© ALLEN WHEATCROFT

Allen Wheatcroft: la parole est aux corps (En images)

Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Chicago, Los Angeles, Berlin, Paris ou Stockholm, autant de prétextes urbains permettant à Allen Wheatcroft de déployer toute la finesse d’une écriture photographique centrée sur le non-verbal.

C’est un premier ouvrage qui se déguste sur le mode  » coup d’essai, coup de maître « . On doit Body Language à Allen Wheatcroft, photographe autodidacte basé à Chicago. Il n’est pas surprenant d’apprendre que l’intéressé fait valoir un parcours universitaire marqué par les sciences sociales. Dans ses prises de vue, c’est bien de sociologie dont il est question mais d’une sociologie appliquée, qui se méfierait de ce que le sujet veut bien dire de lui-même.

Wheatcroft revendique une autre vérité, plus profonde, celle de l’anatomie. Le résultat en est une street photography, du nom de cette pratique ayant fait des Etats-Unis sa terre d’élection, qui surgit le temps d’une rencontre fortuite entre le photographiant et le photographié. Il n’est pas surprenant d’apprendre que ce travail a été immédiatement adoubé par un Jeff Mermelstein, référence incontournable du genre.

C’est au coeur des grandes métropoles occidentales que Allen Wheatcroft, talent passé maître dans l’art de se fondre dans le décor, capture la matière première de ses images – celles-ci ont été glanées entre 2014 et 2018 – au moyen de son Leica. Les rues sont pour lui de véritables scènes de théâtre sur lesquelles tout un chacun fait de sa propre identité une performance, sans même en avoir conscience. Les acteurs ? Des touristes, des banquiers, des portiers, des obsédés de la musculation… soit autant de typologies éloquentes. Mais il y a également des postures plus dramatiques. Ainsi de ces vieillards usés dont la silhouette annonce un lent mais inexorable retour à la terre.

Sans oublier la toile de fond qui noue toutes les histoires que déroule Wheatcroft. Celle-ci narre l’ultramoderne solitude des villes. Perdus dans leurs pensées, les uns passent à côté des autres sans plus les remarquer, trop occupés qu’ils sont à évoluer dans leur propre monde.  » Mes images témoignent d’un lien défait entre les êtres, elles contiennent aussi l’espoir d’apaisement qu’apporterait le contact d’une main amie « , explique l’artiste, qui sait que l’ouverture aux autres est le seul remède pour quitter l’hiver de nos isolements contemporains.

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