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Quels livres lire en ce moment? Nos journalistes vous partagent leurs coups de coeur. © Getty

Rentrée littéraire: les 30 livres à découvrir de toute urgence

Laurent Raphaël Rédacteur en chef Focus

Difficile de faire un choix parmi les 484 romans (contre 459 en 2024) de cette rentrée. Pour éviter la noyade ou les mauvaises surprises, la rédaction a sélectionné des têtes d’affiche mais aussi d’illustres inconnus qui valent le détour. Un très bon cru.

Une sélections livres de Fabrice Delmeire, Aurore Engelen, Laurent Raphaël, Marcel Ramirez, Olivier Van Vaerenbergh

Antoine Wauters

Gallimard, 176 p.

Oubliez le nouveau Amélie Nothomb! Parmi tous les livres de cette rentrée littéraire 2025, l’événement belge, c’est l’arrivée chez Gallimard de l’auteur wallon Antoine Wauters, qui devrait ainsi bénéficier d’une surface médiatique d’envergure pour sa prose aux frontières de la poésie, toujours aussi ciselée dans une économie de moyens narratifs qui trouve dans la concision une certaine forme de lyrisme profondément ancré dans le territoire. Haute-Folie est un toponyme, un lieu géographique autant que psychologique, titre programmatique sur les silences qui dévastent les familles.

Percival Everett

Editions de l’Olivier, 288 p.

L’histoire de l’esclavage a été largement écrite par les Blancs. Mais il n’est pas trop tard pour en proposer une autre version, celle des opprimés. Démonstration brillante avec ce récit d’aventure raconté à travers les yeux, le corps –cette marchandise brutalisée– et l’esprit aiguisé de Jim, le personnage noir du roman Huckleberry Finn de Mark Twain. Contraint de fuir sa ville et sa famille, le fugitif erre le long du Mississipi, flanqué du jeune Huck, décapant au passage la bêtise, la cruauté et même le vernis de bonne conscience des abolitionnistes. Une satire incisive, édifiante, qui met à nu l’entreprise abjecte du racisme. Bref, un classique instantané.

Séphora Pondi

Grasset, 224 p.

Chaque rentrée littéraire apporte son lot de livres révélations, et parmi ceux de 2025, on comptera certainement Séphora Pondi, actrice, scénariste et metteuse en scène pensionnaire de la Comédie-Française qui livre un premier roman tendu, sur fond de misogynoir et de classisme. Avale est une histoire de dévoration qui se déploie à travers les destins parallèles de deux grands traumatisés: Lame, jeune actrice noire dans le vent, pas dupe de la fragilité de l’instant, trahie par sa peau couverte d’eczéma, et Tom, étudiant paumé qui vrille un soir de finale de Coupe du monde.

Vera Buck

Gallmeister, traduit de l’allemand par par Brice Germain, 464 p.

Ses Enfants loups avaient ravi critiques et lecteurs, nombreux, l’année dernière. Vera Buck remet le couvert et transforme l’essai avec La Cabane dans les arbres, qui coche toutes les cases du thriller scandinave contemporain, même s’il est allemand: des vacances idylliques au fin fond d’une forêt suédoise, un cadavre qui ressurgit, un enfant qui disparaît, des secrets qui ne le sont plus… Et puis, cette cabane, dans le vieux frêne, qui semble aussi sinistre que hantée… L’autrice confirme ici tout le bien qu’il y a à penser du néo-noir allemand, version mainstream.

Ramsès Kefi

Philippe Rey, 208 p.

Suite au départ inexpliqué de la Mama –«Ça se fait pas, on joue pas avec ça!»– Salmane et son père se retrouvent sans boussole au cœur de la Caverne, cité où les grands projets sont allés «se faire foutre». Dans un premier roman attachant, Ramsès Kefi slalome entre les tours de banlieue et évite les écueils des clichés. Entre tchatche et embrouilles, le temps d’un retour au bled, cette quête des origines révèle une signature au parler vrai. «Fais une douche et un shampoing. On va chez les gens.»

Fatima Daas

Editions de l’Olivier, 192 p.

