L’interview de Zelensky à Sean Penn le premier jour du conflit en Ukraine: pas le moment le moins étonnant d’un film qui en compte d’autres. © 2022 The People’s Servant, LLC.

Documentaire: Superpower, la leçon d’Ukraine pour les nuls de Sean Penn

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Entre film de propagande assumé et démonstration de narcissisme, Superpower, le documentaire de Sean Penn et Aaron Kaufman, entend aider un public peu averti à mieux comprendre les tenants et aboutissants de la guerre en Ukraine.

Créée en 1951 par les Alliés occidentaux qui voulaient établir une «vitrine du monde libre», la Berlinale s’est imposée depuis comme le plus politique des grands festivals de cinéma, l’ADN en prise sur l’actualité brûlante. La manifestation ne pouvait bien sûr rester indifférente à la situation en Ukraine. Après l’intervention en duplex du président Zelensky lors de la cérémonie d’ouverture, la capitale allemande a eu droit à la première mondiale de Superpower, le documentaire que consacrent Sean Penn et Aaron Kaufman à la question.

Souhaitant tourner un film sur Volodymyr Zelensky, l’acteur américain et son équipe se trouvaient à Kiev pour son interview le 24 février 2022, au moment même où débuta l’invasion russe. Des circonstances qui, on s’en doute, changeront la nature du projet. Penn, en effet, n’est pas du genre à renoncer. Pas plus que Zelensky ne l’est à se dédire, qui lui accorde une interview éclair en ce premier jour de guerre ; pas le moment le moins étonnant d’un film qui en compte d’autres.

Propogande et vérité

Empruntant son titre à une scène de la série Servant of the People où, encore acteur, Zelensky interprétait… le président de l’Ukraine, Superpower n’a cependant qu’un intérêt relatif – «Le film n’a jamais prétendu être l’ouvrage définitif sur l’histoire de l’Ukraine, ni sur la guerre ou la Russie», prévient Aaron Kaufman. On n’en demandait pas tant, mais plus quand même que ce qui s’apparente par endroits à un «guide de l’Ukraine pour les nuls» (dixit Penn en conférence de presse). Un document où, tout à son narcissisme – il est omniprésent à l’écran, qu’il soit sur le terrain, où il s’est rendu à de multiples reprises, où à Los Angeles, d’où il tente de mettre les choses en perspective – , Sean Penn semble surtout enfoncer des portes ouvertes. La propagande n’est pas bien loin, ce que l’acteur-réalisateur assume totalement: «Le terme propagande peut être utilisé comme dénigrement, ou comme participant de montrer la vérité de l’Ukraine et de son unité indéfectible pour atteindre toutes ces choses sans lesquelles la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Dans ce cas, être considéré comme un propagandiste me rend très heureux. Et si le film l’est sans vergogne, c’est parce qu’il s’agit de la vérité que nous avons trouvée.»

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