Oscar Romero © Reuters

Canonisations : comment devient-on saint?

Le Vif

La canonisation dimanche de l’archevêque salvadorien Oscar Romero, assassiné en 1980, et du pape Paul VI (1963-1978) est la dernière étape d’un long processus dans l’Eglise catholique conduisant le souverain pontife à proclamer qu’un fidèle est un saint.

Avec la canonisation, l’Eglise catholique veut donner en exemple aux chrétiens des personnes qu’elle déclare « saintes » à l’issue d’une enquête minutieuse comprenant la reconnaissance de deux miracles.

Tout part de la « réputation de sainteté » d’une personne. Si elle est établie, cet homme, cette femme ou cet enfant sera appelé d’abord par l’Eglise « serviteur de Dieu ».

Ensuite, des proches, des amis du défunt s’adressent à un évêque diocésain ou un supérieur de congrégation qui confient à un « postulateur » le soin de mener une enquête en recueillant des témoignages, examinant les écrits, etc.

Normalement, un délai de plus de cinq ans est requis pour ouvrir un dossier. Ce délai n’a toutefois pas été respecté par Jean Paul II pour Mère Teresa, ni par Benoît XVI pour son prédécesseur polonais.

Le dossier est envoyé au Vatican à la Congrégation pour la cause des Saints qui, à son tour, l’étudie avec des théologiens et des historiens.

Le dossier passe ensuite aux mains du Promoteur de la foi qui en reprend l’examen avec pour mission de rechercher ce qui a pu être laissé dans l’ombre et/ou qui serait défavorable au « candidat ». De là vient la formule: « se faire l’avocat du diable ».

Si le dossier est validé, le « serviteur de Dieu » est déclaré « vénérable ».

Vient ensuite l’étape de la béatification pour laquelle est requis un miracle, accompli grâce aux prières qui lui sont adressées. Une enquête est menée sur la base du dossier médical avec le concours d’experts, de médecins et de théologiens.

Les critères médicaux sont sévères, et de nombreux prétendus miracles sont rejetés.

– Voie équipollente –

Les évêques et cardinaux décident ou non de proposer le postulant à la béatification. Si le pape en décide ainsi, le « vénérable » devient alors « bienheureux ».

Pour accéder à la sainteté, il faut qu’un autre miracle, accompli après la béatification, soit reconnu, selon la même procédure que pour le premier. Mais pour Jean XXIII, le pape François n’avait pas attendu un second miracle pour décider de le canoniser.

Depuis le XIIIème siècle, seuls les papes sont compétents pour les canonisations.

Tout ce processus coûte cher (expertises, voyages, commissions). D’où une grande inégalité: les Italiens détiennent le record de canonisations, alors qu’elles sont très rares par exemple en Afrique.

Le pape François a néanmoins simplifié le processus pour le rendre moins coûteux.

D’autres voies de canonisations existent comme celle, rare, dite « équipollente ». François y a eu recours à plusieurs reprises. Dans ces cas-là, il n’est pas besoin de miracle, il y a une réputation et un culte anciens, et le pape décide par décret « d’étendre à l’Eglise universelle le culte liturgique » existant localement, sans cérémonie particulière.

La troisième voie est celle des « martyrs » tués en « haine de la foi ». Le martyr tient lieu en quelque sorte de premier miracle et permet la béatification. Mais il faut un miracle pour la canonisation.

Les papes ont béatifié et parfois canonisé collectivement des martyrs chrétiens des dictatures, des guerres civiles (particulièrement de la guerre d’Espagne), ou des persécutions religieuses. Les derniers en date: trente martyrs assassinés au Brésil au 17e siècle par des calvinistes hollandais, canonisés il y a un an.

Enfin, une toute nouvelle voie a été ouverte en juillet 2017 par le pape François pour devenir bienheureux puis éventuellement saint: offrir sa vie pour sauver les autres.

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