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Canada : les incendies incontrôlables

Le Vif

Plus de 1.100 pompiers luttent contre 49 incendies, dont 7 totalement hors de contrôle, dans la province de l’Alberta, à l’ouest du Canada, où quelque 100.000 personnes ont été évacuées dans la région de Fort McMurray.

« Les conditions des incendies restent extrêmes », a indiqué jeudi le gouvernement de la province, qui n’attendait pas d’amélioration dans l’immédiat avec une météo toujours chaude et venteuse.

Les flammes ont déjà ravagé 85.000 hectares de forêts, dont 12.000 autour de Fort McMurray, entièrement vidée de ses habitants depuis trois jours. Des avis d’évacuation ont également été émis pour trois autres bourgades de la région.

Pour porter secours aux automobilistes en panne d’essence, le gouvernement a mis en place des stations mobiles à trois endroits sur 200 km au sud de Fort McMurray. Un camion-citerne escorté par la police sillonne aussi l’autoroute pour dépanner les automobilistes.

Pour accueillir les réfugiés, les compagnies pétrolières ont ouvert leurs bases de vie pour loger les populations évacuées où des milliers de places étaient disponibles après les licenciements massifs des deux dernières années, conséquence de la chute des cours du brut.

En plus, le gouvernement albertain a ouvert huit centres d’accueil avec des centaines de places chacun.

Pour les dégâts, près de 2.000 habitations ont été brûlées à Fort McMurray. Un bilan qui va s’aggraver, selon les responsables qui ne comptent plus les maisons touchées afin de consacrer toutes leurs ressources à la lutte contre les feux.

Au sud-ouest de la ville, les quartiers de Waterways et de Beacon Hill ont été détruits à respectivement 90% et 70%, selon la mairie de Fort McMurray. La moitié du quartier Abasand, plus au nord, n’est plus que cendres et carcasses noircies.

Un analyste de la Banque de Montréal a estimé dans une note que la facture pourrait s’élever à 9 milliards de dollars canadiens (6 milliards d’euros).

Les gouvernements provincial et fédéral ont chacun décidé de mettre un dollar pour chaque dollar versé par les Canadiens à la Croix-Rouge. Celle-ci avait levé jeudi 11 millions de dollars canadiens.

Panne sèche

Des dizaines de véhicules en panne sèche à l’abandon, protégés par des rubans jaunes de la police, sont garés sur les bas-côtés de l’autoroute venant de Fort McMurray, leurs occupants ayant trouvé refuge non loin de là en attendant que les incendies se calment autour de Fort McMurray, dans l’ouest canadien.

Fermé au trafic non essentiel entre Fort McMurray et la route 55 à 250 km au sud, l’autoroute 63 était réservée jeudi dans les deux sens aux seuls véhicules d’urgence ou aux véhicules autorisés, qui roulaient à vive allure.

Un contraste après la circulation pare-chocs contre pare-chocs des deux derniers jours, symbole du flot des dizaines de milliers de personnes évacuées de cette ville de l’Alberta.

Sur cette portion d’autoroute à hauteur de Wandering River, le gérant de la station-service Husky se rappelle des embouteillages et, surtout, des files de véhicules s’allongeant sur des kilomètres pour remplir leur réservoir de carburant.

Quelques automobilistes, dit-il, ont fait le plein et sont partis sans payer, ce qui l’a obligé in fine à réclamer le paiement avant de débloquer la pompe.

Depuis, le gouvernement provincial a conseillé aux évacués de garder les reçus pour les dépenses engagées afin de les justifier auprès de leur compagnie d’assurances.

Le hameau est le dernier relais sur la route, maintenant désertée, jusqu’à Fort McMurray à 200 km plus au nord.

La station a écoulé plus de 500.000 litres de carburant mardi et mercredi, quand près de 100.000 personnes ont fui Fort McMurray et ses environs, l’évacuation la plus importante pour des incendies au Canada. C’est 60 fois plus que le volume vendu pour un jour normal à cette station.

Beaucoup d’évacués sont restés bloqués, comme Ivy White et son fils Andrew.

« Quand nous avons quitté Fort McMurray, il y avait tellement de circulation qu’avec mon réservoir rempli seulement au quart » le véhicule est rapidement tombé en panne, raconte à l’AFP cette automobiliste.

– ‘Fort McMurray, c’est chez moi’ –

Des baraquements de chantier utilisés généralement par les 600 travailleurs saisonniers à la construction d’un oléoduc ont été mis à disposition d’environ 400 évacués dont Ivy et Andrew.

Responsable du camp, Joe MacAulay explique avoir sillonné l’autoroute 63 avec la police et des employés du gouvernement pour récupérer les naufragés de la route qui souvent dormaient dans leurs véhicules.

Andrew Stannix est arrivé là après avoir erré en début de semaine aux abords de la zone interdite autour de Fort McMurray. Avec sa femme et leurs animaux de compagnie, il n’a aucune idée de leur prochaine destination.

Une chose est sûre, dit-il, « nous irons là où il n’y a pas d’incendie ».

Gord Bell, accompagné de son fils aîné, est plutôt content d’avoir trouvé refuge dans ces baraques de chantier car elles ne sont pas si éloignées de leur maison. Mais il ignore si elle a brûlé.

Des dizaines de milliers de personnes ont rejoint les grandes villes au sud comme Edmonton, la capitale de l’Alberta à 230 km de là, ou Calgary à 550 km. M. Bell, lui, « préfère être en première ligne pour rentrer » chez lui.

« Je n’imagine pas abandonner Fort McMurray, c’est chez moi et je veux y vivre », confie-t-il à l’AFP.

Conscient que la ville dont des quartiers entiers ont été ravagés par les flammes –et qui continue à brûler–, va mettre du temps à se relever et à se reconstruire, il assure qu’il ne changera pas d’avis.

« Si je dois vivre sous une tente pour un ou deux ans, je le ferai car tout ce que je veux c’est rester à Fort McMurray ».

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