En Californie, la présidente taïwanaise salue le soutien « indéfectible » des Etats-Unis

« Nous ne sommes pas isolés »: la présidente taïwanaise Tsai Ing-Wen a salué mercredi la présence d’une grande délégation du Congrès américain lors de son déplacement en Californie, preuve selon elle du soutien « indéfectible » de Washington face à Pékin.

    La dirigeante de 66 ans a rencontré le républicain Kevin McCarthy, président de la Chambre américaine des représentants, en dépit des menaces de rétorsion répétées de la Chine. L’élu de Californie a assuré que la relation entre Taïpei et Washington était « plus forte » qu’elle ne l’a jamais été « au cours de sa vie ».

    « Ripostes »

    Kevin McCarthy était entouré d’un grand groupe de parlementaires, républicains comme démocrates, à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan de Simi Valley, près de Los Angeles. « Leur présence et leur soutien indéfectible rassurent le peuple taïwanais: nous ne sommes pas isolés, nous ne sommes pas seuls », a applaudi la présidente taïwanaise.

    Ce « transit » de Tsai Ing-wen par la Californie, après une tournée en Amérique latine irrite grandement Pékin, qui a promis de « riposter » et a multiplié les déclarations courroucées ces dernières semaines. La Chine considère que Taïwan est une de ses provinces à reprendre, en privilégiant une « réunification pacifique », mais sans exclure d’employer la force. Au nom de son principe d' »Une seule Chine », aucun pays n’est censé entretenir de liens officiels avec Pékin et Taipei en même temps.

    Lors d’un ultime avertissement lundi, le ministre des Affaires étrangères a rappelé que la Chine était « fermement opposée » à l’entrevue entre le troisième personnage de l’Etat américain et la dirigeante taïwanaise, issue d’un parti indépendantiste. Pékin a aussi expliqué être prêt à « défendre fermement sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale », sans évoquer expressément d’éventuelles manœuvres militaires. Les Etats-Unis entretiennent de longue date une « ambiguïté stratégique » sur la question taïwanaise. Washington reconnaît Pékin depuis 1979, mais reste l’allié le plus puissant de Taïwan ainsi que son principal fournisseur d’armes.

    Le précédent Pelosi

    Le soutien à l’île est l’un des rares consensus au sein des deux partis au Congrès américain et sous le mandat de Tsai Ing-wen, Taïwan s’est rapproché des Etats-Unis. En août dernier, la présidente taïwanaise a reçu à Taïwan la démocrate Nancy Pelosi, à la tête de la Chambre des représentants avant M. McCarthy. Cette visite avait provoqué l’ire de Pékin, qui avait réalisé des exercices militaires autour de l’île d’une envergure inédite depuis le milieu des années 1990.

    Kevin McCarthy « s’obstine à encore vouloir jouer la carte de Taïwan » contre Pékin, a estimé lundi le consulat de Chine à Los Angeles dans un communiqué. « Il va sans doute commettre à nouveau la même erreur, qui fera encore plus de tort à la relation sino-américaine. » Comme Mme Pelosi, le dirigeant républicain souhaitait initialement se rendre à Taïwan. Il a finalement opté pour une approche moins frontale, en rencontrant Tsai Ing-wen en Californie.

    L’administration Biden a également minoré l’importance de cette rencontre, le secrétaire d’Etat Antony Blinken rappelant mercredi qu’il ne s’agissait que d’un « transit » de la dirigeante taïwanaise et pas d’une visite officielle. Il a appelé Pékin à ne pas se servir de l’entretien comme « excuse » pour « faire monter les tensions ».

    « La Chine doit répondre »

    Des manifestants pro-Pékin et pro-Taïwan se sont fait face mercredi matin devant la bibliothèque où se déroule la rencontre. Un petit avion a également survolé la zone avec une banderole: « Une seule Chine! Taïwan fait partie de la Chine! » Tsai Ing-wen, dont le mandat présidentiel se termine l’an prochain, cherche à montrer que Pékin n’a pas réussi à isoler diplomatiquement Taïwan depuis son arrivée au pouvoir en 2016.

    La Chine a convaincu plusieurs pays de ne plus reconnaître Taïwan ces dernières années. Dernier en date, le Honduras a annoncé sa décision fin mars. Seuls 13 Etats reconnaissent encore Taiwan, dont le Belize et le Guatemala, que Mme Tsai a visités lors de sa tournée, après une première étape à New York. Avant de passer la main, la dirigeante souhaite cimenter la confiance des Taïwanais dans sa formation, le parti démocrate progressiste.

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