
Chelsea Manning: « la surveillance de masse a empiré »
La surveillance de masse est aujourd’hui « pire » qu’elle ne l’était il y a dix ans, « surtout aux États-Unis », a estimé jeudi l’ancienne informatrice de WikiLeaks Chelsea Manning, appelant à davantage de considérations éthiques dans l’intelligence artificielle.
« Il y a dix ans, je travaillais dans le domaine du renseignement militaire, je pouvais sentir leur pouvoir et voir comment la technologie est déployée » pour surveiller les citoyens, notamment via le « machine learning », a rappelé la jeune femme, en faisant allusion à une technique d’exploitation de données utilisée dans l’intelligence artificielle.
« Maintenant, je vois comment cette technologie fonctionne: tout a empiré, surtout aux États-Unis », a-t-elle averti lors d’une intervention à la conférence C2 Montréal.
Condamnée en 2013 par une cour martiale à 35 ans de réclusion pour avoir transmis à WikiLeaks plus de 700.000 documents confidentiels relatifs aux guerres d’Irak et d’Afghanistan, Chelsea Manning a passé sept ans en prison (dont trois de détention provisoire) avant que sa peine ne soit commuée par l’ancien président Barack Obama.
« Quand je suis sortie de prison, je me disais: +je vais prendre ma retraite, je vais me cacher un peu, je vais me poser et profiter un peu de la vie+. Mais ça m’a frappé de constater un changement aussi drastique dans les méthodes de maintien de l’ordre, dans la surveillance agressive », a déclaré l’ex-analyste militaire.
Huit ans après avoir plongé les Etats-Unis dans l’embarras en faisant notamment fuiter plus de 250.000 câbles diplomatiques, elle estime que les développeurs ont aujourd’hui un rôle crucial à jouer pour éviter que leurs innovations ne soient récupérées et utilisées à mauvais escient.
« Je comprends les gens qui travaillent maintenant sur le machine learning et tous ces algorithmes. Ils sont concentrés sur des échéanciers et sur l’objectif de sortir leur produit à temps », a-t-elle déclaré devant un public nourri.
« Mais ils doivent réfléchir aux implications éthiques de la technologie qu’ils mettent au point », a plaidé Mme Manning.
Décidée à se lancer en politique, Chelsea Manning brigue l’investiture démocrate pour le poste de sénatrice de l’État du Maryland où elle réside depuis sa sortie de prison.
« Tout ce que l’on fait chaque jour a un impact politique, même ne rien faire a un impact », a-t-elle lancé à C2 Montréal, conférence d’affaires dont la septième édition comporte un volet entier sur l’intelligence artificielle.
sab/jub/leo
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici