Les pompiers de Bruxelles à l'œuvre lors de l'incendie d'une salle d'évènements, l'intervention ayant été compliquée par la présence de panneaux solaires.

Comment les panneaux solaires compliquent la tâche des pompiers: «Il faut compter plusieurs heures pour que l’incendie soit éteint»

Le Vif

Lors du récent incendie d’une salle d’événements à Bruxelles, la présence de panneaux solaires a compliqué l’intervention des pompiers. Voici quelques recommandations pour leur faciliter la tâche à l’avenir.

L’extinction de l’incendie, le 27 août dernier, de la Maison du bois, une salle d’événements appartenant au groupe Choux de Bruxelles à Etterbeek, a été compliquée par la vaste superficie de panneaux solaires installés sur le toit. «L’incendie s’est développé sous la toiture, elle-même recouverte de panneaux solaires, l’eau projetée ne pouvait donc pas atteindre les flammes», se souvient le porte-parole des pompiers bruxellois, Walter Derieuw.

En juin 2025, pour la première fois dans l’histoire de la Belgique, l’énergie solaire est devenue la principale source d’électricité, devant le nucléaire et l’éolien. S’il est difficile d’évaluer le nombre de panneaux installés dans le pays, la capacité de production est passée de dix GW à 11,4 GW en un an. Une bonne nouvelle, mais qui implique donc des enjeux de sécurité. «Ceci dit, la présence de panneaux solaires est souvent plus problématique sur les entrepôts ou industries que sur les maisons, où l’installation est souvent plus simple et plus légère», précise Walter Derieuw.

Batteries électriques, panneaux solaires: les nouveaux défis des pompiers

La transition espérée d’un monde thermique vers un monde électrique pose déjà de nombreux défis aux pompiers. La voiture électrique l’a démontré: une fois incendiées, ces bijoux de technologie deviennent impossibles à éteindre à cause d’une réaction chimique entre les composants de la batterie et l’air ambiant. La seule solution est d’immerger totalement le véhicule dans un container. Les pompiers ont dû investir dans du matériel l’été dernier pour parer à cette éventualité. Concernant les incendies dans des bâtiments concernés par des panneaux solaires, «on a du adapter nos procédures et investir dans du matériel, comme dans une foreuse qui fait plusieurs trous par lesquels on peut acheminer l’eau», explique Walter Derieuw.

Dans le cas de l’incendie à Etterbeek, le feu, rappelons-le, ne s’est pas déclaré directement sur les installations électriques. Celles-ci sont d’ailleurs ignifugées et soumises à un traitement incendie, relativise Stéphane Cornet, porte-parole de Luminus. Malgré cela, la présence de panneaux solaires reste un obstacle pour les pompiers. «D’abord, il a fallu couper l’onduleur afin de cesser l’approvisionnement en électricité. On a dû demander une grue de la protection civile pour dégager les panneaux et le toit une fois l’incendie maîtrisé. Tout cela complique un peu l’intervention, il faut compter plusieurs heures en plus pour que l’incendie soit totalement éteint.»

Un risque faible et des solutions déjà présentes

Le risque d’incendie causé par un panneau photovoltaïque est évalué à un sur 10.000, il survient généralement deux ans après la pose et trouve souvent son origine dans un défaut au niveau de l’installation, ou par des rongeurs présents dans le toit qui grignotent des câbles. Enfin, un espacement insuffisant entre les panneaux et la toiture peut créer une zone de chaleur, favorisant le départ d’incendie. Néanmoins, toutes ces conditions restent marginales, assure Benjamin Wilkin, directeur de l’association Energie Commune, qui accompagne les citoyens et les collectivités désirant aller vers le renouvelable. «Quand nous avons étudié la question en 2021, la Belgique avait un cadre sécuritaire plus poussé que la France au sujet de la sécurité autour des panneaux solaires. Et si c’est le raccordement qui est défaillant, c’est dû à une erreur humaine. Dire qu’un panneau solaire provoque un incendie, c’est un peu comme dire qu’une piscine est à l’origine du feu dans une maison parce que sa pompe à chaleur a mal fonctionné. (…) Toute nouveauté suscite son lot de fantasmes. L’utilisation de bougies, d’une machine à pain, ou même de cigarettes à l’intérieur est donc bien plus dangereuse.» Il en veut pour preuve les témoins les plus frileux du secteur, les assureurs, qui n’ont pas créé de surprime incendie si leur client pose des panneaux solaires.

Pour prévenir du risque d’incendie, EDF recommande un entretien rigoureux de son installation électrique, et une vérification de la présence de feuilles mortes ou d’attaques de nuisibles tous les six mois, une opération de maintenance du système peut être réalisée une fois par an. En cas d’incendie dans la maison, il est également recommandé de couper l’électricité afin de permettre l’accès aux toits des pompiers.

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