Derrière un vin, il y a une femme. La preuve par Laurence Alias et Pascale Choime

Sandrine GOEYVAERTS
Sandrine GOEYVAERTS Sommelière, caviste, blogueuse et auteure de Jamais en carafe (à paraître)

Derrière une bouteille de vin, il y a une histoire et de plus en plus souvent une femme. Vigneronnes, tombées dans la cuve petite ou en amour plus tard, elles ont une multitude de profils passionnants. Qu’est-ce qui les motive ? Au fil de l’été, nous partons à la découverte de sept d’entre elles.

A peine trois hectares : autant le dire, c’est riquiqui. Mais suffisant : Laurence Alias (à g.) et Pascale Choime (à dr.)ont su trouver petit à petit une voie et un lieu qui leur conviennent. Laurence cache assez mal sous sa détermination une grande sensibilité. Et Pascale, adepte de reiki et de méditation, cadre les choses, sereinement. Elle s’éclate en technique, formée maîtresse de chai, ayant exercé en lycée agricole. Elle sait faire et transmettre. Laurence le relève en riant :  » Tu causes bien, dis donc.  »

Une intuitive, l’autre plus scientifique ? Ce serait un peu trop simple. Elles ont en réalité une façon identique de voir les choses et elles y apportent chacune leurs solutions ponctuelles, selon leur points forts. Pratiques et pragmatiques, les deux. L’osmose, dirait-on. A la vigne, tout est aussi question d’équilibre. C’est surtout avec la plus vieille de leurs parcelles que cela se marque. La Baragane. Nommée d’après le poireau des vignes, dit aussi pouaratchou, c’est la mémé qu’on bichonne et dont on espère chaque année les plus beaux raisins. Alors, on marcotte ses pieds, pour lui éviter les trous dus à l’âge. On la bichonne, mais avec un peu de distance. Parce qu’elle doit aussi vivre sa vie. Est-ce que ça se ressent dans le vin ? Ce lien au delà du récoltant, récolté, cette dimension impalpable, un peu comme un coup de foudre amoureux. Baragane est indubitablement la preuve que oui : dans le verre, il faut l’apprivoiser, lui donner du temps. Alors, elle se fait causante, déploie ses longues jambes, offre sa tendresse et ses idées. Son baiser est celui, tiède, qui se pose sur le front d’un enfant.

Il faut laisser à Baragane quelques années au frais, dans la cave : ça tombe bien, pendant ce temps, on peut se régaler de Virevolte, ou de Spoum, leur trop rare bulle. Et qui sait, peut-être y aura-t-il encore des surprises à l’avenir ?  » On a plein d’idées et de projets pour mieux travailler, améliorer nos vins… mais pas de révolution en vue. On aimerait les stocker un an ou deux avant de les proposer à la vente, mais vu qu’on vient de vivre 2017 (gel massif) et 2018 (merci le mildiou et la sécheresse), ça ne devrait pas être possible avant 2025 !  » Evidemment, quand on est femme vigneronne, les clichés sont nombreux. Mais à deux, est-ce qu’ils comptent double ? Certes, le métier a évolué depuis les débuts de Pascale, où on interdisait parfois encore aux femmes de pénétrer dans le chai, mais il reste du boulot. Pour Laurence, cette évolution passera nécessairement par les femmes elles-mêmes :  » C’est à chacune de prendre la place qu’elle souhaite, sans s’excuser de rien !  »

Baragane 2016 haut-médoc.

Closeries des Moussis, à Arsac.

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