Après le portrait volcanique d’une jeune banlieusarde jonglant entre ses identités –musulmane pratiquante, lesbienne…– dans La Petite Dernière, Fatima Daas se glisse dans la peau de Kayden, lycéenne tiraillée entre sa vie dans le quartier –entourée de sa mère, sa sœur et ses amis– et l’aspiration à un destin plus haut que laisse entrevoir sa prof de français, qui la verrait bien entrer à Sciences Po. Mais «jouer le jeu» n’est pas sans risque. Surtout quand une attirance pour Mme Fontaine vient ajouter au trouble. Un récit d’apprentissage énervé et à fleur de peau sur la difficulté de se réinventer quand on n’a pas toutes les cartes en main.

Nina Allan

Tristram, traduit de l’anglais par Bernard Sigaud, 320 p.

Hantée par le meurtre de sa meilleure amie, une photographe revient, 20 ans après les faits, sur l’île écossaise de Bute où elle a grandit. Avec la nouvelle occupante de la maison du crime, elle va réétudier l’affaire… Pour sa première incursion dans le roman noir, on se doutait que Nina Allan, elle-même résidente de l’île, ne se contenterait pas d’une simple histoire de cold case. Avec son talent de conteuse décidément imparable, l’autrice de Conquest invoque passé, mémoire, insularité… pour concocter un livre addictif, mâtiné de troublantes influences folkloriques.

Maria Pourchet

Stock, 336 p.

Après l’amour, qu’elle a scruté sous bien des formes, souvent il y a la rupture. C’est elle que Maria Pourchet décortique dans Tressaillir, une rupture qui, loin d’être un geste sec, s’éprouve au fil du temps. Michelle part, elle quitte Sirius, ou plutôt s’en arrache, y laissant quelques lambeaux d’elle-même. La séparation va réveiller la peur viscérale qui l’étreint depuis sa plus tendre enfance, une peur qui est comme un mécanisme de survie, et qu’elle explorera en rentrant chez elle, dans la forêt, ce départ se doublant alors d’un retour.

Laurent Mauvignier

Editions de Minuit, 752 p.

Dans une magnifique langue proustienne qui rend palpable la fuite du temps, Laurent Mauvignier escalade son arbre généalogique. De la branche la moins haute aux aïeux lointains, l’auteur ressuscite les morts, certains fameux, certains encombrants, qui dorment dans les commodes de la grande maison vide mais pleine de secrets, d’images et de souvenirs. Avec pudeur, au gré des réminiscences, il questionne la mémoire, le poids de l’hérédité, s’approchant au plus près de ces ombres sans en percer tous les mystères car, comme le confia un jour sa grand-mère, «les gens, tu sais, même les plus proches… les proches aussi… tous les gens sont des étrangers».

Adam Rapp

Seuil. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sabine Porte. 512 p.

On avait décerné l’an dernier le titre ronflant mais recherché de «Grand roman américain» à Toutes les nuances de la nuit de l’anglais Chris Whitaker: on est en passe de repasser la breloque au régional de l’étape, l’écrivain et dramaturge Adam Rapp, avec sa vertigineuse Table des Loups: le destin plein de violence et de maladie mentale d’une famille nombreuse sur 60 ans et moult générations, que tout sépare, et pourtant… Un page-turner autant qu’une plongée dans ce fameux «cœur noir de l’Amérique» que leurs écrivains s’arrachent.

Clément Camar-Mercier

Actes Sud, 416 p.

Un codeur mégalomane se pique de démonologie pour engendrer l’IA ultime qui survivra à l’Homo sapiens, espèce en phase finale d’abrutissement. Singeant un monde qui n’en finit plus de bugger, Clément Camar-Mercier signe un roman d’anticipation terminal sur les enjeux de l’intelligence artificielle. Corrosif, brillant, parfois insoutenable, ce brûlot à la première personne du singulier mondialisée claque tel l’American Psycho du chaos numérique. «Pour la fin du monde, le plus tôt serait le mieux.»

François Gagey

Albin Michel, 352 p.

