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Ce que l’on sait sur les attentats de Boston

Le Vif

Le marathon de Boston a été endeuillé lundi par un double attentat qui a tué trois personnes et fait au moins 140 blessés. Le point sur l’enquête.

L’attentat de Boston survenu à l’arrivée du marathon lundi a fait 3 morts et plus de 170 blessés, dont 17 sont dans un état critique. Le point sur ce que l’enquête.

Les circonstances du drame Les auteurs de l’attaque ont profité du marathon de Boston, l’un des plus prestigieux au monde, où étaient présents quelque 23 000 coureurs. Il se déroule de troisième dimanche d’avril lors du Patriots’ Day, un jour férié dans la région. Vers 15 heures, une première bombe a explosé dans la foule venue encourager les athlètes, à quelques mètres de l’arrivée. 12 secondes plus tard, une nouvelle déflagration s’est produite à une centaine de mètres de la première. La police a démenti que d’autres explosions aient eu lieu dans d’autres parties de la ville comme cela avait été évoqué plus tôt dans la journée.

Les victimes

Trois personnes sont mortes et 176 ont été traitées dans les hôpitaux de la région. 17 de ces personnes sont dans un état critique, selon le dernier bilan donné par le chef de la police Ed Davis. Plusieurs victimes auraient été amputées. Un des trois victimes est un garçon de 8 ans, Martin Richard qui était allé embrasser son père sur la ligne d’arrivée. Sa petite soeur a perdu une jambe et sa mère a été elle aussi gravement blessée, selon la presse locale. Outre Martin Richard, l’attentat a également coûté la vie à Krystie Campbell, une gérante de restaurant de 29 ans. Son père a expliqué à la presse locale qu’elle avait accompagné sa meilleure amie pour photographier le compagnon de cette dernière à l’arrivée du marathon. L’identité de la 3e personne tuée dans l’attentat n’avait pas été révélée mardi après-midi.

Quel type de bombes?

Le FBI a indiqué mardi que les explosions étaient dues à des bombes artisanales, vraisemblablement des cocottes-minute remplies de billes d’acier ou de clous pour multiplier les dégâts et déposées au sol. Il n’a en revanche rien révélé sur la composition de l’explosif. L’utilisation de billes et de clous, transformés en shrapnel, a aggravé les effets de l’explosion: « on a retrouvé toutes sortes d’objets tranchants dans les corps » comme « des billes et des clous », a détaillé le Dr Velmahos qui s’est occupé des victimes.

Les bombes dissimulées dans des cocottes-minute remplies de shrapnel ont été souvent utilisées dans le passé, notamment lors de la vague d’attentats en France en 1995. Dès 2003, le département américain de la Sécurité intérieure a mis en garde contre ce mode opératoire dans un mémorandum. « Une technique couramment enseignée dans les camps d’entraînement afghans est d’utiliser ou de convertir des cocottes-minute en bombes artisanales », notait-il.

Une trentaine de policiers scientifiques spécialistes des explosifs ont été dépêchés sur place et ont récupérés les débris provoqués par la double explosion. Envoyés au laboratoire du FBI à Quantico, en Virginie, « les fragments doivent être examinées par des experts qui reconstruiront l’engin ou les engins et détermineront sa fabrication et ses composants », a précisé l’agent spécial chargé de l’enquête, Rick DesLauriers. La puissance des deux bombes, avec un effet de souffle relativement limité, semble écarter l’utilisation d’explosifs de types militaires, type C4, RDX ou Semtex, très puissants et difficiles à se procurer.

Nombre d’attentats à la bombe ces dernières années sont perpétrés avec des « bombes tuyaux » ou du TATP (triacétone tripéroxide). Les « bombes tuyaux » sont constituées d’un tuyau de métal dans lequel est disposé l’explosif, qui peut être de la dynamite ou encore de la poudre noire. C’est ce type de bombe qu’avait utilisé Eric Rudolph pour l’attentat du parc du Centenaire à Atlanta qui fit deux morts et 112 blessés en 1996. Le TATP, qui est très instable et peut être confectionné à partir de produits en vente libre, dont de l’eau oxygénée et de l’ammoniac, a été utilisé par les auteurs des attentats de Londres en 2005, ainsi que par Richard Reid, le Britannique qui avait tenté de faire exploser ses chaussures bourrées d’explosif à bord d’un vol Paris-Miami en décembre 2001.

Où en est l’enquête?

« Notre enquête ne va certainement pas s’arrêter à la ville de Boston. Elle devrait s’étendre. Il s’agira d’une enquête mondiale. Nous allons aller jusqu’au bout de la terre pour identifier la ou les sujets qui sont responsables de ce crime ignoble et nous ferons tout ce que nous pourrons pour les traduire devant la justice », a déclaré l’agent du FBI Rick DesLauriers lors d’une conférence de presse ce mardi.

Le président Barack Obama qui s’est exprimé vers 11h30, heure locale, depuis la Maison Blanche -pour la deuxième fois en moins de 24 heures- a déclaré que les autorités ne savaient pas encore s’il s’agissait de terrorisme international ou intérieur.
La police a précisé qu’elle n’avait aucun suspect. Les enquêteurs espèrent faire parler le contenu de toutes les caméras de surveillance et demandent aux Bostoniens de leur transmettre « toute photo ou vidéo » qui pourrait aider l’enquête.

La police a perquisitionné dans la nuit l’appartement d’un Saoudien de 20 ans, qui se trouvait à proximité du lieu d’une des explosions. Actuellement hospitalisé avec des brûlures, il a été interrogé par la police. Mais elle a insisté sur le fait qu’elle interrogeait de nombreuses personnes.

Les principales pistes évoquées

La presse américaine en évoque trois: Al Qaïda, l’extrême droite américaine, ou l’acte d’un déséquilibré. La piste d’Al Qaïda n’est pas la plus évidente: le mode opératoire semble trop « amateur » pour être pour lui être relié. Pourtant, la presse américaine rappelle que récemment, « Al-Qaïda dans la péninsule arabique a encouragé ses partisans à commettre des attaques plus autonomes, sans attendre des instructions d’en haut et sans chercher forcément à faire des opérations aussi spectaculaires que le 11-Septembre ».

La piste de l’extrême droite s’appuie sur le jour choisi pour commettre ces explosions. Le Patriot’s Day,, jour hautement symbolique qui commémore une bataille pour l’indépendance, cristallise l’opposition au gouvernement fédéral. Ces dix dernières années, le Patriot’s Day a coïncidé avec cinq attaques sanglantes: Waco, Oklahoma City, Columbine, Virginia Tech et Boston. Les médias américains avancent l’hypothèse d’un attentat punitif contre la politique de Barack Obama, d’autant que les Etats-Unis sont en plein débat sur le contrôle des armes à feu, cheval de bataille des radicaux.

Dans sa première conférence de presse lundi, Barack Obama a évité d’utiliser le termes de « terrorisme », préférant parler de « tragédie », comme l’explique notre correspondant aux Etats-Unis. Si l’attentat était l’oeuvre d’un Américain d’extrême droite ou gauche, l’opinion n’y aurait vu qu’un « crime », le terme de « terrorisme » étant, depuis George Bush, réservé à Al Qaïda. En choisissant de parler de « terrorisme ». 18 heures plus tard, le président s’est affranchi de ces catégories et a condamné ce crime de masse, quelles que soient ses motivations et ses auteurs. Mardi après-midi, le FBI affirmait qu' »à ce stade, aucune revendication n’a été faite. L’éventail des suspects et des motivations possibles reste largement ouvert ».

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