Le dirigeant du parti d’extrême droite pourrait remporter les législatives pour la deuxième fois consécutive le mercredi 29 octobre. Sans être incontournable pour autant.
Geert Wilders, le chef du Parti pour la liberté (PVV), est donné en tête des élections législatives anticipées du 29 octobre aux Pays-Bas par les sondages. Pourtant, il ne démentira peut-être pas la règle politique souvent observée qui veut qu’une formation ayant causé la chute d’un gouvernement en paie le prix lors des élections suivantes. Car si son parti est donné vainqueur, les études d’opinion estiment tout de même qu’il devrait perdre des sièges à la deuxième chambre du Parlement. Il avait envoyé 37 élus à l’issue des élections législatives du 22 novembre 2023; il n’en aurait plus que 31 au terme du futur scrutin.
C’est devant le refus de ses partenaires de gouvernement d’accepter un plan radical contre l’immigration que Geert Wilders avait ordonné la démission de ses ministres en juin 2024. Après sa victoire aux élections de 2023, le chef du PVV avait dû concéder que sa désignation comme chef de l’exécutif aurait empêché la constitution d’une coalition avec le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), le Mouvement agriculteur-citoyen (BBB) et le Nouveau contrat social (NSC). Une personnalité indépendante, Dick Schoof, avait dès lors pris les rênes du gouvernement. Une équipe qui n’a finalement exercé le pouvoir effectif que onze mois puisqu’à la suite du retrait du PVV, c’est le Nouveau contrat social qui renonçait après que le ministre des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, a échoué à faire adopter un embargo sur les importations de produits des colonies comme sanction contre Israël dans le contexte de la guerre à Gaza.
La crise de 2024 a montré la difficulté de gouverner avec le parti de Geert Wilders.
Cet épisode a notamment montré la difficulté de gouverner avec le parti de Geert Wilders, et, au regard de la place qu’il a prise sur l’échiquier politique néerlandais, la complexité de former un exécutif stable. Il est probable en effet que les résultats des élections du 29 octobre placent les Néerlandais devant le même dilemme. Le PVV a annoncé refuser de s’allier avec le VVD de droite dirigé par Dilan Yeşilgöz et anciennement par Mark Rutte, avec la coalition Gauche verte et Parti du travail (GL-PvdA) emmenée par l’ancien commissaire européen Frans Timmermans, et avec l’Appel chrétien-démocrate (CDA), centriste. Le VVD, lui, refuse d’envisager un partenariat avec l’alliance GL-PvdA.
Or, à supposer que les sondages se vérifient, la chute vertigineuse du Nouveau contrat social, qui ne serait plus représenté à la deuxième chambre après avoir remporté 20 sièges en 2023, ne clarifierait pas nécessairement l’horizon politique des Pays-Bas. L’Appel chrétien-démocrate (CDA), présidé par Henri Bontenbal en politique depuis seulement quatre ans, en retirerait les dividendes, passant de cinq à 25 élus. Et le jeune parti Juiste Antwoord 2021 (JA 21), une dissidence du Forum pour la démocratie, de droite radicale, en obtenant onze représentants contre un il y a deux ans, bénéficierait sans doute des pertes annoncées du VVD.
Mais le paysage politique néerlandais resterait extrêmement éclaté. Les principaux débats de la campagne électorale focalisée sur le logement, la santé, l’asile et l’immigration, n’ont pas encore suffisamment singularisé les tendances politiques pour dégager une coalition incontournable. Sauf surprise.