La centrale de Flamanville, dans le Cotentin, n’est plus à la pointe de la technologie nucléaire. Dans ce premier et brillant roman de François Gagey, elle a explosé en octobre 2023, libérant massivement gaz et radiations. Paul, de la banque d’affaires Chassegrain Mireel, et deux de ses amis, dont le narrateur, se promènent ce jour-là sur la plage, à quatre kilomètres du lieu. Démarre alors, très vite, une marche pour leur survie, qui se mêle d’un portrait satirique de nos élites: qu’est le pouvoir face à l’effondrement, et aux chairs qui fondent?

Jakuta Alikavazovic

Gallimard, 256 p.

Comme un ciel en nous était consacré à son père. Le nouveau livre de Jakuta Alikavazovic, Au grand jamais, serait plutôt, lui, une tentative d’enquête sur sa mère. Lorsque débute le roman, elle vient de mourir. Cette poétesse venue d’ex-Yougoslavie aurait cessé d’écrire en arrivant à Paris. De son écriture singulière, «la narratrice» sème le trouble: fiction? Autofiction? Avant tout un texte libre et étourdissant sur les liens familiaux, oui, mais aussi sur les rapports de classe, les pouvoirs de la littérature, l’histoire et les histoires –celles qu’on se raconte, celles qu’on tait.

Paul Gasnier

Gallimard, 176 p.

La Collision commence dans un meeting d’Eric Zemmour. C’est là que Paul Gasnier, journaliste, prend le pouls de la société, et ce n’est sûrement pas un hasard. Il y a dix ans, sa mère meurt, renversée par un jeune qui faisait du rodéo urbain à moto dans une rue de la Croix-Rousse, quartier lyonnais en voie de gentrification. Passé le déni, Paul Gasnier prend le temps du récit pour dépasser le statut de «proche de la victime», et tenter de comprendre la généalogie de la violence, montrer comment l’histoire de sa mère mais aussi de son meurtrier nous raconte.

Dario Ferrari

Editions du sous-sol, traduit de l’italien par Vincent Raynaud, 148 p.

Marcello est un étudiant trentenaire un rien dilettante de Viareggio, en Toscane. Afin d’échapper à un avenir tout tracé (reprendre le café de son père), il obtient une bourse de doctorat. On lui propose de la consacrer à Tito Sella, terroriste des «années de plomb» mort en prison. Marcello va s’identifier à lui et développer une véritable obsession pour La Fantasima, son hypothétique autobiographie perdue. Le deuxième roman de Dario Ferrari (le premier traduit en français) est une double immersion drôle et captivante, à la fois dans le farouche petit monde universitaire et dans les méandres des furieuses «années de plomb».

Jonathan Coe

Gallimard, traduit de l’anglais par Marguerite Capelle, 480 p.

Que les fans des livres de Jonathan Coe se réjouissent: son regard sur son pays adoré est toujours aussi acéré que délicieusement ironique. Une fois encore, la valse de ses personnages maladroits, empêtrés dans des imbroglios personnels met en musique les grands courants qui traversent la société britannique. Au programme de ce rendez-vous régulier donné par le romancier avec la Grande-Bretagne, la résurgence d’une droite extrême validée par l’establishment, un manuscrit retrouvé, des universitaires sur le retour, des digital natives nostalgiques, et même, un meurtre.

Dizz Tate

Editions de l’Olivier, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Madeleine Nasalik, 272 p.

L’adolescence n’en finit pas de s’inviter dans les livres. Nouvelle venue sur la scène romanesque, Dizz Tate en saisit parfaitement les mystères et l’ambivalence. Depuis leurs fenêtres, une bande de gamines, mi-pestes, mi-pétroleuses, observent le manège amoureux du trio magnétique du bahut. Lorsque Sammy, fille d’un télévangéliste célèbre, disparaît, c’est l’émoi, la porte ouverte à tous les scénarios, y compris fantastiques, et le début brutal pour Leila, Britney et consœurs de la fin de l’innocence. Du Virgin Suicides sous le soleil écrasant de Floride.

Emmanuel Carrère

P.O.L., 560 p.

Difficile en cette fin d’été de passer à côté d’Emmanuel Carrère, qui multiplie les unes de journaux et fait l’objet de toutes les attentions pour son nouveau roman, Kolkhoze. Il faut dire qu’après avoir raconté avec acuité tout aussi bien sa vie que celles d’autres, il se penche sur un personnage ô combien charismatique, sa propre mère, Hélène Carrère d’Encausse, née Zourabichvili, actrice par sa destinée d’un siècle d’histoire russe et française, nous entraînant de la révolution bolchévique à la guerre en Ukraine.

