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Colombie : les Farc libèrent leurs plus anciens otages

En captivité depuis 12 à 14 ans, dix policiers et militaires ont été relâchés. Le gouvernement juge toutefois ce geste insuffisant pour ouvrir un dialogue avec la guérilla.

Les derniers policiers et militaires séquestrés par les Farc, les plus anciens otages de Colombie, ont retrouvé lundi la liberté, un geste jugé toutefois insuffisant par le gouvernement pour ouvrir un dialogue avec la principale guérilla du pays.

En captivité depuis 12 à 14 ans, les 10 hommes, que les rebelles marxistes des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) avaient promis de relâcher, ont été remis à une mission humanitaire venue les chercher en hélicoptère au coeur de la jungle.

L’appareil, prêté par l’armée brésilienne au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et au collectif civil « Colombiens pour la paix » présidé par l’ex-sénatrice Piedad Cordoba, les a déposés à l’aéroport de Villavicencio, à 110 km au sud de Bogota, où les attendaient leurs familles dans un salon privé.

Tous revêtus de leur uniforme, les six policiers et quatre militaires, le visage éprouvé, mais souriant, ont aussitôt été pris en charge sur le tarmac par une équipe médicale et transférés dans la capitale pour un examen complet.

Capturé depuis juillet 1999, le sergent de la police José Libardo Forero, a confié sa surprise en retrouvant sa famille.
« Une fille de quatre ans que j’avais laissée et que je ne reconnais plus. Mon papa avec plein de cheveux blancs. Ma mère n’a pas changé, elle est faite en chêne. Et mon épouse qui est encore plus belle qu’avant », a-t-il raconté à la radio RCN.

Dix ans après l’échec de négociations avec le gouvernement, cette libération de policiers et militaires pourrait constituer un tournant pour les Farc qui les ont toujours considérés jusqu’ici comme une monnaie d’échange pour les rebelles emprisonnés.

Mme Cordoba, dont la médiation avec l’aide du Brésil a déjà permis la libération d’une vingtaine d’otages, a appelé le gouvernement à trouver une « solution politique et négociée vers la paix », affirmant relayer un message des Farc. « Il est très important de noter que nous avons bouclé un chapitre », a-t-elle souligné.
Le groupe rebelle a aussi renoncé en février à la pratique des enlèvements contre rançon, qui assurait une partie de son financement, appelant à faire le « pari de la paix ».

Toutefois le président colombien Juan Manuel Santos a réaffirmé que cet engagement était « insuffisant », même s’il a assuré « partager la joie des libérations » de lundi, lors d’une brève allocution télévisée. Cet engagement est « un pas dans la bonne direction, mais comme nous l’avons dit au moment de leur annonce, cela n’est pas suffisant », a souligné le chef de l’Etat, qui a appelé à la libération de tous les civils.

Le groupe rebelle détiendrait encore plus d’une centaine de personnes séquestrées, selon des associations colombiennes, même s’il n’en fait pas officiellement mention. Interrogée sur cette question, Mme Cordoba a reconnu qu’il fallait « créer des instruments et mécanismes pour savoir quels sont les vrais chiffres ». « Nous allons oeuvrer pour les personnes disparues, insister pour qu’elles retrouvent leurs proches », a insisté l’ex-élue de gauche, déchue de son mandat pour ses liens présumés avec les Farc. Le gouvernement exige aussi en préalable à tout dialogue la fin définitive des attaques ou des attentats qui ont connu une recrudescence dans le pays, ainsi que l’arrêt du recrutement de mineurs.

Fondée en 1964 pour défendre les petits paysans, la guérilla des Farc compte encore 9.000 combattants, repliés dans les montagnes et les forêts, à la suite d’une série de revers militaires qui ont divisé ses troupes par deux en 10 ans. Plus d’une soixantaine de guérilleros ont encore été abattus au cours des deux dernières semaines, un succès de l’armée qui n’a pas eu d’incidence sur les libérations promises.

LeVif.be avec L’Express

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