© Didier Lacroix

Derrière un vin, il y a une femme. La preuve par Peggy Buronfosse

Sandrine GOEYVAERTS
Sandrine GOEYVAERTS Sommelière, caviste, blogueuse et auteure de Jamais en carafe (à paraître)

Derrière une bouteille de vin, il y a une histoire et de plus en plus souvent une femme. Vigneronnes, tombées dans la cuve petite ou en amour plus tard, elles ont une multitude de profils passionnants. Qu’est-ce qui les motive ? Au fil de l’été, nous partons à la découverte de sept d’entre elles.

Vous qui lisez ces lignes, connaissez-vous l’élégante ivresse des vins du Jura ? Le sublime savagnin, toute en sensualité retenue, amande sur la langue. Le poulsard (toi de là que je m’y mette), ce coquin aux joues rouges, à la gouaille enfantine ? Et le trousseau, des épices, du nerf, du caractère ? C’est très simple : une fois découverts, ce sont des vins qui n’offrent aucun retour en arrière possible : vous en êtes amoureux, indubitablement. Leurs robes or, orangées ou fraise vous ont tourné les sens et fébrilement, vous les cherchez, dans les restaurants, les caves… Si le hasard fait bien les choses, peut-être mettrez-vous la main sur un « Buronfosse ». Si vous avez beaucoup de chance, ce sera les Varrons : suave, vin de langueur, de ceux qu’on déguste en attendant l’heure, en attendant l’autre.

Mais laissons Peggy causer, après tout, c’est elle l’héroïne de cette histoire : « Nous avons atterri dans le Jura par hasard, en 1995. Tout nous a séduits : les hommes et les femmes, la nature. La rencontre des vignerons nous a donné envie de nous installer. » D’abord seule, son compagnon continuant d’enseigner, Peggy y a été progressivement : 0,70 are pour commencer et, aujourd’hui, cinq hectares. Une surface qu’on peut estimer modeste, mais elle est bien suffisante pour Peggy, qui cherchait un équilibre entre le professionnel et le privé, avait envie de profiter de ses enfants et de la vie, de faire un jardin potager, d’élever quelques animaux et, surtout, de rechercher une autonomie. Et les vins dans tout ça ? Ce qui frappe, c’est l’extrême minutie avec laquelle ils semblent vinifiés. Toujours, ils ont des nez splendides et, en bouche, une précision d’enfer.

Peggy ne se repose pas sur des lauriers qu’elle aurait pourtant bien mérités : elle est régulièrement en aformation, n’hésite pas à chercher, tester, évoquer l’utilisation des plantes pour soigner les vignes, celle des huiles essentielles, la géobiologie. « Je le fais parce que j’ai toujours des questions sur nos modes de cultures, nos vins. Nous faisons partie d’un groupe de vignerons en bio et biodynamie : le but, c’est de baisser le plus possible les phytos et cultiver nos vignes dans le vivant pour que les vins soient les plus authentiques possibles. » Discrète, mais très impliquée, Peggy est sensible aux questions de transmission : « Je crois que l’agriculture ne réfléchit pas assez à l’avenir : que va-t-on laisser à nos enfants ? Le monde de la consommation et du business n’épargne pas le monde agricole et la spéculation sur les terres m’amène à penser que l’accès aux terres va devenir très compliqué. » Peggy, les pieds bien sur terre et le sourire tranquille, mène sereine sa petite entreprise : soyez-en assurés, vous en avez encore pour quelques belles années à vous régaler de ses vins.

Les Varrons 2015, Domaine Buronfosse : Hameau de la Combe, Rotalier.

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