Ursula von der Leyen et Donald Trump ont trouvé un accord sur les droits de douane. Du côté des pays européens, cet accord commercial est accueilli de façon plutôt mitigée.
L’Union européenne et les Etats-Unis ont conclu un accord commercial à l’issue d’une rencontre entre Donald Trump et Ursula von der Leyen en Ecosse. Selon le président américain, cet accord prévoit des droits de douane de 15% sur les exportations européennes. L’UE s’est engagée à 750 milliards de dollars d’achats d’énergie et à 600 milliards d’investissements supplémentaires aux Etats-Unis, selon le président américain. Ursula von der Leyen s’est réjouie d’un « bon accord qui apportera de la stabilité et de la prévisibilité » des deux côtés de l’Atlantique.
Stabilité temporaire et déséquilibre
« L’accord commercial négocié par la Commission européenne avec les États-Unis apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l’escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré », a écrit sur X le ministre français délégué chargé de l’Europe Benjamin Haddad.
Celui-ci s’est félicité que l’accord exempte « des secteurs clés pour l’économie française (aéronautique, spiritueux, médicaments) », exclut « toute concession pour (les) filières agricoles sensibles » et « préserve (la) réglementation européenne sur des sujets comme le numérique ou le sanitaire« . « Mais soyons lucides: l’état de fait n’est pas satisfaisant et ne peut pas être durable », a estimé le ministre, en observant que les États-Unis « font le choix de la coercition économique et du mépris complet des règles de l’OMC ».
« Nous devons en tirer vite les conséquences ou risquer l’effacement », a-t-il écrit, avertissant: « Si les Européens ne se réveillent pas, les difficultés des autres paraîtront toutes relatives face à notre décrochage. »
« Je ne veux pas qu’on s’arrête à ce qui s’est passé dimanche. Ce serait effectivement assumer que l’Europe n’est pas une puissance économique. Et surtout, il y a un enjeu politique derrière », a de son côté commenté le ministre français délégué au Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, interrogé sur France Inter. « Est-ce que la construction européenne, est-ce que l’Union européenne est une force? Si on veut que la réponse soit oui, alors la messe ne doit pas être dite« , a-t-il dit, jugeant l’accord « déséquilibré ».
Un accord de base à travailler
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a accueilli « positivement » l’accord sur les droits de douane de l’UE avec Washington, jugeant qu' »une escalade commerciale entre l’Europe et les États-Unis aurait eu des conséquences imprévisibles et potentiellement dévastatrices ».
« Il est évident que (…) nous devrons travailler davantage sur l’accord, car ce qui a été signé hier est un accord juridiquement non contraignant et général« , a déclaré Mme Meloni aux journalistes en marge d’une visite à Addis Abeba. « Je pense qu’il s’agit d’une base viable, après quoi il faudra évidemment entrer dans les détails », a estimé Mme Meloni.
« La présidente de la Commission a clairement indiqué que certains secteurs étaient particulièrement sensibles. Je pense par exemple aux produits pharmaceutiques, aux voitures (…). Il faut vérifier quelles sont les exemptions possibles, en particulier sur certains produits agricoles », a-t-elle ajouté.
Un soutien espagnol pas très enthousiaste
Le Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, a affirmé lundi qu’il « (soutenait) » l’accord commercial conclu par les Etats-Unis et l’Union européenne, mais « sans aucun enthousiasme« .
La seule réaction sectorielle enregistrée à ce stade en Espagne a été celle de la Fédération espagnole des Industries d’Alimentation et de Boissons (Fiab), qui a estimé que l’imposition de droits de douane de 15% aux produits européens exportés vers les Etats-Unis « met fin à l’équilibre du libre échange ». « Un accord est mieux qu’une guerre commerciale ouverte, mais nous ne nous résignons pas à ce que les exportations de nos produits vers les Etats-Unis soient pénalisées par des tarifs de 15% », poursuit la Fiab, qui dit représenter plus de 18.000 entreprises exportatrices.
Le secteur des industries alimentaires est l’un de ceux qui seront les plus touchés en Espagne par l’imposition de ce taux de 15%.