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Elargissement Schengen: veto de l’Autriche sur la Bulgarie et la Roumanie

La Roumanie et la Bulgarie devront encore patienter avant d’entrer dans l’espace Schengen: l’Autriche a mis son veto jeudi à cet élargissement, tandis qu’une décision positive était attendue, sauf surprise, pour la Croatie.

« Je voterai aujourd’hui contre l’élargissement de Schengen à la Roumanie et la Bulgarie », a annoncé le ministre autrichien de l’Intérieur Gerhard Karner en arrivant à une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles. 

L’Autriche, qui fait face à une forte hausse des demandes d’asile, redoute que la levée des contrôles aux frontières avec ces deux pays accroisse encore les arrivées de migrants. « Cette année, nous avons enregistré plus de 100.000 passages illégaux de la frontière en Autriche », a-t-il indiqué.

La Commission européenne et le Parlement réclament de longue date d’inclure la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie dans cette vaste zone (22 pays de l’Union européenne plus Islande, Liechtenstein, Norvège et Suisse) au sein de laquelle plus de 400 millions de personnes peuvent voyager librement, sans contrôles aux frontières intérieures.

L’adhésion, qui doit être décidée à l’unanimité des Etats membres, aurait notamment pour effet de supprimer les longues files d’attente de véhicules aux frontières de ces pays et d’encourager le tourisme.

En contrepartie, les pays membres de Schengen doivent assumer un contrôle rigoureux des frontières extérieures de cet espace de libre circulation, et s’engager à une coopération policière pour lutter contre la criminalité organisée ou le terrorisme.

La Croatie (3,9 millions d’habitants), membre de l’UE depuis 2013 et qui rejoindra la zone euro en janvier prochain, s’attend à une réponse positive.

Outre l’Autriche, un autre Etat membre, les Pays-Bas, est hostile à l’entrée de la Bulgarie dans Schengen. Le ministre néerlandais de la Migration, Eric van der Burg, a expliqué jeudi que son pays avait des inquiétudes concernant « la corruption et les droits humains » dans ce pays et demandait un nouveau rapport à la Commission sur ces points. 

« Pour nous c’est un oui à la Croatie et un oui à la Roumanie », a-t-il dit. 

Plan d’action

Mais actuellement le dossier de la Roumanie (19 millions d’habitants) est lié du point de vue procédural à celui de la Bulgarie (6,5 millions). Les deux anciens pays communistes sont entrés en 2007 dans l’UE et frappent à la porte de Schengen depuis plus de dix ans.

La question de l’élargissement de l’espace Schengen revient sur la table alors que les arrivées irrégulières aux frontières extérieures de l’UE sont en forte hausse, après avoir connu une baisse pendant la pandémie de Covid-19.

La poussée est particulièrement marquée par la route des Balkans occidentaux, où quelque 139.500 entrées irrégulières dans l’UE ont été détectées depuis janvier, selon Frontex. Un chiffre toutefois loin des 764.000 entrées enregistrées en 2015, au moment de la crise des réfugiés. 

Mais la situation a notamment conduit l’Autriche et la République tchèque à réintroduire des contrôles aux frontières.

Et poussé la Commission européenne à présenter un plan d’action pour tenter de réduire l’afflux par cette voie, comme elle l’a fait récemment pour la route de la Méditerranée centrale. 

Bruxelles propose entre autres de déployer l’agence européenne Frontex non seulement aux frontières de l’UE avec les Balkans occidentaux mais également entre ces pays.

La Commission appelle aussi ces Etats (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Macédoine du Nord et Serbie), dont les ressortissants n’ont pas besoin de visa pour se rendre dans l’UE, à s’aligner sur la politique de visas de l’Union.

La Serbie, accusée de contribuer à la hausse des arrivées de migrants dans l’UE, a commencé à le faire, en arrêtant de dispenser de visas les Tunisiens et les Burundais.

Comme l’Autriche, la Belgique se dit débordée par un afflux de demandeurs d’asile, dont beaucoup ont déjà été enregistrés dans un autre Etat membre de l’UE ou y ont une procédure d’asile en cours. 

La secrétaire d’État belge à l’asile et la migration, Nicole de Moor, a organisé mercredi une réunion avec plusieurs de ses homologues européens, réclamant « l’application correcte » du règlement de Dublin qui prévoit que le pays d’arrivée dans l’UE d’un migrant est en charge de sa demande d’asile. 

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