Rationner l’utilisation d’Internet? Voici ce que consomment Netflix, Instagram…
Faut-il revoir notre consommation d’Internet, la restreindre, pour sortir de la surconsommation d’écran ? L’idée a déboulé avec fracas en France. Avec, à la clé, interrogations et incrédulités. Des services aussi ordinaires et répandus que Netflix, YouTube ou les réseaux sociaux seraient touchés. Sortons la calculette.
La sortie de Najat Vallaud-Belkacem, ex-ministre française de l’Education nationale, sur la dépendance aux écrans suscite le débat… et la polémique dans l’Hexagone. Dans une tribune au Figaro, elle propose de rationner l’usage d’Internet. « Avons-nous besoin de tant d’Internet que cela ? », s’interroge-t-elle, afin d’aborder un problème de fond.
Lançant un chiffre pour appuyer son propos, Vallaud-Belkacem propose à titre d’exemple une limite à 3 Go (gigaoctets) par semaine, afin de repenser le rapport aux écrans, de réfléchir à l’utilisation du temps libre et à la consommation frénétique du Web. «Si nous savons que nous n’avons que trois gigas à utiliser sur une semaine, nous n’allons sans doute pas les passer à mettre des commentaires haineux ou fabriquer des fakes, espère-t-elle. La rareté oblige à une certaine sagesse.»
“Dès que j’évoque cette possibilité d’un rationnement d’internet, les accusations pleuvent : irréaliste ! réactionnaire ! dictatorial !”
Najat Vallaud-Belkacem
ex-ministre française de l’Education nationale
Un vrai changement de paradigme, difficile à imaginer. L’usage d’Internet continue de croître, à coup de vidéos en haute qualité, de services de streaming disponibles en un clic. Revoir sa consommation s’apparente à un sevrage forcé. «Dès que j’évoque cette possibilité d’un rationnement d’internet, les accusations pleuvent: irréaliste ! réactionnaire ! dictatorial !», reconnaît l’ex-ministre.
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Plusieurs bienfaits en limitant le temps d’écran
Elle voit pourtant du progressisme dans cette idée, qui lutterait contre la pollution importante générée par le numérique, qui pourrait favoriser la lutte contre le cyberharcèlement et les violences en ligne, tout en obligeant à sortir (un peu) de la sédentarité, la tête penchée sur les smartphones.
Face aux réactions outrées et attaques virulentes, voire haineuses, Najat Vallaud-Belkacem a reprécisé ses paroles sur le réseau social X, martelant que le chiffre de 3 Go/semaine valait à titre d’illustration, pour ouvrir le débat.
Le chiffre peut en effet sembler faible pour les accros aux séries, les autres qui scrollent compulsivement sur les réseaux sociaux ou encore ceux qui téléchargent des jeux vidéo copieux, ingurgitant les gigaoctets sans plus y penser. Sans oublier les consommateurs qui sont un peu tout ça à la fois.
Que faire avec ces octets ?
L’exercice est tout aussi théorique de celui de l’ancienne ministre, mais vaut à titre d’éclairage : que consomme tel ou tel service ? Que faire si demain il fallait se contenter de 3, 10, 20 ou 50 Go ?
Les services de streaming vidéo sont parmi les premières victimes évidentes. Netflix, Disney+, Amazon Prime, YouTube et consorts peuvent se montrer rapidement gourmands, surtout dans les plus hautes définitions disponibles. Une heure sur le service de streaming au ‘N rouge’ en 4K (ultra haute définition) consomme jusqu’à 7 Go, selon les propres estimations de la société. En réduisant fortement les pixels affichés, on peut descendre à 0,25 Go, en basse qualité sur son smartphone.
La haute définition plus classique oscillerait autour de 3 Go. Disney fait a peu près la même estimation, avec 2,5 Go par heure pour du Full HD sur son service. Sur YouTube, pas de chiffres officiels, mais les multiples qualités souvent disponibles feront varier d’autant les données consommées.
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Les jeux vidéo affichent aussi leurs poids conséquents sur la balance à octets et l’achat au format physique a perdu du terrain au profit du téléchargement, notamment sur PC. Dernier succès made in Belgium, le jeu Baldur’s Gate 3, salué par la critique et les joueurs, requiert pas moins de 150 Go. Tous les titres phares de l’industrie voient leur poids grimper au fil des ans, et plus personne ne s’étonne de devoir télécharger des dizaines de Go avant de pouvoir s’amuser, confessent plusieurs sites spécialisés. Sans compter la consommation des jeux qui se jouent en ligne, ajoutant encore au décompte.
Le streaming musical s’en sort mieux : une heure de décibels pour 50 Mo en moyenne dans une qualité standard sur Spotify ou Deezer, soit 0,05 Go. Il s’agit uniquement de la partie audio, certains services proposant des podcasts avec vidéo ou de courts extraits de clips.
850 Mo/heure pour de la vidéo sur TikTok ou Instagram
Les réseaux sociaux posent évidemment plus de questions. Consulter des messages textuels éventuellement accompagnés d’images sur X (ex Twitter) consommera bien moins que découvrir toutes les dernières tendances sur TikTok en vidéo. Plusieurs opérateurs télécoms font des estimations allant de 100 Mo à 850 Mo pour une heure d’utilisation, selon l’usage et le type de réseau social, axé sur la vidéo ou non.
Les applications de GPS (Waze, Google Maps, Apple Plans) consomment relativement peu, de moins d’un mégaoctet à cinq pour les plus gourmandes. Passer un appel vidéo sur WhatsApp ou FaceTime pendant une heure se fera contre 0,25 Go environ.
Autant de services qui mis bout à bout peuvent faire grimper la consommation finale des consommateurs.
Combien de gigaoctets le Belge consomme-t-il ?
En 2022, le Belge a consommé en moyenne 6,4 Go/mois via son abonnement mobile. La tendance à la hausse est très nette. Au total, plus de 757.000 téraoctets (1.000 Go) de données mobiles ont été consommés en 2022. La même année, une connexion internet fixe faisait transiter en moyenne 251 Go par mois (+14 Go par rapport à 2021), selon l’IBPT, l’Institut belge des services postaux et des télécommunications.
La France consomme plus de données mobiles que la Belgique. Selon les derniers chiffres de l’Arcep, l’Autorité de régulation des communications électroniques, pour chaque carte SIM active en France, la consommation moyenne s’élève à 15,9 Go/mois en 2023. Plus de deux fois la consommation belge, qui a pu encore évoluer l’année dernière. De quoi montrer que l’usage peut poser question.
Mettre en lumière la frénésie de consommation du net, Najat Vallaud-Belkacem y est finalement peut-être bien parvenue.
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