Joe Biden

Biden allège la dette des étudiants américains: un geste qui coûtera 300 milliards de dollars

Mailys Chavagne

Chose promise, chose due: le président des États-Unis Joe Biden a annoncé un effacement partiel des emprunts étudiants. Au grand soulagement de certains jeunes, qui croulent aujourd’hui sous les dettes, et au grand dam de bien d’autres, qui voient d’un mauvais œil cette générosité trop coûteuse…

Faire des études aux États-Unis, c’est pouvoir débourser entre 10.000 à 70.000 dollars l’année. Loin d’être donné à tout le monde. Si, pour certains, le remboursement des prêts étudiants colossaux peut être un véritable parcours du combattant – ces étudiants sortent de l’école avec certes un diplôme, mais bien souvent une lourde dette -, pour d’autres, l’obtention d’une bourse d’étude s’avère être leur seul espoir d’entrer un jour à l’université. Et cette bourse se mérite, elle aussi…

Mais alors que les élèves reprennent tout doucement le chemin des auditoires, la nouvelle annonce du président américain retentit, non comme un coup de tonnerre, mais comme un cri de victoire pour ces jeunes qui vivent accrochés à leur prochaine paie. « Conformément à ma promesse de campagne, mon administration annonce un plan visant à accorder un répit aux familles de la classe ouvrière et de la classe moyenne au moment où elles se préparent à reprendre le remboursement des prêts étudiants fédéraux en janvier 2023 », a tweeté Biden.

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Une dette de 1,7 milliard de dollars

Les emprunteurs qui gagnent moins de 125 000 dollars par an pourront ainsi bénéficier de l’annulation d’une partie de leur dette: à savoir 10 000 dollars pour ceux n’ayant pas bénéficié d’une bourse fédérale, et 20 000 dollars pour ceux, aux moyens plus modestes, en ayant reçu une.

Joe Biden a également prolongé le moratoire portant sur le remboursement des prêts étudiants fédéraux jusqu’à la fin de l’année. Une bonne nouvelle pour de nombreux Américains puisque 45 millions d’entre eux cumulent aujourd’hui une dette de 1,7 milliard de dollars. Près d’un tiers doit moins de 10 000 $ et environ la moitié doit moins de 20 000 dollars, selon les données fédérales.

« C’est une question d’opportunité. Il s’agit de donner à tout le monde une chance équitable », a déclaré le président, mentionnant notamment le fardeau particulièrement lourd des étudiants afro-américains et hispaniques qui ont, en moyenne, moins de richesse familiale pour les aider et qui doivent donc emprunter plus.

Un geste responsable ou inconscient ?

Une décision qui divise pourtant au sein du gouvernement. Certains y voient là une façon d’améliorer la qualité de vie de certaines familles, et également la croissance de l’économie. Il s’agit d' »un pas de géant vers la résolution de la crise de la dette étudiante », ont notamment salué les sénateurs démocrates Chuck Schumer et Elizabeth.

D’autres, au contraire, estiment que l’annulation de la dette risque d’alimenter l’inflation – qui est déjà à son plus haut niveau depuis 40 ans – en donnant aux Américains plus d’argent à dépenser. « Verser près de 500 milliards de dollars d’essence sur le feu inflationniste qui brûle déjà est imprudent », a déclaré Jason Furman, qui était président du conseil des conseillers économiques de Barack Obama.

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D’autres encore soutiennent que cette mesure est injuste pour ceux qui ont déjà remboursé leurs prêts étudiants. « C’est une gifle pour toutes les familles qui ont fait des sacrifices pour épargner pour l’université, pour tous les diplômés qui ont remboursé », a jugé le chef de file des républicains au Sénat Mitch McConnell dans un communiqué.

Certains experts, y compris considérés comme plutôt proches du camp démocrate, ont estimé que ce geste financier conséquent était risqué à un moment où les Etats-Unis font déjà face à une flambée des prix. Ce « cadeau » n’a en effet rien d’anodin pour le gouvernement: son coût, sur 10 ans, devrait s’élever à environ 300 milliards de dollars, selon une estimation de l’Université de Pennsylvanie.

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