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Comptes d’épargne : pourquoi les grandes banques ne remontent pas leurs taux ?

Le Vif

Plusieurs petits établissements proposent désormais des taux qui dépassent les 0,11% imposés par la loi. Dans les grandes banques, par contre, toujours la même réponse : R.A.S.

On avait fini par s’en accommoder. Ces dernières années, les taux des comptes d’épargne réglementés stagnaient désespérément au ras des pâquerettes. A 0,11% précisément, le taux minimum légal. Sauf qu’aujourd’hui, le contexte a quelque peu changé. L’inflation a pointé son nez, s’est envolée et a poussé les banques centrales à augmenter leurs taux directeurs, mettant ainsi un terme à la longue période de taux très bas.

Sur le marché des crédits hypothécaires, l’effet ne s’est pas fait attendre. Aujourd’hui, on constate en jetant un œil sur le site du comparateur guide-epargne.be que les taux dépassent allègrement les 3%. Même chose pour les autres types de crédits. Du côté des comptes d’épargne par contre, les choses bougent juste un peu, et surtout lentement.    

Jusqu’à 1,2% de rémunération

Certaines petites banques ont déjà sauté le pas. Dernière en date: Keytrade Bank. Depuis le 1er décembre, les clients de l’établissement 100% digital bénéficient d’un taux de 0,7% ou même de 1% (selon le produit). Avant ça, l’établissement flamand CKV avait augmenté le taux de son livret d’épargne de 0,25 à 0,70%. Même taux chez NIBC. Ailleurs, on trouve encore du 0,65% chez MeDirect, 0,55% pour le compte Cocoon de bpost banque. Le meilleur taux est affiché par la filiale belge de la banque espagnole Santander : 1,2% (sous certaines conditions). Mais ces banques ne comptent que quelques milliers de clients et dans le lot, Keytrade est la seule à proposer une offre bancaire complète. Bref, on est donc loin d’une généralisation de taux plus attractifs.

Attentisme des quatre leaders du marché

Du côté des grandes banques, et notamment des quatre poids lourds du pays (BNP Paribas Fortis, ING, KBC et Belfius), ça ne bouge toujours pas d’un pouce. « Nous analysons la situation », confie-t-on chez Belfius. « Nous suivons tout ça de près, mais cela dépendra un peu des décisions de la BCE », affirme-t-on dans une autre. Patience, donc. D’après plusieurs observateurs du secteur, elles ne pourront pas tenir longtemps sans rien faire. Mais jusqu’à quand exactement ? C’est évidemment la grande question. « Elles ne subissent pas vraiment la pression des challengers car elles brassent énormément de clients. Elles ne sont donc pas pressées », analyse Brecht Coene, le porte-parole du guide épargne. Celui-ci reconnaît aussi qu’une remontée des taux, même petite, leur coûtera cher. « Elles possèdent la majorité des quelque 300 milliards d’euros qui se trouvent sur les comptes d’épargne des Belges. C’est donc un volume d’épargne très important. Si elles font évoluer les taux, ça va leur coûter très cher ». Notre interlocuteur l’assure, si l’une d’entre elles bouge, les autres devraient suivre. « C’est en général comme ça que ça se passe ». Autre certitude selon lui, moins réjouissante, si changements il y a, ils devraient être minimes.

Test-Achats au créneau

Et pourtant, les banques bénéficient aujourd’hui de taux plus avantageux auprès de la BCE. Le fameux taux de dépôt notamment (qui s’applique aux fonds excédentaires déposés par les banques) s’élève désormais à 1,5%. Ici et là, on commence donc à s’impatienter. Dans Le Soir, l’économiste Etienne de Callataÿ estimait fin novembre que cette position attentiste pourrait presque devenir suspecte à terme. « Si les quatre leaders ne réagissent pas, les suspicions de cartellisation, d’entente pourraient augmenter. Ce qui n’est pas souhaitable », confiait-il à nos confrères. Chez Test-Achats, on considère qu’une remontée des taux d’intérêt est « indispensable » pour limiter les dégâts de l’inflation. L’association a d’ailleurs interpellé le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V), afin qu’il fixe un taux minimum plus élevé, adapté aux conditions actuelles du marché. Sans succès pour l’instant. Ce dernier estime qu’il ne peut pas s’immiscer dans les choix des établissements bancaires.

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