Le Danemark a annoncé qu’il allait tripler ses dépenses militaires, un effort financé entre autres par la suppression d’un jour férié © getty

Supprimer un jour férié pour renflouer les caisses de l’Etat, une bonne idée?

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Ce mardi, le Danemark a annoncé tripler ses dépenses militaires, un effort financé entre autres par la suppression d’un jour férié. Une solution pour renflouer les caisses de l’état belge? Analyse.

Le gouvernement danois souhaite renforcer considérablement la défense et la sécurité en y consacrant environ 143 milliards de couronnes (19,2 milliards d’euros) au cours des 10 prochaines années », a déclaré mardi le ministre de la Défense par intérim, Troels Lund Poulsen. Membre de l’OTAN, le Danemark entend consacrer 2% de son PIB à la défense d’ici 2030. A cet égard, il a décidé de supprimer un jour férié.

Le royaume poursuit une triple ambition. « L’objectif reste que l’Arctique et l’Atlantique Nord soient une zone de basse tension. Nous devons bien sûr protéger le Danemark et remplir notre obligation d’assumer la responsabilité conjointe de la sécurité dans la Baltique. Dans le même temps, le Danemark doit continuer à soutenir l’Ukraine de manière significative (…) Et nous devons continuer à être actifs et à pouvoir envoyer des contributions au reste du monde. Notre engagement envers l’UE joue un rôle important à cet égard », a souligné le ministre.

Lundi dernier, la Première ministre danoise Mette Frederiksen, dont le nom circule pour devenir la nouvelle secrétaire générale de l’OTAN, avait déjà annoncé une nouvelle allocation massive pour l’Ukraine, avec une enveloppe supplémentaire de 2,4 milliards d’euros en 2023 et 2024.

L’état danois finance ces efforts entre autres par la suppression d’un jour férié, déjà entérinée malgré un inhabituel mouvement de contestation. Les Danois doivent renoncer au Store Bededag (grand jour de la prière), célébré le quatrième vendredi après Pâques, dès l’année prochaine. En contrepartie, ils bénéficieront d’un salaire légèrement plus élevé.

Une réponse pas si simple

La Belgique, dont le budget de défense n’atteint pas non plus les 2% demandés par l’OTAN (en 2021, il s’élevait à 1,6% du PIB) aurait-elle intérêt à supprimer un jour férié? Pas nécessairement pour multiplier son budget défense comme le Danemark, mais pour financer les pensions, les soins de santé ou encore l’enseignement. « La réponse n’est pas si simple », souligne l’économiste Philippe Ledent (ING).

« Ce n’est pas parce que vous avez un jour travaillé en plus qu’automatiquement ce jour va rapporter l’activité économique d’un jour ouvrable. Une partie de l’activité économique qui a lieu les jours ouvrables a lieu parce que le jour est ouvrable. C’est-à-dire que si vous augmentez l’activité économique les jours ouvrables, une partie de l’activité économique va être la même, elle va juste être répartie sur un nombre plus grand de jours », explique-t-il.

L’économiste donne l’exemple d’une personne qui irait s’acheter des vêtements. « Ce n’est pas parce qu’il y a un jour ouvrable supplémentaire qu’elle achètera plus de vêtements, elle aura juste plus de possibilités pour faire ses achats. Il ne faut pas oublier qu’il y a une partie de nos activités que nous faisons bien entendu les jours ouvrables, mais cela ne veut pas dire que s’il y avait plus de jours ouvrables, nous en ferions plus », souligne-t-il.

En outre, les secteurs liés au tourisme et aux activités pratiquées durant les congés seraient perdants. Les musées, par exemple, recevront moins de visiteurs, vu que les travailleurs auront un jour de congé en moins.

Pour d’autres secteurs, la suppression d’un jour férié pourrait être une bonne nouvelle. Ainsi, les secteurs en mal de main d’œuvre pourraient ressentir un impact positif. « Comme ces secteurs-là ont trop peu de personnel pour honorer leurs commandes, un jour ouvrable supplémentaire permettrait d’avoir 1/250e de plus de force de travail. Pour une entreprise de 250 personnes, c’est l’équivalent d’engager un travailleur de plus toute l’année », déclare Philippe Ledent.

« La suppression d’un jour férié peut avoir un petit impact positif, mais ne représente pas la solution miracle aux maux de l’économie belge », conclut-il.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire