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25 pays européens lancent la Coopération structurée permanente de défense

Vingt-cinq pays européens ont lancé lundi à Bruxelles la Coopération structurée permanente (CSP, ou Pesco, selon l’acronyme anglais), une étape qualifiée d' »historique » par certains et qui ouvre la voie à la création d’une Union européenne de sécurité et de défense.

Les ministres des Affaires étrangères de ces 25 pays de l’UE ont pris la décision « juridiquement contraignante » de lancer la CSP dans la foulée de la « notification conjointe » signée le 13 novembre par les ministres de 23 États membres – tous, à l’exception du Royaume-uni, en instance de départ, du Danemark, qui dispose d’une exemption en matière de défense, et de Malte. Le Portugal et l’Irlande les ont entre-temps rejoints.

La possibilité d’instaurer une coopération structurée permanente dans le domaine de la politique de sécurité et de défense a été introduite par le traité de Lisbonne.

Cette coopération se concrétisera dans un premier temps par dix-sept projets concrets à mettre en oeuvre dans les mois à venir, comme l’établissement d’un commandement médical européen ou d’un centre d’entraînement conjoint pour préparer les militaires avant un déploiement dans le cadre d’une mission de formation menée par l’UE.

La Belgique prendra la tête de l’un de ces dix-sept projets concrets, celui de drones sous-marins appelé en anglais MCM (Mine Counter Measures) Semi-autonomous Underwater Systems, ou MCM SUS.

Il s’agira du projet visant à développer des drones sous-marins détecteurs et destructeurs de mines de prochaine génération, ont indiqué des spécialistes du dossier à l’agence Belga.

Parmi les autres projets, figurent la mise sur pied d’un « noyau de réponse aux crises » devant accélérer le déploiement de troupes lorsque l’Union crée une opération militaire d’urgence – un projet conduit par l’Allemagne – ou le développement de « radiologiciels » communs pour permettre aux troupes des différents pays européens de communiquer plus facilement sur le terrain, dirigé par la France.

Depuis l’échec de la mise en place d’une Communauté européenne de Défense (CED) il y a 60 ans, les Européens n’ont jamais réussi à avancer dans ce domaine, la plupart des pays gardant jalousement la main sur ce qui, à leurs yeux, relevait strictement de la souveraineté nationale.

Mais une succession de crises depuis 2014 (annexion de la Crimée par la Russie et conflit dans l’est de l’Ukraine, vague de réfugiés), apparition de l’Etat islamique (EI) puis le vote du Brexit et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump ont changé la donne.

Ces mesures « jettent les fondements d’une Union européenne de la Défense. L’Europe ne peut et ne doit sous-traiter notre sécurité et défense », a salué le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans un communiqué.

« Le Fonds européen de défense, que la Commission européenne a proposé, complétera ces efforts et agira comme une incitation supplémentaire à coopérer en matière de défense, avec des financements potentiels pour certains des projets présentés aujourd’hui », a assuré M. Juncker.

Ce fonds novateur pour l’exécutif européen, qui s’était toujours gardé d’intervenir dans un domaine sensible et éloigné de la sphère économique et sociale, doit être doté à partir de 2020 d’1,5 milliard d’euros par an pour des projets de recherche, mais aussi des achats en commun ou le développement de prototypes impliquant gouvernements et entreprises de l’UE.

Les 28 pays de l’UE devraient formellement approuver la création de ce fonds mardi, selon la Commission. Ce vote devrait ouvrir la voie à des négociations avec le Parlement européen, qui doit donner son feu vert.

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