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Au Yémen, la nourriture est une « arme de guerre »

Le Vif

Au-delà des raids aériens, des combats au sol et des blocus portuaires, la nourriture est utilisée comme « arme de guerre » au Yémen, a estimé dimanche une responsable de l’ONU, alors que des millions de civils risquent la famine.

« Le Yémen est au bord de la famine, le choléra aggrave une crise alimentaire dramatique et la nourriture est utilisée comme arme de guerre », a déclaré Elisabeth Rasmussen, directrice adjointe du Programme alimentaire mondial des Nations unies, lors d’une conférence sur l’aide au Yémen organisée à Ryad.

Le conflit au Yémen oppose les rebelles houthis au gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi. Il a fait plus de 8.650 morts et quelque 58.600 blessés depuis mars 2015, date à laquelle une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite est intervenue contre les houthis, soutenus par l’Iran.

En raison de la poursuite du conflit, sept millions de personnes sont menacées de famine et 17 millions, soit 60% de la population, souffrent d’insécurité alimentaire.

Depuis avril, 2.100 autres personnes sont mortes du choléra, les hôpitaux n’obtenant pas de médicaments en raison des blocus portuaires et d’un embargo aérien.

Les parties en conflit sont accusées de ne pas protéger les civils dans ce que l’ONU a qualifié de « pire crise humanitaire du monde ».

La coalition dirigée par les Saoudiens, qui contrôle l’espace aérien du Yémen et certains ports, a été ajoutée ce mois-ci à une liste noire de l’ONU dénonçant les pays et les parties commettant lors de conflits des exactions contre les enfants.

Les routes d’accès à la capitale yéménite Sanaa sont contrôlées par les Houthis et leurs alliés, les partisans de l’ancien président Ali Abdallah Saleh.

Les agences humanitaires ont averti que la fermeture de l’aéroport de Sanaa entrave la livraison d’aide qui doit maintenant transiter par le port de Hodeida (ouest), sur la mer Rouge.

« Toutes les parties au conflit doivent fournir un accès humanitaire sûr, rapide, sans entrave et durable aux personnes dans le besoin, à travers tous les ports et aéroports, en particulier le port de Hodeida et l’aéroport de Sanaa, ainsi que par la route », a déclaré à Ryad Mark Lowcock, responsable des affaires humanitaires de l’ONU.

« Les parties qui contrôlent Sanaa privent régulièrement d’accès les agences humanitaires et ont arbitrairement retardé ou refusé des dizaines de demandes d’entrée du personnel humanitaire dans le pays », a dit M. Lowcock qui vient d’effectuer une visite au Yémen.

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