Burundi : Deux ex-ministres belges préconisent un gouvernement d’union nationale
Deux anciens ministres fédéraux belges, André Flahaut et Jean-Pascal Labille, ont appelé le gouvernement burundais et l’opposition à ouvrir rapidement un dialogue pour sortir de la crise dans laquelle est plongé le pays, tour en qualifiant de « totalement inappropriées » et d' »incompréhensibles » les accusations proférées par certains acteurs burundais envers la Belgique et son passé colonial.
« Il nous faut constater qu’après de nombreux mois de violences, la situation insurrectionnelle dans laquelle s’enfonce le Burundi risque d’être une impasse, tant pour le gouvernement en place que pour l’opposition », affirment les deux responsables socialistes dans une carte blanche publiée sur le site du groupe de presse ‘Iwacu’, l’un des derniers médias « libres » dans ce pays d’Afrique centrale.
« Notre conviction est que la seule issue possible est la reprise à très bref délai du dialogue entre les parties au conflit, sans exclusive par rapport aux participants ni exigence préalable. L’essentiel est de se retrouver à la table de négociation et d’ouvrir un dialogue politique. Il n’est pas trop tard mais il est plus que temps… », ajoutent MM. Flahaut et Labille, respectivement ex-ministres de la Défense et de la Coopération au développement.
Selon eux, les acteurs concernés doivent, chacun, jouer un rôle actif pour que cesse la situation d’insurrections permanentes. « C’est en ce sens que nous plaidons pour la création d’un gouvernement d’union nationale reprenant toutes les composantes de la société et permettant une sortie de crise la plus rapide possible », ajoutent les deux anciens ministres, très concernés par la situation en Afrique centrale.
Le Burundi est plongé dans une crise politique majeure depuis l’annonce fin avril de la candidature du président sortant Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, jugé contraire à la constitution par l’opposition.
Les violences liées à la crise ont déjà fait plus de 240 morts, selon l’ONU, et la communauté internationale craint qu’elle ne débouche sur des exactions à grande échelle, dix ans après la fin de la guerre civile, dans un pays dont l’histoire post-coloniale est marquée par des massacres entre majorité hutu et minorité tutsi.
« En ces moments difficiles pour le Burundi, nous tenons à exprimer notre soutien à l’ensemble des Burundais. Le climat de peur et de violence dans lequel est plongée la population burundaise doit inquiéter profondément la communauté internationale », soulignent MM. Flahaut, ministre d’État et actuel ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et Labille, secrétaire général de Solidaris, les mutualités socialistes.
Ils admettent que « les Belges n’ont pas de leçons à donner aux Burundais, ni à leur gouvernement ». « Mais, en tant qu’amis du Burundi, il est de notre devoir et de notre responsabilité d’agir afin d’éviter que les douloureuses erreurs du passé ne puissent se reproduire », poursuivent-ils dans une allusion à la période allant de 1922 à 1962 durant laquelle la Belgique a administré ce petit pays d’Afrique centrale, ex-colonie allemande, jusqu’à son accession à l’indépendance.
Selon eux, « l’importance des moyens investis par la coopération belge ces dernières années – la Belgique était le premier donateur bilatéral – prouve notre attachement à ce pays ». « Elle prouve également la volonté de la Belgique de soutenir l’économie et la démocratie. Et enfin, elle prouve que nous assumons nos responsabilités par rapport à l’histoire et donc notre engagement envers sa population », soulignent les deux ex-ministres.
Ils insistent aussi sur les efforts importants engagés ces dernières années par la Belgique, tant humains que matériels, en faveur de la stabilité sociale, économique et politique du pays.
« En ce sens, les accusations proférées par certains acteurs envers la Belgique et son passé colonial sont totalement inappropriées et d’autant plus incompréhensibles », soulignent MM. Flahaut et Labille en réponse aux attaques anti-belges proférées par le président du parti présidentiel, le Conseil national pour la Défense de la Démocratie-Forces pour la Défense de la Démocratie (CNDD-FDD), Pascal Nyabenda.