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Au Panama, Obama et Castro ouvrent une nouvelle ère dans leurs relations

Les présidents américain Barack Obama et cubain Raul Castro ont ouvert samedi un nouveau chapitre des relations entre leurs pays en prononçant des discours d’apaisement qui feront date, lors d’un Sommet des Amériques voué à sceller leur rapprochement.

S’exprimant le premier devant une trentaine de ses pairs du continent, Barack Obama a affirmé que le rapprochement entre Washington et La Havane marquait « un tournant » pour les Amériques: « le fait que le président Castro et moi sommes assis ici aujourd’hui représente un événement historique ».

Dans une très longue allocution, son homologue cubain s’est livré à un long plaidoyer contre les ingérences des anciennes administrations américaines dans les affaires cubaines et latino-américaines. Mais il a ensuite voulu saluer la probité du président des États-Unis, le qualifiant d' »homme honnête », et exprimé sa volonté d’avancer dans un « dialogue respectueux » aspirant à une « coexistence civilisée » en dépit de « profondes différences » entre les deux pays.

Selon la Maison Blanche, les deux dirigeants doivent avoir dans les prochaines heures une « conversation » qui constituera le premier échange entre chefs d’État des États-Unis et de Cuba depuis 1956, cinq ans avant la rupture de leurs relations diplomatiques. Ce face à face doit consacrer le réchauffement annoncé au terme de 18 mois de tractations menées dans le plus grand secret, qui ont permis de tourner la page de plus d’un demi-siècle de conflit.

« Les deux dirigeants ont démontré à quel point on peut progresser quand nous acceptons les enseignements de l’histoire et tournons la page des antagonismes du passé », a salué la présidente brésilienne Dilma Rousseff. A l’ouverture du sommet continental réunissant 35 chefs d’État, les deux hommes avaient échangé une poignée de main et quelques mots devant les caméras.

Au menu de leurs discussions figurera certainement la reprise des relations diplomatiques, qui tardent à se concrétiser malgré trois séries de discussions de haut niveau à La Havane et Washington. Le principal obstacle à la réouverture d’ambassades réside dans la mention de Cuba sur la liste américaine des États soutenant le terrorisme, qui prive l’île d’une partie de l’aide internationale. Raul Castro a incité son homologue à accélérer les démarches pour le retrait de Cuba de cette liste, indiquant qu’il verrait comme un « pas positif » une « décision rapide » des États-Unis sur ce dossier.

« Résoudre » la question de l’embargo qui pénalise son pays

Mais au-delà des relations diplomatiques, le chemin de la normalisation reste semé de nombreux points de contentieux, dont le premier est l’embargo total sur les transactions économiques et financières avec Cuba, imposé depuis 1962.

Le président cubain a une nouvelle fois insisté samedi sur la nécessité de « résoudre » la question de l’embargo qui pénalise son pays. Son homologue américain avait peu avant rappelé avoir demandé au Congrès, contrôlé par les républicains et seul habilité à le faire, de travailler à la levée de cette mesure.

Mais les deux chambres sont très partagées sur la question. En attendant, Barack Obama a assoupli l’embargo, dans la limite de ses prérogatives présidentielles, mais ces mesures sont jugées « insuffisantes » par La Havane.

Le Sommet devrait se terminer vers 21H00 sans déclaration finale, les États-Unis refusant d’y voir mentionné un soutien à Caracas dans sa dispute avec Washington, qui a qualifié le Venezuela, principal partenaire économique de Cuba, de « menace » pour leur sécurité intérieure.

Depuis plusieurs semaines, Barack Obama est très critiqué en Amérique latine en raison de ce décret qui a imposé en mars des sanctions contre de hauts responsables vénézuéliens.

A la tribune, le président vénézuélien Nicolas Maduro, qui s’exprimait alors que Barack Obama avait déjà quitté la salle, a de nouveau exigé le retrait de ce décret qu’il juge « disproportionné ».

Se plaignant que M. Obama n’ait « jamais répondu aux messages » qu’il lui a adressés, l’héritier de Hugo Chavez, habituel pourfendeur de Washington, s’est toutefois dit « prêt à parler avec le président Obama de ce sujet avec respect et sincérité dès qu’il le souhaite ». Dans un souci d’apaisement, la Maison Blanche avait auparavant expliqué qu’elle cherchait à établir « un dialogue direct avec le Venezuela », tandis que M. Castro a contribué à désamorcer ce dossier en jugeant « positif » que la Maison blanche ait reconnu cette semaine que Caracas ne représentait pas vraiment une menace.

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