Le mouvement «Bloquons tout» a rassemblé des milliers de personnes dans toute la France. Le point sur la situation à 17 heures.
La France connaît un 10 septembre particulièrement agité entre, dans la cour de l’hôtel de Matignon, la prestation de serment du Premier ministre Sébastien Lecornu et, dans presque toutes les villes du pays, des rassemblements pour dénoncer la politique d’Emmanuel Macron.
A 11h, le ministère de l’Intérieur a recensé 29.000 participants sur 430 actions, dont 273 rassemblements et 157 blocages lors d’une journée de mobilisation atypique, née d’appels hétéroclites sur les messageries et les réseaux sociaux et centrée sur les efforts budgétaires envisagés par le gouvernement. «C’est vraiment un ras-le-bol global sur ce qui se passe en France, sur le fait que les politiques n’écoutent pas les urnes», a déclaré à l’AFP Bastien, un étudiant de 23 ans, qui a défilé à Rennes au milieu de 10.400 personnes, selon la préfecture.
« Il y a un budget de l’Etat qui a été mal géré et on nous accuse d’être à l’origine de cette dette, et c’est à nous de travailler plus pour rembourser », a déclaré à l’AFP Juliette, travailleuse sociale à Clermont-Ferrand âgée de 30 ans, qui n’a « pas l’habitude » de manifester et n’est pas syndiquée. A Brest, les manifestants étaient 5.000, 2.200 à Lorient, 2.000 à Orléans et autant à Bordeaux, selon les préfectures. A Paris, où plusieurs centaines d’étudiants s’étaient rassemblés le matin devant la Sorbonne, plusieurs milliers de manifestants, dont beaucoup de jeunes, étaient réunis en début d’après-midi place du Châtelet dans une ambiance d’abord festive puis un peu plus tendue.

La police a multiplié les actions préventives
Pour la plupart, les actions se sont déroulées dans un calme relatif mais il y a eu quelques débordements comme sur la rocade de Rennes où un bus a été saccagé et incendié par des manifestants, a rapporté Star, le réseau de transports en commun de la ville. Les tentatives de blocage se sont souvent heurtées à l’action préventive de forces de l’ordre en nombre, comme à Marseille, où, prépositionnées à l’avance, elles ont empêché 200 personnes d’accéder à l’autoroute venant de Toulon.
Le ministre de l’Intérieur démissionnaire et président Les Républicains (LR) Bruno Retailleau a dénoncé cette action et a de nouveau accusé « la mouvance de l’extrême gauche » d’avoir « confisqué » cette mobilisation née sur les réseaux sociaux et soutenue par la gauche, de LFI au PS. A 14h30, 183 personnes avaient été interpellées en agglomération parisienne. Au niveau national, le ministère de l’Intérieur a fait état de 295 interpellations à 13h.

Peu d’actions sur les trains, beaucoup plus sur les musées
Cette journée d’actions disparates est soutenue par certains syndicats. La CGT et Solidaires ont appelé à s’y joindre quand la CFDT et FO, notamment, ont préféré se concentrer sur la journée intersyndicale du 18. Côté transports, la circulation des trains a été coupée par des occupations de voies à Cherbourg et Valence, selon la SNCF. A Paris et en Ile-de-France, les transports en commun connaissent quelques perturbations, « conformes aux prévisions » selon les opérateurs de transport.
A la gare du Nord, à Paris, où le trafic a été très brièvement interrompu, la situation s’était également tendue en fin de matinée avec les forces de l’ordre qui filtraient les entrées. Au musée du Louvre à Paris, seules quelques salles étaient ouvertes. Le musée d’Orsay restait lui complètement fermé. Sur décision préfectorale, une étape du Tour de l’Ardèche féminin a par ailleurs été annulée par mesure de sécurité.

Un mouvement plus jeune et plus politisé que les Gilets Jaunes
Dans les raffineries TotalEnergies, où la CGT avait appelé à faire grève, la mobilisation était « très faible », selon un responsable syndical à l’AFP. La convergence des colères se fait aussi, partiellement, avec celle du monde agricole. La Confédération paysanne, 3e syndicat agricole français, a annoncé sa participation.
Ce mouvement horizontal, sans chef de file identifié, rappelle celui des Gilets jaunes, il y a sept ans, mais rassemble des personnes plus jeunes et plus politisées, selon une récente enquête de la fondation Jean Jaurès.