Diega Garcia, Archipel des Chagos. © REUTERS

Démocratie post-Brexit: le Royaume-Uni subit déjà un revers de ses voisins européens

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Le Royaume-Uni n’a pas pu compter sur le soutien des membres de l’Union européenne la semaine passée lors d’un vote aux Nations Unies concernant un territoire disputé avec Maurice.

Une « défaite humiliante » pour le Royaume-Uni, selon les mots du journal britannique The Guardian. Et un avant-goût de la diminution de son pouvoir international due au Brexit. Les Nations Unies ont décidé, à une écrasante majorité, de demander à la Cour internationale de justice de se prononcer sur l’avenir des îles Chagos, un archipel britannique de l’océan indien. L’avis délivré par la Cour sera consultatif et non contraignant mais pourrait, vu son autorité morale, apporter de l’eau au moulin de Maurice qui réclame le retour des îles Chagos dans son giron.

Souveraineté britannique en question

La question de la souveraineté britannique sur l’archipel, reste de l’Empire colonial britannique, est persistante. Les Chagos se trouvent au coeur d’un litige de cinq décennies. Ces îles à l’emplacement stratégique faisaient partie de l’île Maurice depuis 1814. Mais en 1965, trois ans avant que cette dernière ne devienne indépendante, la Grande-Bretagne les a séparées… puis les a conservées.

La plus grande île de l’archipel, Diego Garcia, a par ailleurs été louée aux Etats-Unis, qui y a installé une base militaire, provoquant la déportation de nombreux habitants de la région. La plupart d’entre eux vivent à présent sur l’île Maurice. La location de Diego Garcia, qui a joué un rôle crucial dans les guerres contre l’Irak et l’Afghanistan, court jusque 2036. La base stratégique de Diego Garcia a notamment été utilisée par la CIA comme centre d’interrogation de suspects capturés en Afghanistan après les attentats du 11 septembre 2001.

Pour Maurice, plus de cinquante ans après la décolonisation, il est grand temps d’en finir avec cette histoire. C’est en tout cas l’avis de Anerood Jugnauth, le Premier ministre mauricien. Pour lui, « l’amputation » de l’archipel des Chagos et la location de Diego Garcia étaient contraires au droit international. Côté britannique, on ne veut rien entendre. Le Royaume-Uni insiste sur l’importance des Chagos pour la sécurité internationale.

Abstention européenne

Le Royaume-Uni et les Etats-Unis, qui défendent ici des intérêts communs, avaient vivement appelé les 193 nations à votre contre la résolution de l’île Maurice.

L’assemblée générale de l’ONU a pourtant adopté la résolution, notamment soutenue par les pays africains, réclamant que la Cour internationale de justice donne son opinion sur l’affaire. Le texte a été approuvé par 94 voix pour et 15 contre. C’est un coup dur pour Londres, surtout quand on sait que 65 pays, dont de nombreux membres de l’Union européenne comme la France, l’Allemagne, l’Italie ou encore l’Espagne, se sont abstenus. Au même titre que la Russie et la Chine. Ce vote était en quelque sorte considéré comme un test, celui de la capacité du Royaume-Uni à rallier à sa cause ses voisins européens, notamment dans le contexte du référendum pour la sortie de l’Union européenne et du début des négociations sur le Brexit.

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