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Les produits oubliés (6/6) | L’hydromel, boisson des dieux

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Jadis, ce sont les Grecs, les Vikings et les Celtes qui le dégustaient. Mais l’hydromel plaît aussi aux humains du XXIe siècle. D’autant que le retour en grâce des produits sains et de l’apiculture favorise son retour.

Les séries télé ont parfois d’imprévisibles effets: il a suffi que les héros de Game of Thrones boivent de l’hydromel à l’écran pour que les ventes augmentent de 50% aux Etats-Unis, entre 2013 et 2014. Ce n’est pas la première fois que la consommation de cette boisson, élaborée à base de miel et d’eau, joue au yo-yo. Connue dès le néolithique, soit des milliers d’années avant le vin, elle est sans doute apparue en Afrique, en même temps que naissait l’apiculture. Aujourd’hui encore, on en boit en Ethiopie où l’hydromel est produit de façon artisanale.

L’ hydromel est donc l’une des toutes premières boissons alcoolisées consommées par les humains. Sa fabrication est, il est vrai, très accessible, vu la simplicité de la fermentation naturelle du miel mouillé d’eau. Les Egyptiens s’en sont emparés, le considérant comme la boisson des divinités. Puis les Chinois, les Grecs, les Romains, les Gaulois, les Celtes, les Vikings, les uns ou les autres y ajoutant qui des épices, qui des herbes. Des vertus lui sont attribuées: aphrodisiaque, force, longévité… Bref, une boisson divine. Durant tout le Moyen Age, on en boit goulûment dans les pays baltes.

Quelque 24 grammes de miel produisent 1° d’alcool par litre d’eau ajouté

La généralisation du vin et de la bière, peu coûteux à produire, a toutefois tôt fait de grignoter des parts de marché à l’hydromel à partir du XIVe siècle. La betterave sucrière et la canne à sucre remplacent aussi peu à peu le miel comme sources de sucre. A la fin du XIXe siècle, lorsque les vignes sont victimes du phylloxéra, une sorte de pucerons, l’hydromel reprend un peu vigueur, avant de retomber quasiment dans l’oubli. Jusqu’à aujourd’hui. «Parce qu’il est relativement facile à produire chez soi en petite quantité, qu’il n’est pas cher et que l’intérêt pour le miel bio et l’apiculture connaît un vrai regain, souligne l’hydromélier apiculteur Xavier Rennotte. Enfin, la population est demandeuse de boissons naturelles et saines.»

En outre, la production d’hydromel n’a aucun impact négatif sur l’environnement. En Belgique, où l’on trouve désormais plusieurs producteurs, on applique généralement la proportion de deux tiers d’eau pour un tiers de miel. Quelque 24 grammes de miel sont nécessaires pour produire 1° d’alcool par litre d’eau ajouté. La fermentation dure de quelques semaines à quelques mois, alimentée soit par des levures naturellement présentes dans le miel, soit par des levures externes. L’hydromel a le vent en poupe. Même le groupe brassicole AB Inbev s’y intéresse, c’est dire…

Faiseur d’enfants

On dit – mais on dit tant de choses – que dans certaines cultures (chez les Grecs, les Romains, les Anglais? ), les jeunes mariés étaient invités à boire de l’hydromel durant tout le mois suivant leurs noces. Un enfant naîtrait inévitablement neuf mois plus tard et en serait d’autant plus costaud. D’autres affirment qu’il s’agissait seulement de donner force et vigueur au futur père. Aujourd’hui, quantité encore de compléments alimentaires conçus avec du miel sont présentés comme dopant la fertilité.

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