors que la rupture est déjà bien entamée», avertit le directeur de recherche.

2.La dissolution de l’Assemblée

Le président de la République pourrait également décider de dissoudre l’Assemblée nationale. Une option légalement possible depuis juillet dernier, soit un an après la dernière dissolution. Ce scénario impliquerait la convocation d’élections législatives anticipées, qui devraient être organisées entre 20 et 40 jours après la dissolution. «Ce serait la solution la plus logique politiquement, estime Luc Rouban. C’est une manière de redonner le pouvoir aux Français, qui seraient alors libres de définir leur ligne directrice pour les questions budgétaires et fiscales.»

Mais le résultat des législatives ne garantirait en rien l’obtention d’une majorité parlementaire. «Et si elle le permet, on se dirige plutôt vers une majorité de droite avec le Rassemblement national au pouvoir, alerte Luc Rouban. Tout indique un bon score de l’extrême droite, contrairement à ce que pense la gauche qui se voit toujours en mesure de gouverner le pays.»

3.La démission de Macron

La troisième option qui se présente à Macron serait de remettre son tablier. Une option que le premier intéressé a toujours catégoriquement balayée, et qui apparaît «peu probable» aux yeux du politologue. «Emmanuel Macron joue actuellement un rôle important sur la scène internationale, insiste Luc Rouban. Or, au vu de la situation géopolitique particulièrement tendue, avec les conflits en Ukraine ou au Moyen-Orient, Macron ne souhaiterait en aucun cas se désimpliquer et abandonner le navire européen».

Enfin, la piste d’une destitution forcée du président, souhaitée par La France insoumise, aurait peu de chances de voir le jour, estime le politologue. «C’est une motion très codifiée légalement, qui devrait être acceptée par une majorité qualifiée. Or, la majorité des partis politiques ne s’inscrivent pas dans une telle logique de déstabilisation.»

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