© REUTERS/Richard Drew/Pool

DSK : le calme avant la nouvelle audience

La nouvelle audience de l’ex-patron du FMI, ce lundi, devrait relancer l’intérêt pour cette affaire aux Etats-Unis.

C’est le calme avant le nouveau cyclone médiatique. Savourant une exclusivité provisoire, en attendant la prochaine comparution de Dominique Strauss-Kahn à la « Supreme Court » de New York, le 6 juin, seule une poignée de photographes d’agence endurent héroïquement le cagnard sur le trottoir de Franklin Street, mitraillant les rares visiteurs, Camille, sa fille héroïque, Marc Olivier Strauss-Kahn, le frère cadet, Anne Sinclair, en personne, sortant de la maison pour aller acheter une batterie de parasols chez « Crate and Barrell » et Pottery Barn. Ces emplettes n’ont d’autre but, aux dires du vigilant New York Post que « d’embellir la Bastille personnelle du politicien en disgrâce ».

Elles servent surtout à préserver les proches du reclus, seuls autorisés à se rendre sur la terrasse, du regard des paparazzis qui monnayent l’accès aux fenêtres des appartements voisins. Le rendez-vous de DSK chez son avocat Ben Brafman, sur la lointaine troisième avenue, occasionne une course poursuite, mais le Post préfère consacrer sa Une au personnel chargé du ménage de la résidence. Ironie, ce sont des hommes, rebaptisés « Macho Maid » par l’inventif tabloïd.

Deux diversions américaines

Pour le reste, calme plat. Après quatre jours de frénésie suivant la première comparution du suspect le 16 mai, les journaux ont su se prémunir contre la « DSK fatigue » du lectorat en consacrant enfin un dossier digne de ce nom à l’autre déchéance en vogue: celle de Arnold Schwarzenegger, plaqué par sa digne et célèbre épouse Maria Shriver, nièce de Kennedy, pour avoir fait un enfant à la femme de ménage.

Un autre événement offre une salutaire diversion: Anthony Weiner un représentant de New York au Congrès semble avoir envoyé par inadvertance à une jeune femme qu’il suit sur Twitter une photo, prise en dessous de la ceinture, d’un homme en slip, et en érection. Sa carrière paraît, elle, fort mal en point.

Mais cette débâcle ne peut rivaliser avec le purgatoire de l’ex-patron du FMI. Plus, presque, que le virulent New York Post, son rival démocrate Daily News, tente de remonter ses ventes par des Unes sans appel: « Le Perv » est devenu son titre breveté.

Jusqu’à quand? DSK « the banker » satisfait à la fois la rogne populiste des New-Yorkais envers l’argent roi et impuni du Wall Street des subprimes, et le rejet classique du lecteur col bleu, fût-il émigré du Pakistan, envers l’élite cosmopolite et sophistiquée. « Mais l’outrance ne peut durer, promet Kimberly Summers, une avocate new-yorkaise. A ce niveau de violence, le public va se lasser, ce qui pourrait bénéficier à la défense au moment de l’ouverture du procès ».

Cette dernière, et en particulier son chef de file Ben Brafman, ne manque pas d’utiliser aussi la presse. Ses sorties abruptes, dénuées d’explications, niant déjà la crédibilité de la victime présumée répondaient déjà aux fuites qui inondent le New York Times sur les circonstances de la rencontre de DSK et d' »Ophelia » dans la suite du Sofitel, sur la présence de son sperme sur les vêtements de la femme de chambre. Une bagarre commence, destinée à tirer d’un côté ou de l’autre, à façonner une opinion publique dont sera issu le jury du procès.

D’un point de vue purement judiciaire, la comparution du 6 juin ne devrait rien apporter de nouveau, si ce n’est un « non coupable » clairement exprimé par l’accusé lui-même. Peut-on même espérer entendre la défense préciser ses arguments, réfuter déjà les charges que l’Assistant District Attorney pourrait à nouveau rappeler au juge? Sans doute pas. Mais l’arrivée de DSK ce lundi au tribunal du 100 Centre Street, pour la troisième fois depuis le 16 mai, annonce le vrai et théâtral premier acte du procès.

Par notre correspondant Philippe Coste, L’Express.fr

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