Fabrice Pliskin

Le Cherche Midi, 496 p.

Après avoir tué accidentellement un des braqueurs de sa bijouterie, un daron au physique de mannequin senior découvre la sociologie en prison. Libre, du Bourdieu plein la tête, il se radicalise et prend sous son aile le jeune Chamsedine pour l’affranchir du joug des dominants… Ils deviendront les criminels les plus recherchés de France. Entre l’Extension du domaine de la lutte de Houellebecq et Fight Club, cette épopée hallucinée jette un pétard mammouth dans le slip du journaliste français Pascal Praud et ses désirs d’une France miniature.

Laurent Gaudé

Actes Sud, 288 p.

Zem Sparak est de retour, et il n’est pas content. Ce flic grec, devenu «Chien», matricule 51, dans une Athènes et un pays en faillite rachetés et exploités par le consortium international GoldTex (Chien 51, Actes Sud) assure désormais la sécurité rapprochée de Barsok, un homme peut-être providentiel s’il n’y avait la découverte d’un conteneur avec cinq cadavres torturés à l’intérieur. Laurent Gaudé, tout-terrain et ancien prix Goncourt (Le Soleil des Scorta), frappe fort et juste avec cette dystopie entre Blade Runner et 1984.

Joyce Maynard

Philippe Rey, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Florence Lévy-Paoloni, 624 p.

Quatre ans après le déjà bouleversant Là où vivaient les gens heureux, Joyce Maynard retrouve Eleanor et sa famille, dont l’évolution offre un portrait incarné des transformations de la société américaine au début du XXIe siècle. Malgré l’envergure du récit (plus de 600 pages), l’autrice met son talent de conteuse hors pair, et sûrement un peu sa propre vision du monde, au service d’Eleanor dont le regard, affûté par les épreuves et la vie qui passe, sur la difficulté et la beauté d’être mère aujourd’hui fourmille de fulgurances et de traits de lumière.

Thibault Daelman

Le Tripode, 288 p.

«Enfant, les journées sont des époques.» Au sein d’une cellule familiale cernée entre un père alcoolique et une mère despote à l’insulte facile, une fratrie de cinq enfants se débat avec l’énergie du désespoir. Pour combattre l’exclusion de la pauvreté, le narrateur se saoule de mots et découvre une échappatoire dans l’écriture. Dans un premier roman «sonore», Thibault Daelman fait résonner le tumulte lorsque le chaos tient lieu de milieu. «On habite sa honte quand le bas de rayon devient trop cher.»

Joseph Incardona

Finitude, 224 p.

Depuis qu’elle n’a plus de jambes, Nathalie a choisit de se faire appeler Eve, «parce que dans rêve, il y a Eve». Et Eve, depuis, est devenue une sirène, qui parcourt le monde d’aquariums en océans avec sa queue en silicone, pour, peut-être, rééquilibrer les comptes et assouvir sa vengeance. Que la tristesse est puissante dans les mots de Joseph Incardona et dans le sillage de sa sirène fracassée, revisite tragique d’un mythe à la narration brillante, chez un éditeur qui n’aura jamais si bien porté son nom. «Ce n’était pas mieux avant. C’est pire maintenant.» Mais ça fait partie des livres à lire d’urgence.

Kapka Kassabova

Marchialy, traduit de l’anglais par Morgane Saysana, 544 p.

«Un matin, je découvris un seau de viande crue dans la douche.» Tel sera le quotidien –surprenant et très, très éloigné du nôtre, pauvres citadins sédentaires– de l’autrice Kapka Kassabova, d’origine bulgare mais écrivant en anglais, tout au long de son séjour sur les hauts plateaux des montagnes de son pays, en compagnie d’une population dévouée aux chiens, chevaux, moutons qui assurent leur survie. Une vie pastorale et de transhumance qui lui permet aussi de «regarder le monde en train de brûler», et de s’interroger sur notre rapport au vivant –il y a du boulot, et donc beaucoup de pages.

