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En Europe, les droites radicales progressent

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

De l’Allemagne à la Suisse en passant par la France, les pays scandinaves ou l’Europe de l’Est, les partis nationalistes, populistes et ultraconservateurs impriment leur marque.

Qu’ils soient au pouvoir ou qu’ils l’influencent de l’extérieur, les partis d’extrême droite pèsent dangereusement sur le débat public européen. Tour d’horizon, pays par pays.

Allemagne – AfD (Alternative für Deutschland)

Résultats électoraux : 4,7 % aux législatives de 2013, 7 % aux européennes de 2014, 20,85 % aux régionales en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale en septembre 2016.

Le parti populiste de Frauke Petry a évolué vers l’anti-islamisme et gonflé électoralement dans les Régions, en profitant de la crise des réfugiés. Il a même devancé la CDU au scrutin organisé dans le fief d’Angela Merkel. Son score sera une des clés des législatives de 2017.

Prochain scrutin : législatives en septembre 2017.

Autriche – FPÖ

En Europe, les droites radicales progressent
© REUTERS/Heinz-Peter Bader

Résultats électoraux : 9,7 % aux législatives de 1986, 26,9 % en 1999, 10 % en 2002, 35,1 % au premier tour des présidentielles de 2016.

Le Parti de la liberté porte mal son nom : il est devenu populiste et nationaliste dans les années 1990. Son entrée au gouvernement, en 1999, a provoqué un séisme en Europe. Après un repli, il est revenu en force aux présidentielles de 2016. Son candidat, Norbert Hofer, a obtenu l’annulation en justice du scrutin perdu de justesse face à l’écologiste Alexander Van der Bellen.

Prochain scrutin : nouvelles présidentielles, le 4 décembre 2016.

Belgique – Vlaams Belang

Résultats électoraux (parlement flamand) : 12,33 % en 1995, 15,54 % en 1999, 24,15 % en 2004, 15,28 % en 2009, 9,36 % en 2014.

Le Vlaams Belang a pris la relève du Vlaams Blok en gardant un profil musclé, indépendantiste flamand et anti-islam. Il est, jusqu’ici, barré du pouvoir par le cordon sanitaire. Dépouillé de son électorat par la N-VA, qui a repris certains de ses thèmes de prédilection, il se redresse depuis que cette dernière est entrée au gouvernement fédéral. Derniers sondages : entre 12 % (Le Soir/RTL-TVI, fin septembre 2016) et 8,1 % (De Standaard, 10 octobre).

Prochains scrutins : communales en octobre 2018, régionales et législatives en 2019.

Danemark – Parti du peuple danois

Résultats électoraux : 7,4 % aux législatives de 1998, 12 % en 2001, 13,3 % en 2005, 13,8 % en 2007, 12,3 % en 2011, 21,1 % en 2015.

Fort de son succès en 2007, le Parti du peuple danois a soutenu de l’extérieur le gouvernement libéral-conservateur en échange d’une politique d’immigration beaucoup plus restrictive. Suite aux élections de 2015, les libéraux ont formé un gouvernement minoritaire. L’extrême droite préfère peser sur la politique nationale depuis l’opposition. Mais une entrée dans la coalition, à terme, n’est pas exclue.

Prochain scrutin : législatives en 2019.

France – Front national

Résultats aux présidentielles : 0,75 % en 1974, 14,38 % en 1988, 15 % en 1995, 16,86 % en 2002 (second tour), 10,44 % en 2007, 17,9 % en 2012.

Longtemps considéré comme un trublion sans danger, Jean-Marie Le Pen a choqué la France en parvenant au second tour de la présidentielle, en 2002, face à Jacques Chirac. Sa fille, Marine Le Pen, mène aujourd’hui une entreprise de dédiabolisation, sans renoncer aux fondements extrémistes du parti. Dans tous les sondages, elle arrive au second tour de la présidentielle de 2017, flirtant avec les 30 %. Avec une chance, certes minime, de l’emporter ensuite.

Prochain scrutin : présidentielles en avril et mai 2017.

Fi

nlande – Parti des vrais Finlandais

Résultats électoraux : 1 % aux législatives de 1999, 4 % en 2007, 19 % en 2011, 17,6 % en 2015.

Il se décrit comme un parti « ouvrier sans socialisme », mais défend des thèmes très identitaires en Finlande et est soutenu par l’extrême droite européenne. Troisième parti et principale force d’opposition.

