Charles III a reçu des représentants du Commonwealth le 12 septembre à Londres. © belga image

Charles III, un roi qui n’est pas adoubé partout

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Des ex-colonies britanniques pourraient profiter du changement de règne pour renoncer au pouvoir symbolique de Charles III. Tout en restant dans le Commonwealth.

Si la disparition d’Elizabeth II est un événement à portée mondiale, la peine ressentie, elle, ne l’est pas. L’Empire britannique, comme tout système de domination, a imposé son lot de violations des droits humains et d’injustices. Dans les pays où elles ont été les plus virulentes – Kenya, Nigeria, Afrique du Sud… – les souffrances sont encore à vif. Et le décès de son héritière a été l’occasion d’une critique acerbe du système colonial.

Pourtant, le Commonwealth, émanation de cet empire, comprend une majorité d’anciennes colonies parmi ses 56 membres, même si l’organisation intergouvernementale s’est ouverte ces dernières années à des Etats n’ayant entretenu aucun lien historique avec le Royaume-Uni, comme le Rwanda ou le Mozambique. Dans ce cénacle, quinze ont encore le souverain britannique comme monarque. Mais l’avènement de Charles III pourrait sérieusement modifier la donne.

La Jamaïque, l’Australie et le Belize composent le trio de tête des pays susceptibles de renoncer aux «faveurs» de Charles III comme l’a fait la Barbade en novembre 2021 en devenant un régime républicain. En mars dernier, le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness et son homologue bélizien Johnny Briceño ont profité d’une tournée du prince William et de Kate Middleton dans la région pour rappeler leur intention de prendre leurs distances avec la Couronne britannique. Et l’instauration d’une république figure au programme du Parti travailliste au pouvoir à Canberra. Le gouvernement d’ Anthony Albanese comprend même un «ministre délégué pour la République», en la personne de Matt Thistlethwaite. Mais le Premier ministre australien a précisé que la tenue d’un référendum en ce sens n’était pas à l’agenda de son – premier – mandat.

Pierre-Elliott Trudeau était un crypto-républicain. Son fils a affiché un soutien sans faille à la monarchie britannique.

L’inconnue canadienne

L’hypothèse d’une rupture ne semble pas d’actualité dans sept autres pays (les Bahamas, Saint-Christophe-et-Niévès, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, les Iles Salomon et Tuvalu). Une incertitude persiste à propos de quatre autres, Antigua-et-Barbuda, la Grenade, Sainte-Lucie et le Canada.

Dans ce pays, la question est complexe, souligne Philippe Chassaigne, professeur d’histoire contemporaine à l’université Bordeaux Montaigne. «Les Québécois semblent favorables à une république, mais à une… république québécoise. Par conséquent, les anglophones développent, en réaction, un sentiment légitimiste et royaliste. Et comme ils sont majoritaires, s’il y a un référendum, on peut raisonnablement parier que le Canada resterait rattaché à la Couronne britannique. D’ailleurs, à la mort de la reine Elizabeth, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a fait une déclaration qui m’a surpris par son caractère très loyaliste. Son père, Pierre-Elliott Trudeau (NDLR: Premier ministre de 1968 à 1979 et de 1980 à 1984), était un cryptorépublicain. Lui a affiché un soutien sans faille à la monarchie britannique…»

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