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Derrière un vin, il y a une femme. La preuve avec Roselyne Gavoty

Sandrine GOEYVAERTS
Sandrine GOEYVAERTS Sommelière, caviste, blogueuse et auteure de Jamais en carafe (à paraître)

Derrière une bouteille de vin, il y a une histoire et de plus en plus souvent une femme. Vigneronnes, tombées dans la cuve petite ou en amour plus tard, elles ont une multitude de profils passionnants. Qu’est-ce qui les motive ? Au fil de l’été, nous partons à la découverte de sept d’entre elles.

Partons en voyage : en Provence, la belle, la sauvage, celle qui est faite d’histoire et de vieilles pierres. Poussons la porte du domaine Gavoty : tant pis pour l’impression de déranger un peu une dame surannée en pénétrant dans la cour. Quand Roselyne Gavoty apparaît, tout est pardonné. Il faut, avec cette femme pétulante, déguster blancs et rouges puis les rosés d’une pureté cristalline, loin des  » bonbons « . Clarendon surtout : une fois que vous l’avez dans le nez, c’est l’escapade assurée. Le soleil coule sur vos reins, le cerisier est là, à portée de main. Sur la langue, les lèvres, les fruits mûrs en sarabande, l’instant est exquis, et se prolonge encore et encore… Une couleur que Roselyne défend avec ses tripes, comme une mère, une louve, un peu comme si on attaquait son enfant le plus  » faible « .  » Je suis une écorchée vive du rosé, et on lui fait tant de mal, en le cloisonnant à des seconds rôle, au paraître, au bling-bling.  »

Roselyne est attachée à cette terre, à ces vins. Viscéralement : petite, elle y respirait avidement les odeurs de la nature et rêvait de s’installer ici alors que la fin du week-end signait le retour à Marseille. C’est à 24 ans, après avoir étudié l’anglais, le commerce et fait un an de conservatoire qu’elle saute le pas et rejoint son domaine.  » Le monde olfactif m’a toujours passionnée, mes sens m’appelaient ! Je sentais que dans ce milieu, je pouvais préserver mes valeurs, rester fidèle à mes convictions.  »

A ce point de la lecture, vous devez avoir une petite idée de la femme qu’elle est : passionnée, exigeante envers elle-même, certes, mais pas par rigorisme. Au contraire, Roselyne est une bonne vivante, qui aime manger, rire et tempêter, parfois. Mais si elle est si pointue, c’est surtout pour faire ressortir au mieux les qualités d’un terroir qu’elle affectionne particulièrement.  » Je remarque souvent un vrai manque de foi dans le métier exercé dans ma région, alors qu’en rencontrant les autres vignerons et vigneronnes ailleurs, je ne ressens pas ça ; il y a une fierté du terroir, de ce qu’on produit. Faire de grands vins – et encore plus de grands rosés – en Provence, personne n’y croyait il y a trente-cinq ans. Et puis la mode est passée par là… Les vignerons artisans sont devenus des espèces rares, dans une réserve bien gardée, qui ne figure plus dans les annales de l’appellation – en tout cas absente de toute une communication très tendance.  »

Elle en a gros, Roselyne, mais elle continue à se battre pour porter haut les couleurs de la Provence : ses vins lui ressemblent, exprimant une palette d’émotions intenses, et sincères. Et le tout en musique s’il vous plaît : le domaine accueille en été des musiciens autour d’un buffet. On prend date ?

Clarendon rosé 2016 côtes-de-provence.

Domaine Gavoty, Quartier Candumy, à Cabasse.

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