Prochains scrutins : présidentielles en 2018, législatives en 2019.

Grande-Bretagne – Ukip

En Europe, les droites radicales progressent
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Résultats électoraux : 1,5 % aux législatives de 2001, 2,2 % en 2005, 3,1 % en 2010, 12,6 % en 2015, davantage encore aux européennes.

Longtemps ultraminoritaire, le parti pour l’indépendance de la Grande-Bretagne a obtenu une éclatante victoire lors du Brexit. Son discours anti-immigration et eurosceptique influence désormais lourdement la ligne tenue par le gouvernement conservateur de Teresa May, dont les récents propos anti-immigrés ont suscité la polémique.

Prochain scrutin : législatives en mai 2020.

Grèce – Aube dorée

Résultats électoraux : 0,3 % en 2009, 7 % en 2012, 6,3 % en janvier 2015, 7 % en septembre 2015.

Les néonazis ultraviolents d’Aube dorée sont devenus la troisième force politique de Grèce, en profitant de la grave crise économique et migratoire qui touche le pays. La question de son interdiction s’est déjà posée. Même Marine Le Pen les trouve trop radicaux.

Prochain scrutin : législatives en octobre 2019.

Hongrie – Jobbik

Résultats électoraux : 20,5 % aux législatives de 2014.

Ultranationaliste, raciste, chrétien et violent, Jobbik est désormais la troisième force politique du Parlement hongrois. Sa ligne dure pèse fortement sur les positions radicales du chef de gouvernement du « libéral » Viktor Orban en matière d’immigration et d’asile.

Prochain scrutin : législatives en avril 2018.

Italie – Ligue du Nord

Résultats électoraux : 8,6 % aux législatives de 1992, 10,8 % en 1996, 3,9 % en 2001, 8,3 % en 2006, 4,1 % en 2013.

Régionaliste, mais aussi populiste et xénophobe, la Ligue du Nord découle de la fracture Nord-Sud qui déchire l’Italie. Elle fut un allié de choix de Berlusconi au pouvoir, détenant le portefeuille de l’Intérieur et durcissant la politique en matière d’immigration. L’extrême droite héritière du fascisme, elle, a mué pour rejoindre le Parti des libertés de Berlusconi.

Prochain scrutin : législatives en février 2018.

Norvège – Parti du progrès

Résultats électoraux : 5 % aux législatives de 1973, 13 % en 1989, 22,9 % en 2009, 16,3 % en 2013.

Qualifié d’extrême droite pour ses positions nationalistes et anti-immigration, le Parti du progrès est aussi ultralibéral et conservateur. Présent depuis longtemps sur la scène politique norvégienne, il est entré pour la première fois au gouvernement après les élections de 2013 et dispose du ministère des Finances.

Prochain scrutin : législatives en septembre 2017.

Pays-Bas – PVV (Geert Wilders)

Résultats électoraux : 5,9 % aux législatives de 2006, 15,4 % en 2010, 10,1 % en 2012.

Son discours est marqué par un anti-islamisme dur. Il a soutenu un cabinet minoritaire avec les libéraux de 2010 à 2012, en échange d’une influence sur les politiques d’asile et d’immigration. Avant de se retirer pour protester contre l’austérité imposée par l’Union européenne. Dans l’opposition, il prône un référendum pour sortir de l’Europe. Les derniers sondages le renforcent à plus de 15 %,

Prochain scrutin : législatives en mars 2017.

Pologne – Droit et justice

Résultats électoraux : 9,5 % aux législatives de 2001, 26,99 % en 2005, 32,11 % en 2007, 29,89 % en 2011, 37,58 % en 2015.

Les nationaux populistes du PIS (Droit et justice) sont revenus au pouvoir en 2015. Conservateurs et eurosceptiques, ils subissent en coulisses la pression de plusieurs mouvements d’extrême droite, dont le Mouvement des jeunes Polonais.

Prochain scrutin : législatives en 2019.

Suisse – UDC

Résultats électoraux : 11,1 % aux élections du Conseil national de 1971, 11 % en 1987, 14,9 % en 1995, 22,6 % en 1999, 28,9 % en 2009, 29,4 % en 2015.

L’Union démocratique du centre est un parti nationaliste et conservateur qui domine la politique suisse depuis les années 2000. Représenté au Conseil fédéral, il induit une politique très stricte en matière d’immigration en ayant régulièrement recours à la votation populaire.

Prochain scrutin : législatives en octobre 2019.

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