Jonas Hassen Khemiri

Traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy, Actes Sud, 688 p.

En sept cahiers échelonnés entre 2000 et 2035 (plus des incursions dans les années 1990), Jonas Hassen Khemiri (prix Médicis étranger pour La Clause paternelle) délivre une fresque lyrique sur les affres de l’écriture et de la dépression. Un tourbillon romanesque généreux, déraisonnable, magnétique, riche en coups de force littéraires pour mieux baisser la garde sur l’intime. Vous voudrez absolument percer le mystère de la malédiction qui frappe les sœurs Mikkola. Et, qui sait, faire la paix avec vos démons.

Camille Bordas

Denoël, 448 p.

Dans un ample mouvement choral, le temps d’une journée, Camille Bordas prend pour cadre un master de stand-up à l’université de Chicago. On y assiste au feu nourri des échanges entre le corps professoral constitué d’humoristes confirmés et leurs étudiants «prêts à tuer pour une vanne». Comme si les premiers Bret Easton Ellis étaient revus par Louis C.K. sur la scène d’un comedy club. Le stand-up a-t-il détrôné la forme romanesque pour se consoler du monde? Un buvard aussi acide que son époque.

Arthur Nersesian

La Croisée, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Charles Bonnot, 320 p.

Orloff (Or, pour les intimes) vient de rompre avec sa petite amie. Il dort dans son van, court les galeries et fait le bouquiniste. Pas facile, la vie d’artiste peintre dans l’East Village! Quand soudain, il rencontre la piquante Rita… Après les savoureux Fuck Up et Dogrun, Hell Gate Story embarque le lecteur dans une nouvelle virée fauchée, mais réjouissante, dans le New York répressif de Rudy Giuliani, cette fois. Qu’importe, tant qu’on retrouve la prose d’Arthur Nersesian, au moins vice-président (non officiel) du «club du cool littéraire», on consent à mille pour cent.

Hélène Frappat

Actes Sud, 160 p.

Nerona est une dictatrice insistant pour se faire appeler «Monsieur le prince»… Elle s’est imposée à Hélène Frappat lors d’un séjour en Italie, juste avant l’arrivée de Giorgia Meloni au poste de Premier ministre. Fondatrice du F.E.U. (Force Energie Union), elle est ouvertement inspirée de cette dernière et… de Neron (Meloni aurait mis le feu à sa maison d’enfance; Neron, alors Empereur, à Rome). Climatoseptiscisme outrancier, jeux du cirque télévisés avec migrants dans l’arène… On assiste, aux premières loges, aux aberrantes décisions de la despote. Une farce absurde, aussi drôle qu’effrayante tant elle est réaliste.

Victor Jestin

Flammarion, 160 p.

C’est l’histoire tragique d’une addiction aux jeux. Monopoly, échecs, bowling, peu importe. Parce qu’elle avait l’habitude de s’impliquer un peu trop fort enfant, Maud s’était sevrée, cachant son vice sous un semblant de normalité. Il a suffi qu’un collègue lui prête un smartphone pour remplacer son Nokia 3310 tombé dans les toilettes pour qu’elle rechute brutalement. Candy Crush a réveillé le démon en elle. Pendant plusieurs jours, sur un rythme effréné, la jeune femme va errer à la recherche de sa prochaine «dose», s’interrogeant sur l’origine de son mal, tapi quelque part dans l’enfance. Une vision assez terrifiante de l’enfer du jeu… 

Natasha Brown

Grasset, traduit de l’anglais par Marguerite Capelle, 240 p.

Journaliste indépendante, Hannah envisage sérieusement de quitter une profession qui se meurt quand une éditorialiste célèbre pour ses positions antiwoke lui propose d’enquêter sur une rave qui a mal tourné dans une ferme du West Yorkshire. Un fait divers presque banal sauf qu’il illustre toutes les maladies du «capitalisme tardif». Qui croire? Qui instrumentalise qui? En épousant les points de vue de chacun, du banquier propriétaire absent aux militants décroissants, Natasha Brown orchestre un conte moral postmoderne à l’heure triomphale des fake news. Tout y passe: le pouvoir de l’argent, la soif de notoriété, l’IA… Irrésistiblement féroce.

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