Lyndon Johnson est resté trente-quatre mois vice-président, avant de succéder à John Kennedy. © ISOPIX

22 novembre 1963 : après Kennedy, l’avènement peu souhaité de Lyndon Johnson

Ce jour-là, les Etats-Unis perdent leur président vedette. A Dallas, John Kennedy est assassiné. Trois ans plus tôt, il était devenu le plus jeune à accéder à ce poste. Depuis, il incarnait l’espoir d’une Amérique moins inégalitaire. Et celui d’un monde plus juste. Le même jour, le vice-président devient président. Lyndon Johnson est un homme très différent de son prédécesseur.

Kennedy provenait d’une riche banlieue de Boston, s’était formé dans les meilleures universités et avait très tôt visité l’Europe. Pur citadin, il était parfaitement policé. Johnson est fils de fermiers. Homme du peuple, il a grandi au Texas, où il s’est passionné pour le base-ball et a étudié pour être enseignant. Lors du scrutin de 1960, avant de devenir colistiers, les deux démocrates s’étaient d’abord farouchement affrontés.

Le 15 octobre 1963, soit un gros mois avant les événements de Dallas, la diplomatie belge s’intéresse précisément au vice-président des Etats-Unis, censé prochainement se rendre à Bruxelles. Une note confidentielle décrit l' » aspect de kermesse populaire  » que prend souvent la scène américaine. Et ajoute que Johnson,  » loin de répugner ce genre d’exhibitions, s’y plaît et, vu son origine provinciale, a tendance à les exagérer « . Le document évoque aussi le  » groupe d’assistants et d’admirateurs bruyants  » avec lequel le vice-président se déplace volontiers. Des gens qui, comme lui, seraient  » abonnés aux chemises à carreaux voyantes, aux chapeaux et aux bottes de cow-boy « . Si l’auteur de la note salue l’activité législative dont l’ancien parlementaire faisait preuve, il s’étonne en revanche de  » son ignorance surprenante de tout ce qui n’est pas américain « .

Le diplomate belge s’intéresse à un dernier élément : pourquoi donc Johnson a-t-il accepté de devenir vice-président – un poste obscur – alors qu’il était lui-même candidat à la Maison-Blanche ?  » L’explication la plus vraisemblable qu’on ait avancée pour cette réelle abdication est la volonté de Mme Johnson de voir son mari mener une vie moins fatigante.  » En octobre 1963, Johnson n’est clairement plus un poids lourd.  » Son crédit politique est entièrement détruit « , écrit-on. L’homme est condamné à effectuer une série de voyages  » dont l’objet semble aussi nébuleux qu’inutile « . Kennedy lui-même n’a d’ailleurs aucune envie de voir son vice-président lui succéder un jour.  » Oh mon Dieu, peut-on imaginer ce qui arriverait au pays si Lyndon était président ?  » aurait-il un jour confié à quelques proches.

Reste cette thèse, un peu folle : Johnson serait lui-même derrière l’attentat de Kennedy. Plausible ? Possible, en tout cas. Il faut dire que les deux hommes ne se sont jamais aimés. Et que, malgré les enquêtes, la lumière n’a jamais été faite sur le drame. Une chose est sûre : le 22 novembre 1963, sur le sang de Kennedy, Johnson prête serment. En 1964, il est même élu pour un nouveau mandat. Au final, sa présidence sera donc bien plus longue que celle de son prédécesseur. Mais jamais, il n’acquerra le statut mythique de Kennedy.

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