1989- Des étudiants chinois essaient de forcer un cordon militaire sur la place Tiananmen © REUTERS

À 51 ans, le dernier prisonnier de Tiananmen bientôt remis en liberté

Stagiaire Le Vif

Miao Deshun était âgé de 25 ans lorsqu’il a été mis en prison à la suite des protestations de la place Tiananmen de 1989. Sa libération pourrait avoir lieu en octobre selon un communiqué de la Fondation Dui Hua, une ONG de défense des droits de l’homme en Chine basée aux Etats-Unis.

La probable libération en octobre prochain de Miao Deshun, dernier prisonnier de la place Tiananmen, a été annoncée par voie de communiqué par la Fondation Dui Hua, une ONG de défense des droits de l’homme en Chine basée aux Etats-Unis.

A l’heure actuelle, Miao Deshun, maintenant âgé de 51 ans, est le dernier prisonnier connu des événements de la place Tiananmen sur les 1.602 Chinois qui avaient été emprisonnés suite aux manifestations pro-démocratiques de 1989. Les autres détenus sont, depuis, tous morts ou libérés. Le Chinois avait été, dans un premier temps, condamné à mort, mais sa peine avait été suspendue puis commuée en prison à vie en 1991. Il avait finalement reçu une peine de 20 ans d’emprisonnement en 1998.

Accusé à l’époque d’avoir jeté un panier sur un tank en feu, il avait été accusé « d’incendie criminel » malgré l’acte en apparence anodin. L’homme, qui aura passé plus de la moitié de sa vie derrière les barreaux, n’a pas eu de contact avec le monde extérieur depuis de nombreuses années et sa famille a cessé de lui rendre visite, à sa demande, depuis plus d’une décennie. Contrairement à d’autres détenus, Miao Deshun aurait toujours refusé d’admettre sa participation aux évènements de Tiananmen, de même que participer aux travaux de la prison. Ces raisons peuvent expliquer pourquoi il n’a jamais bénéficié de remise de peine contrairement à d’autres détenus.

« Calme » et « souvent déprimé »

Interrogés en 2014 par la BBC à l’occasion des 25 ans du « Printemps de Pékin », plusieurs anciens détenus le décrivaient comme « calme » mais « souvent déprimé« . L’un deux expliquait : « J’étais enchaîné mais pas lui. Il disait que les gardiens pensaient probablement qu’il était trop maigre pour porter des chaînes aux pieds. Il n’aurait alors pas été capable de marcher« . La santé Miao Deshun se serait d’ailleurs, sans surprise, détériorée au cours de sa captivité. Il souffrirait actuellement d’hépatite B et de schizophrénie, ce qui aurait amené son transfert en 2003 à la prison de Yanqing, un établissement pénitentiaire pour les détenus âgés ou malades, précise la fondation Dui Hua.

Pour rappel, les manifestations de la place Tiananmen, à Pékin, s’étaient déroulées entre le 15 avril et le 4 juin 1989. Initiées par des mouvements d’étudiants, d’ouvriers et d’intellectuels, ces manifestations dénonçaient la corruption et réclamaient des réformes politiques et démocratiques. Après plusieurs tentatives de négociation, le gouvernement chinois instaura la loi martiale le 20 mai 1989 et fit intervenir l’armée le 4 juin 1989. Cette répression provoqua de nombreuses arrestations et victimes (dont le nombre varie de quelques centaines à milliers selon les sources) dans les mois qui suivirent. De nombreux dirigeants politiques furent aussi limogés et faits surveillés, tandis que le gouvernement expulsa tous les journalistes étrangers suite à ces évènements.

Par F. Ca.

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