En Belgique, le coût d’une assurance pour une voiture électrique est, en moyenne, de 148 euros supérieur à celui d’une voiture essence de même gamme. Le nombre de kilomètres parcourus fait fortement varier les primes. Mais d’autres facteurs pèsent en défaveur de l’électrique.
Le propriétaire d’une voiture électrique est doublement pénalisé pour son assurance. Du moins pour celui qui roule beaucoup. D’abord pour le prix de base, en grande majorité plus élevé qu’un produit similaire destiné à une voiture thermique de même gamme. Mais aussi parce qu’assurer un véhicule électrique devient plus cher selon le nombre de kilomètres parcourus. Ce sont les récentes constatations de la plateforme Peasy, qui a comparé les conditions appliquées par les cinq plus grands assureurs du pays.
Un modèle de risque différent
«Les assureurs utilisent probablement d’autres modèles de risque pour les véhicules électriques que pour les thermiques. Les composants et les entretiens diffèrent également, explique Geert Desager, managing director chez Peasy. Etant donné que les véhicules électriques sont relativement neufs sur le marché, la cartographie des dégâts avec l’électrique n’est pas encore précise. Surtout lorsque la conduite est intensive.» Cette phase d’observation, donc, justifierait en partie la différence de prix. Au détriment de l’acheteur.
«Le coût des pièces de rechange pour l’omnium et la puissance du véhicule augmentent le prix de l’assurance d’une voiture électrique.»
Mais ce n’est pas l’unique explication. Bernard Dubuisson, professeur en droit des assurances à l’UCLouvain, épingle deux autres raisons qui défavorisent l’électrique: «Le coût des pièces de rechange pour l’assurance omnium et la puissance du véhicule. Il faut savoir, ajoute-t-il, que les assureurs sont désormais tenus de publier sur leur site les critères de tarification qu’ils utilisent et de les justifier, même sommairement.»
Les caractéristiques de l’électrique pèsent lourd
A gamme équivalente, les voitures électriques sont plus puissantes que les thermiques. Cet élément se répercute donc directement dans la prime d’assurance. Les composants (notamment la batterie) sont également plus onéreux pour les voitures électriques. Ce qui, en cas de dégâts, coûtera plus cher à remplacer.
Un autre élément de taille vient s’ajouter: le poids du véhicule électrique, largement supérieur à un modèle thermique équivalent. En cas de collision, une voiture plus lourde engendre indéniablement plus de dégâts. Ainsi, le risque de dommages graves en cas d’accident avec un véhicule électrique est plus élevé, tant pour les occupants que pour le véhicule lui-même.
Un point de bascule à 15.000 kilomètres
Cependant, selon Peasy, les prix des assurances pour véhicule électrique varient encore fortement. Et assez étonnamment, le constat s’inverse pour le conducteur d’électrique qui roule très peu. «Les conducteurs qui parcourent au maximum 10.000 kilomètres par an économisent en moyenne 28 euros sur l’assurance d’une voiture électrique par rapport à une voiture à essence. Pour de nombreux assureurs, cette différence peut même atteindre 250 euros par an.»
Le point de bascule se situerait aux alentours des 15.000 kilomètres annuels. Au-delà, les avantages se transforment en des pénalités plus ou moins importantes. «Les conducteurs qui parcourent 15.000 kilomètres par an paient en moyenne 24 euros de plus pour l’assurance d’une voiture électrique que pour un modèle essence comparable, estime Peasy. Pour les conducteurs qui parcourent plus de 20.000 kilomètres par an, la différence atteint en moyenne 206 euros.»
«Certains assureurs pénalisent beaucoup moins la voiture électrique que d’autres. D’où l’importance de toujours comparer les produits.»
La moyenne globale s’élève à 148 euros du surplus pour l’électrique face à l’essence. Pourquoi, d’ailleurs, le facteur du kilométrage est-il davantage pris en compte pour l’assurance d’un véhicule électrique? L’explication est simple: pour le leasing ou le renting, options très utilisées pour l’électrique, le nombre de kilomètres maximal est stipulé dans le contrat.
Vers un rééquilibrage?
A l’avenir, «les assureurs vont aussi probablement adapter leur modèle de risque. Certains en prendront peut-être plus afin de se rendre plus attractifs aux yeux des acheteurs», prédit Geert Desager, pour qui ces variations de prix «pourraient s’atténuer au fur et à mesure du temps.»
Il demeure important de comparer régulièrement les produits d’assurance sur le marché. «Cette comparaison peut mettre en lumière des grandes différences de prix, encore ignorées par beaucoup de gens. Certains assureurs pénalisent beaucoup moins la voiture électrique que d’autres.»