Depuis deux jours, forces armées cambodgiennes et thaïlandaises s’affrontent. Les deux pays, qui s’opposent sur le tracé de leur frontière commune, s’accusent mutuellement d’avoir ouvert le feu en premier. Le Premier ministre thaïlandais craint que le conflit se mue en guerre.
De nouveaux échanges de tirs entre armées ont éclaté, jeudi matin, à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, ont indiqué le ministère cambodgien de la Défense et l’armée thaïlandaise. Les deux pays se sont mutuellement accusés d’avoir ouvert le feu en premier. L’incident a eu lieu près de vieux temples, au niveau de la province thaïlandaise de Surin (nord-est) et celle cambodgienne d’Oddar Meanchey (nord-ouest).
« Vers 8h20 (3h20 heure belge), les forces cambodgiennes ont ouvert le feu en direction du flanc est du temple Prasat Ta Muen Thom, à environ 200 mètres de la base thaïlandaise », a annoncé l’armée thaïlandaise dans un communiqué. La Thaïlande a aussi accusé le Cambodge d’avoir utilisé un drone sur le site contesté, vers 7h35 (2h heure belge).
« L’armée thaïlandaise a violé l’intégrité territoriale du Cambodge en lançant une attaque armée sur les forces cambodgiennes stationnées », a indiqué de son côté Maly Socheata, la porte-parole du ministère cambodgien de la Défense. « En guise de réponse, les forces armées cambodgiennes ont exercé leur droit légitime à l’autodéfense, en pleine conformité avec le droit international, pour repousser l’incursion thaïlandaise », a-t-elle poursuivi.
Les deux royaumes d’Asie du Sud-Est s’opposent de longue date sur le tracé de leur frontière commune, définie du temps de l’Indochine française, mais la crise en cours est la plus grave depuis près de quinze ans. Depuis fin mai, Bangkok et Phnom Penh sont à couteaux tirés après la mort d’un soldat khmer, à la suite d’un échange de tirs en pleine nuit avec des militaires thaïlandais dans le « Triangle d’Emeraude« , une zone frontalière commune entre le Cambodge, la Thaïlande et le Laos.
L’ombre de la guerre
Au deuxième jour d’affrontements, le Premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, a mis en garde sur le risque que le conflit s’aggrave. « Nous avons essayé de trouver un compromis parce que nous sommes voisins », a déclaré le dirigeant à des journalistes. « Si la situation s’aggrave, elle pourrait devenir une guerre, même si pour l’instant, ça se limite à des affrontements. »
A l’heure d’écrire ces lignes, le conflit armé a fait un mort parmi les civils cambodgiens et cinq blessés, a affirmé, vendredi, à l’AFP le porte-parole de la province frontalière cambodgienne d’Oddar Meanchey (nord-ouest), dans ce qui constitue le premier bilan officiel du côté du Cambodge. De son côté, la Thaïlande a déclaré que les frappes d’artillerie cambodgienne avaient causé la mort de 14 personnes. Elle a, en outre, fait évacuer 100.672 civils provenant de quatre provinces le long de sa frontière avec le Cambodge.
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira vendredi en urgence et à huis clos pour discuter des affrontements entre le Cambodge et la Thaïlande.